CARTOGRAPHIE MESSYL, interview fractale !

cartographie messyl interview fractaleSuite et fin de l’interview + mot de la fin

Notre autrice nous offre encore beaucoup d’elle dans cette toute dernière partie d’interview. Nous aimons quand les auteurs et autrices délivrent une partie de leurs secrets de fabrication, de ce qui les anime. Nous sommes sûrs que vous aurez apprécié cette interview au long fleuve qui vous aura permis de mieux connaître Cécile. Cette interview fractale sera aussi son mot de la fin car dès lundi un nouvel auteur se présentera à vous. En attendant, régalez vous !

L’interview fractale.

Litzic : Tu vas bientôt sortir le recueil Fractale ou j’ai le ventre rond de toutes ces enfances. Tout d’abord, pourquoi ce titre ? Qu’as-tu voulu exprimer ?

Cartographie Messyl : Le titre est né avant le bouquin- l’année dernière en plein automne pour être précise. Je n’avais alors aucune idée de la future publication, et n’avais même pas trié mes textes en vue puisque pas de projection. Le titre Fractale est né de la bouche d’une femme psy spécialisée en neurosciences que j’apprécie beaucoup. Elle a tout simplement qualifié mon écriture de fractale.

Sur le coup, j’avais moyennement apprécié, je me disais que la répétition du même était quand même super pénible et fade – comme une impression de tourner en rond. Finalement, plus que le poisson rouge dans son bocal, c’est le motif récurrent abordé sous différents angles qui est au cœur de mon écriture. Je ne peux pas le nier.

Écrire version chou romanesco – au final, ça me plait.

Pour la suite Et j’ai le ventre rond de toutes ces enfances, c’est une phrase issue de La fille de, texte en plein milieu du recueil là où se joue la bascule. J’aime cette idée proche de l’oxymore. Comme chacun-e, les expériences de vie sont nombreuses, mais j’ai le vif ressenti d’en avoir vraiment vécu plusieurs car pluralité des milieux, des événements majeurs (qui tracent fort dans le chemin), plusieurs pays, diversité des métiers … La multiplicité encore et l’éternelle quête. Ecrire est un accouchement, je le dis même si c’est un poncif.

Nos vies sont mythologies

L : A titre personnel, penses-tu que l’être humain naît plusieurs fois ?

Cartographie Messyl : Sourire —

Tu connais (évidemment) la réponse. Dans Didascalie au long cours (ma participation au sein de l’anthologie éponyme des Editions Sans crispation), elle y est donnée.

Nos vies sont mythologies, tissage plus ou moins grossier et fil d’Ariane car généalogie transportée, subie ou réactivée. Pour être au sens plein, il faut bien dépecer la bête, retirer les peaux. Pour être plus tendre, oui il me semble qu’inévitablement mourir et donc renaitre -tomber le masque, s’alléger en sorte est nécessaire.

L : Cet ouvrage sera, je crois, le premier recueil en ton nom à être édité. Quel sentiment cela procure d’être édité « rien que pour soit » la première fois ?

Cartographie Messyl : Oui tu crois bien ::) et c’est grâce au super projet Litzic (un texte/un musicien) qui a permis notre rencontre et ton souhait d’en savoir plus sur mes créations que le projet d’éditer Fractale a trouvé sa voie.

Mon premier Solo Sola comme j’aime à dire. Le premier en tant que livre articulé sur la longueur et épicentre.

Déjà de la joie, ensuite de l’appréhension.

Quels sentiments ? Je mets volontiers au pluriel car ambivalence totale.

Déjà de la joie, une de celle qui est tranquille et pleine. Je n’ai pas le goût prononcé de la publication oversize, ni de la reconnaissance H24 mais comme c’est la rencontre qui a amené cette réalisation alors c’est vraiment génial – la façon dont tout s’est déroulé : je ne pouvais pas espérer mieux ni plus — (merci !)

Ensuite ? L’appréhension évidemment. Je vais faire l’expérience d’un lâcher de ballons, mettre à vue des entrailles et tout ce qui va avec. Le risque de –

Et puis l’agacement car je commence déjà à me colter les velléités de certain-e-s. Ça c’est le gras bien lourd qui me consterne. C’est fou de constater que dans tous les domaines, les rivalités et animosités existent. Je ne comprends pas. Mais vraiment pas. Pourquoi faire la gueule quand des voix se démultiplient, quand on est plusieurs à ouvrir la bouche, à écrire.

Revenons à plus humain, plus chaud — et à celles et ceux qui m’encouragent et accueillent avec délicatesse et souplesse ce livre. Merci bis !

Alors Oui je suis heureuse de l’éclosion de Fractale en décembre. Un p’tit sagittaire – hybride et dynamique, je crois bien.

J’aurai grand plaisir à partager.

