JÉRÉMIE FERREIRA-MARTINS, l’écriture exutoire.

jérémie ferreira-martins exutoireFin de l’interview consacrée à Jérémie Ferreira-Martins.

Cette dernière salve de questions gravite autour du troisième roman chroniqué (mais premier écrit) de notre auteur du mois. Il est forcément question de rédemption, mais aussi du fait que l’écriture peut être un véritable exutoire. Une fois encore, l’analyse, ou plus exactement l’auto-analyse de Jérémie Ferreira-Martins nous montre que rien n’est véritablement dû au hasard. Mais trêve de bavardage, on vous laisse découvrir tout cela sans tarder.

Les questions.

Litzic : On va évoquer également ton roman Rédemption. Il commence par une dédicace à la mémoire de tes parents, et est principalement orienté vers cette fameuse mort. Ce roman a eu un effet cathartique sur toi. Comment t’es-tu senti une fois qu’il a été achevé ?
Jérémie Ferreira-Martins : Ça a été un soulagement. Je n’ai jamais eu un caractère à parler de ce genre de choses, ce qui m’a conduit à intérioriser, à accumuler du malheur en quelque sorte. En terminant ce livre, j’ai eu la sensation de m’en être libéré, il m’a aidé à me sentir mieux.

L : Tu y fais apparaître un spectre. Tu dis dans la partie deux de l’interview que tu ne crois pas aux fantômes mais, finalement, Chris ne représente-t-il pas ces fameux craquements de meubles que tu évoques ?

Jérémie Ferreira-Martins : Je ne crois pas vraiment aux fantômes, plutôt à des petits signes indiquant parfois la présence d’une personne disparue. Les manifestations comme ces craquements n’ont que la valeur qu’on leur donne. Je vois plutôt Chris comme une conscience, en rapport avec le titre du récit. Mais Freud aurait sûrement des choses à dire sur les symboles inconscients que j’ai pu attribuer à ce personnage.

L : Un peu comme pour Trajectoires croisées, je trouve que tu es dur avec Alban, qui devra, lui aussi d’une certaine manière, trouver la voie d’une rédemption (en tout cas je l’interprète ainsi). Tout d’abord, ai-je bon dans mon interprétation et si oui, crois-tu que les histoires croisées de Chris et Alban génèrent elles-mêmes leur propre culpabilité ?

Pour mon premier récit long, je voulais rester concis pour ne pas me disperser.

Jérémie Ferreira-Martins : Je suis d’accord, tous les deux sont des personnages qui aggravent une situation qu’ils sont censés arranger. Un peu comme un joueur de casino qui se ruine en cherchant à se refaire. C’est la dimension tragique, quand un personnage échoue à résoudre son conflit interne.

L : Certaines maladies ont pour terreau un terrain génétique, d’autres se déclenchent (peut-être, il n’y a aucune certitude) suite à un choc émotionnel. L’état d’Alban est plutôt un résultat du second. Nos parents, aînés, peuvent-ils nous protéger de cela d’après toi ?

Jérémie Ferreira-Martins : Alban subit ce qu’on vient d’aborder sur la tragédie, son mal n’a pas vraiment d’origine : c’est un coup du destin. Je ne pense pas que nos parents puissent jouer là-dessus. Cela signifierait que les parents dont les enfants tombent gravement malades ont échoué, et cette idée ne me plaît pas. Qui irait leur dire ça dans leur situation ?
Il existe des facteurs aggravants, comme l’alcool, des facteurs génétiques pour certaines maladies qui ressemblent à une malédiction. L’exorcisme n’est pas loin !

Le dessin aurait pu me changer les idées, mais la littérature est une meilleure porte de sortie de la réalité.

L : Ton roman est assez bref, très direct. L’as-tu écrit d’un seul coup parce qu’il devait sortir, ou au contraire as-tu mis du temps parce qu’il touchait, d’une certaine façon, à quelque chose d’intime chez toi ?

Jérémie Ferreira-Martins : Quand j’écris, je prends des quantités de notes avant d’arriver à un scénario prêt à être déroulé. Mais cela a été assez rapide, quatre mois environ. Pour mon premier récit long, je voulais rester concis pour ne pas me disperser. Quand je me suis lancé, j’ai ressenti une urgence à aller au bout, tout en y prenant beaucoup de plaisir. C’est le côté exutoire dont on a déjà parlé.

L : Tu dis dans la première partie de l’interview que « Le décès de mes parents m’a obligé à trouver un exutoire, c’est de là qu’est né le récit Rédemption il y a treize ans. Écrire ce livre a été une véritable thérapie. » Pour autant, aurais-tu écrit même sans ce bouleversement dans ta vie ?

