CARTOGRAPHIE MESSYL, l’importance de la poésie.

cartographie messyl importance de la poésieTroisième partie de l’interview de notre autrice du mois.

Dans cette troisième partie de l’interview nous revenons sur l’importance de la poésie comme façon de s’exprimer au plus juste des ressentis. Un besoin autant qu’une nécessité, la poésie comme ligne de mire.

Litzic : Qu’est-ce que signifie pour toi l’écriture ? Moyen d’évasion, moyen cathartique, moyen d’expression pur et simple, autre chose ?

Cartographie Messyl : Je dirai une façon d’être au monde. Revenir à la verticale (cela sous-entend l’idée de la chute. C’est un élément récurrent dans mes textes).
Un moyen d’évasion — non par contre, je n’ai pas le culte de l’agence touristique (les grands espaces et bien j’aime les parcourir véritablement).
Cathartique me fait penser à exutoire et à psychothérapie. Je ne peux pas nier ce registre là ; elle s’emploie désormais davantage à déposer des bribes de vie dans leur jus.
Bref – je veux dire qu’il n’y a plus la nécessité de résoudre quelque chose. Cela ressemblerait à un instantané qui poserait indirectement la question du type Comment poursuivre ainsi ? ou encore plus basique Que faire alors ? et ce dans tous les domaines.
Expression pure, certainement, un des langages en tous les cas. Une transcendance.
Un sentiment et un état de liberté avant tout ! Ça oui.

Ma façon d’écrire relève principalement du one shot…

L : Comment travailles-tu sur ta prose ? Prends-tu des notes en fonction de ce que tu vois, perçois dans ton entourage et le développes-tu par la suite ou bien est-ce un travail qui nait spontanément, mu par une inspiration subite ?

Cartographie Messyl : Pendant longtemps, j’ai écrit sur des carnets / cahiers ou supports assez compacts.
Lors de mes voyages, cela s’apparentait à des carnets illustrés avec collecte d’objet signifiants. Puis les carnets se sont transformés en feuilles volantes (peu pratiques) mais je ne sais pas pourquoi c’est ainsi.
Depuis 3 ans environ, j’utilise l’enregistreur de mon téléphone. J’adore cet outil car je fonctionne aussi beaucoup en impro. La route, conduire pour être précise, m’invite à être prolixe. Le dictaphone est alors super précieux. J’adore entendre le bruit du moteur, du clignotant, des autres sur ces bouts de phrases jetés dans mon réceptacle !
Parfois la voix du Maps vient se greffer et ce côté absurde m’enchante.

Ma façon d’écrire relève principalement du one shot parce que ce qui se pose sur la feuille a déjà été écrit dans la tête. C’est une infusion au long cours et quand c’est là. C’est là. Je dois, alors, rapidement trouver le moyen de le déposer. D’où le dictaphone lorsque ce n’est pas en impro.
Tout est occasion d’écrire : son propre vécu, ce que j’observe évidemment chez les autres dans leur relation, leur façon de lutter, leur façon de donner sens ou au contraire les ignominies, les lâchetés.
La nature, la spiritualité sont sources vives aussi. Elles permettent de lier. D’ailleurs, je marche beaucoup, je cultive un côté ours et j’aime particulièrement méditer les soirs de pleine lune. Sentir et ressentir les éléments. L’océan traverse bon nombre de mes textes —
Métaphore encore de nos vies.
D’autre part, je suis habitée et c’est presque pathologique par la question de l’injustice et de la véracité corroborée à celle de la femme. C’est une quête, une traque presque.

Au risque de décevoir, je retravaille très peu mes textes.

L : Comment retravailles-tu chacune de tes poésies ? Laisse-tu maturer, y reviens-tu plusieurs fois ? Quelle importance accordes-tu au mot ? Te fais-tu plusieurs propositions jusqu’à tomber sur le mot juste ou laisse-tu plus le pouvoir suggestif faire son travail ?

Cartographie Messyl : Au risque de décevoir, je retravaille très peu mes textes. Deux trois phrases déplacées, un mot transformé… C’est plutôt dans leur mise en espace que je vais intervenir.
Et cette question de la ponctuation que je n’arrive toujours pas à comprendre chez moi.
J’ai des tocs de tirets par exemple. Comme une respiration différente à placer, à faire entendre.
Sur ceci, j’y passe des siècles – je reviens repars ajoute replace. Infernal !
De plus, mon passé de musicienne sue dans cette écriture. J’entends ce que j’écris et le rythme est inhérent à ma démarche. Le pourquoi de ces foutus tirets – très certainement.

La place du mot – oui très intéressant.
J’avais d’ailleurs écrit quelque chose là-dessus : le mot juste. Qu’est-ce que c’est au final ?
En tous les cas certainement pas une question d’esthétisme pour ma part.
Je suis spécialiste des paronymes, des lapsus et des coquilles à l’écrit.
En fait, la question langagière m’a très tôt posé problème (confusion des lettres, néologismes et barbarismes étaient mon quotidien – à l’école notamment) ; aussi, mon père est quasiment analphabète. Son rapport aux langages est confus, ambigu donc fragile. Ce n’est pas moi qui l’invente : à défaut de langage le geste prend la place et notamment le coup porté.
Actuellement, je suis prof de français. C’est une façon de rendre cohérente ma vie : faire vivre les mots, leur polysémie, leur polyphonie précisément et surtout mettre en relief la capacité de chacun. Accéder au langage est une priorité.
Évidemment, la poésie est ce terrain fertile, le meilleur pour transcender.
Le mot est juste quand tu l’as teinté de ton grain.

Plus d’infos :

Retrouver Cartographie Messyl sur fb

Relire son portrait.

découvrir la chronique de fractale et un extrait du recueil ? Rain

Première partie de l’interview et la deuxième

Vous pouvez la retrouver dans différents « lieux » :

– Les Impromptus Tome III
– L’air de rien ( le 1)
– Cabaret HS Tour de France 2021
Anthologies sous son nom Cécile Bellan :
– Voix de femmes ( poésie contemporaine du monde / femmes – Plimay)
– Voix des Iles ( édition des Iles, par l’associaton Les Indociles) – ok en 2020 mais sortie en 2021
– Nouvelles ( Sans crispations éditions)

et encore d’autres participations :

– Que voulais- je te dire? ( éditions Mots Nomades- concours Poids Plume / livre pauvre 2020)
– Collaboration avec Insolo ( dessin) création d ‘un poézine : Gangrene du 2.1 siècle (2021)
– Résidence d’artiste à la Ferme du Buisson ( scène nationale 77) puis lecture au Festival quartier du livre de mon Opus – D’eux seul le craquement de la neige (2021)
– Création poétique sonore Cartographie d’un monde sensible ( février 2018) avec Jerome Picard ( univers sonore )

 

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