La trame narrative repose sur une chronologie affective

L : Depuis combien de temps Fractale…dormait-il dans un tiroir ? On sent qu’il remonte loin dans le temps, qu’il remonte dans ton histoire. On sent qu’il fallait qu’il soit publié pour qu’enfin tu le laisses s’exprimer par lui-même.

Cartographie Messyl : Je ne peux pas te dire. Certains textes datent oui, d’autres étaient tout frais. Tu as raison de souligner le temps car la trame narrative (enfin l’articulation) repose sur une chronologie affective – un état d’être en évolution disons.

Sinon, tout texte – une fois écrit et offert – n’appartient plus à son auteur-e et comme tu le suggères, il s’exprime librement ensuite. C’est le lecteur/la lectrice qui le modèle et qui en fait son champ de bataille son chant choral son habitacle – tout ce qu’il-elle veut en fait.

L : Quels sont tes autres projets d’éditions ? Sera-ce le même type de poésie ?

Cartographie Messyl : Le printemps dernier alors que j’avais le nez enfoui dans la série de textes pour Fractale, j’ai décidé de nettoyer un peu mon ordinateur, mes feuilles volantes et tout le bazar. Finalement, m’y plonger une bonne fois et de là soupeser ce qui pouvait constituer d’autres entités à part entière.

J’avais déjà finalisé un texte qui me tient particulièrement à cœur D’eux seul le craquement de la neige que j’ai pu proposer en lecture scénique au printemps dernier au Festival Quartier du livre de Paris- accompagnée par deux supers compères Marie-Pascale Grenier et Jean-Pierre Martin. L’écriture y est plutôt contemplative, différente de Fractale. Une prose plus longue dans tous les sens du terme. Entre échanges épistolaires, saisons et terrains qui se fissurent– le tout dans une dimension théâtrale même si non associable aux productions actuelles de théâtre contemporain. Pour celles et ceux qui l’ont lu, il serait « aérien, apaisant, atmosphérique ». Une grande place est laissée à la mort dans ce texte. Nécessité de la saisir au plus près.

Bref…

J’avoue être trop laxiste

Il faut que je démarche, j’aimerais lui trouver une place vivante. Trouver l’occasion de le partager à voix haute encore et que cela s’inscrive aussi en version papier pour une infusion longue décantation.

Mais les démarches, le temps pour — c’est quelque chose qui m’est difficile, fastidieux. J’avoue être trop laxiste. La partie logistique m’emmerde profondément. Voilà je l’ai dit.

Sinon ? Spirit est là. Un texte poétique sur une journée remplie d’une vie. Presque un 2 en 1 – un texte en parallèle sur les mots qui vient s’enchevêtrer dans la journée. Je l’ai donné à lire à une toute petite poignée de personnes dont des auteurs et j’ai particulièrement apprécié un des retours : « j’ai dévoré ton recueil en suivant ta rythmique, les balancements , les heures (…). C’est foutrement original, vivant philosophique et jazzy (…) comme des improvisations jazz (…). Foutrement original et personnel car tu y évoques les doutes, les contradictions qui sont les nôtres. J’espère qu’il trouvera de quoi vivre »

Le reste est en chantier

Encouragée par ces auteurs (comme quoi il n’y a pas que de la rivalité Thxxx ;;)— je l’ai proposé à deux éditions : Gros Texte et La Boucherie Littéraire. Mais j’ai fait cela comme une brutasse  – jeté mon texte par la fenêtre presque – 4 mois sont passés. Je ne sais pas si.

Encore une fois il faudrait que je démarche et tu connais la suite : 🙂

Aussi, La charge des incandescences, recueil poétique sur le registre amoureux et les variations inhérentes : couteaux et scalpel pour la partie romantique, sexe, illusions, tendresse pour la partie massage des neurones, solitude pour l’évidence de notre condition. Une histoire d’altérités et de clous à ne pas trop enfoncer parfois.

Entre deux falaises – textes narratifs qui ont accroché un éditeur. Version petit petit livre et artisanat. Une place humaine et simple pour eux. Cela serait chouette, bon à voir si ceci prend véritablement forme en 2022.

Le reste est en chantier

L : Si tu ne devais en citer qu’un :

Cartographie Messyl : Impossible – — quelle torture. J’étais à deux doigts de t’insulter. ;;)

Je tente la mission (à 2/ 3 titre près)

Un livre :

Aujourd’hui cela sera 5 méditations sur la mort de F. Cheng et tiens le premier Houellebecq Extension du domaine de la lutte. Il peut parait bien désuet maintenant  mais pour l’époque c’était assez délirant. La vague que l’on connait maintenant de l’infra quotidien, cet élan pour le réel avait sa marque, sa voie toute déblayée avec cet auteur, Despentes des débuts, et Ravalec « un pur moment de rock’n roll » entre autres —

Je les ai découverts dans les années 90. C’était bon d’entendre (enfin en France) des voix rayées, oubliées celles des bitumes, des garages, des toxicos, des prostituées, des alcolos, des paumés en tout genre, des soumis aux systèmes aussi —

Un film :

Biutiful avec ce monstre du ciné Javier Bardem. Film tout aussi cruel que tendre. J’ai fort pleuré devant. Tout le monde est taré, c’est un grand n’importe quoi tellement juste. La zone, cette démerde de la rue, l’éducation comme tu peux et cette pudeur finalement, cette magnifique pudeur au milieu du tas de pneus. Extrêmement humain.