Jérémie Ferreira-Martins : J’ai toujours eu le goût pour les récits, notamment fantastiques. Ce besoin d’en raconter m’a conduit à faire de petites BD et à rédiger une histoire de deux pages quand j’avais une dizaine d’années. Ce trésor s’est perdu dans les Limbes, mais il prouve que je serais revenu à l’écriture même sans cette épreuve.

Ce livre est une bibliothèque à lui tout seul.

L : Si tu n’avais pas écrit, te serais-tu tourné vers une autre discipline pour l’exorciser (sport, art etc) ?

Jérémie Ferreira-Martins : J’ai toujours fait du sport et j’adore ça, mais c’est plus une décharge qu’une thérapie longue. Le dessin aurait pu me changer les idées, mais la littérature est une meilleure porte de sortie de la réalité. Je précise qu’aller courir quelques kilomètres est le meilleur moyen de résoudre un problème de scénario !

L : Dans un registre plus léger, si tu ne devais en citer qu’un dans chaque catégorie : un livre ?

Jérémie Ferreira-Martins :
Pour une fois, on ne va pas faire dans l’imaginaire : Les Misérables de Victor Hugo. Ce livre est une bibliothèque à lui tout seul, avec ses centaines de personnages, son récit de la bataille de Waterloo, ses descriptions ciselées, sa portée sociale… Il y en aurait des dizaines d’autres à citer, mais ce livre est inégalable.

L : Un film ?
Jérémie Ferreira-Martins :Donnie Darko, un film dont le principal défaut est de parler de crash d’avion et de fin du monde alors qu’il est sorti en octobre 2001…
C’est un récit de voyage dans le temps qui suit un ado torturé. C’est un véritable bijou : un scénario complexe et dense, des acteurs extraordinaires, une ambiance unique, une BO 80s à tomber… Il m’a d’ailleurs inspiré le personnage de Chris.

L : Un disque ?
Jérémie Ferreira-Martins :Like Clockwork des Queens of the Stone Age. Josh Homme est un pur génie. Ce disque alterne les morceaux proches du metal, avec une rythmique lancinante, et les titres plus mélodiques, aériens et déstructurés. Sur scène, c’était dantesque.
Côté français, j’aurais pu citer Thiéfaine, Lofofora, Deportivo, Noir Désir, Eiffel… Un top 1, c’est trop dur !

L : Une œuvre d’art ou un artiste ?
Jérémie Ferreira-Martins :Vladimir Kush est un peintre surréaliste russe dont les toiles sont oniriques. Pas forcément mon préféré, mais ses œuvres cadrent bien avec le thème de l’imaginaire, dont on reparlera bientôt.

…que Netflix achète un de mes récits !

L : Tu travailles actuellement sur une saga fantastique dont tu nous as dévoilé le prologue (la partie deux de celui-ci sera dévoilée dans quelques jours). Peux-tu en dire un peu plus à nos lecteurs quant à celle-ci ?

Jérémie Ferreira-Martins : J’ai commencé avec une simple nouvelle. Puis je me suis amusé à étirer le concept de départ, des pierres magiques issues des douze signes du zodiaque formant autant de peuples différents. Cela a donné un monde inventé, dont la carte se cache sur cette page, où ces douze pays ont pour religion l’harmonie qui règne entre eux. L’histoire suit Bathilda, une jeune aspirante Balance qui doit effectuer un pèlerinage pour compléter sa formation et devenir prêtresse. Son parcours initiatique va l’emmener dans plusieurs pays, l’occasion de donner ma vision de notre monde. C’est de la low-fantasy, qui se concentre plus sur les intrigues politiques et religieuses que sur les monstres et la magie. Mais il y en aura quand même, avec un conflit qui va gagner en intensité au fil de l’intrigue ! J’envisage trois volumes, le premier devrait sortir l’année prochaine.

L : As-tu d’autres projets d’écriture en gestation ou te consacres-tu corps et âme à celui-ci ?

Jérémie Ferreira-Martins : Je m’éclate à développer ce monde depuis plus d’un an et, vu l’ampleur qu’il a prise, ce récit va m’occuper un bon moment ! J’ai quelques idées esquissées qui attendent leur heure dans un tiroir, mais ce n’est pas pour tout de suite.

L : Que peut-on te souhaiter de beau dans les jours, semaines, mois à venir ?

Jérémie Ferreira-Martins : Comme tout écrivain de nos jours, que Netflix achète un de mes récits !

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Partie 1 du prologue Le schisme des douze.

Chronique Rédemption , chronique d’Elven et chronique de Trajectoires croisées

Découvrir la première partie de l’interview et la deuxième partie.

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