Orange mécanique m’avait happée à l’adolescence. Cette violence exprimée. C’est net. C’est culte pour ma part.

Laurence anyways – petit bijou de Dolan. Question du genre et de l’identité. Amour amour. Puissant.

Un album musical :

Chansons françaises à textes essentiellement. Très inspirée et nourrie de percussions aussi. Sensible aux voix.

Tout de suite maintenant No pressao de Lenine (rock, engagement) et absolument pas de textes français – rires (je suis fatiguée)

Un artiste ou une œuvre d’art :

J’ai en tête Salgado et ses photographies. Ayant trainé un peu au Brésil, son œuvre résonne d’autant plus. Formidable documentaire Le sel de la terre. Je pense à Chagall aussi – les couleurs, l’aérien. Cher Chagall

La suite.

L : Ton recueil Fractale sortira un peu avant noël. Est-ce LE beau cadeau à offrir ? (je plaisante). Une soirée de lancement sera organisée. Connaissant tes multiples talents, comment aimerais-tu l’organiser pour promouvoir au mieux ce livre ? Avec de la musique ? De manière théâtrale ?

Cartographie Messyl : Le cadeau de Noel – je laisse à chacun le choix et je pense à Festen en même temps (rires)

La soirée !

J’aimerais m’organiser donc – je reviens après y être parvenue ok ? ;;). Cela me laisse peu de temps tout de même. Et là, l’éditeur fait la gueule parce qu’il pensait que la fille avait tout programmé, un super concert électro poétique avec jeux d’eau et rails de coke pour tout le monde. Non pas du tout, je n’ai rien rien rien prévu ! (la pression – ouche)

Voilà aucune idée. Disons plutôt musique ou à voix nue. Pas de scénique pour Fractale, cela ne s’y prêterait pas. Et je lance donc un appel – si tu es musicien-ne viens bosser avec moi ; ça sera chouette.

Dans une librairie ? Je lance un appel bis :::) – si tu es libraire etc. etc. ça sera chouette, tu verras.

Tout simplement, dans un lieu tranquille et ouvert avec victuailles à partager – j’aime bien.

Et ouverte aux propositions donc – si tu (toi le lecteur/la lectrice) as une idée, c’est le moment. Causons, causons.

L : Que peut-on te souhaiter de beau dans les jours, semaines, mois à venir ?

Cartographie Messyl : De profiter au jour le jour déjà et ce tranquillement (j’ai un côté très très ours ces derniers temps) ; ensuite, d’avoir l’énergie de construire des projets enfin si l’évidence semble là. J’aime le côté fluide et que les bouquins en attente trouvent refuge chez une éditrice /un éditeur.

C’est con ce que je dis. Il est temps que cela s’arrête. Hein ?

Ce que je souhaite c’est de croire en la vie toujours grâce aux rencontres.

C’est le sel de, le piquant doux, le truc qui booste.

Mot de la fin

Et donc le mot de la fin sera très simple (et oui je me répète parfois) : MERCI

(de consacrer autant de temps, et d’énergie pour donner à entendre, lire des voix artistiques plurielles, émergentes ou ignorées. Acte d’une générosité sans concession : pure donc vitale !

C’est la classe Monsieur Beguinel, LITZIC et son équipe de ouf ; 😉

Plus d’infos :

Retrouver Cartographie Messyl sur fb

Relire son portrait.

découvrir la chronique de fractale et un extrait du recueil ? Rain

Première partie de l’interview, la deuxième et la troisième

Vous pouvez la retrouver dans différents « lieux » :

– Les Impromptus Tome III
– L’air de rien ( le 1)
– Cabaret HS Tour de France 2021
Anthologies sous son nom Cécile Bellan :
– Voix de femmes ( poésie contemporaine du monde / femmes – Plimay)
– Voix des Iles ( édition des Iles, par l’associaton Les Indociles) – ok en 2020 mais sortie en 2021
– Nouvelles ( Sans crispations éditions)

et encore d’autres participations :

– Que voulais- je te dire? ( éditions Mots Nomades- concours Poids Plume / livre pauvre 2020)
– Collaboration avec Insolo ( dessin) création d ‘un poézine : Gangrene du 2.1 siècle (2021)
– Résidence d’artiste à la Ferme du Buisson ( scène nationale 77) puis lecture au Festival quartier du livre de mon Opus – D’eux seul le craquement de la neige (2021)
– Création poétique sonore Cartographie d’un monde sensible ( février 2018) avec Jerome Picard ( univers sonore )

 

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