CARTOGRAPHIE MESSYL, interview IGN
Nous avons posé quelques questions à notre autrice du mois.
Nous vous dévoilons l’interview IGN (vous comprendrez) menée avec Cartographie Messyl. Nous vous délivrons aujourd’hui la première partie de celle-ci, riche d’enseignements, dans laquelle vous comprendrez le pourquoi de ce pseudo notamment. L’interview est très complète, aussi nous vous la fragmentons en plusieurs parties. C’est parti !
L’interview
Litzic : Première question rituelle, comment vas-tu ?
Cartographie Messyl : Plutôt bien vs Plutôt mal
En somme branchée sur de l’alternatif. En vie donc.
Pour être plus claire, si je parle de ma petite pomme alors je vais bien : en pleine transition, en plein ménage d’automne. Je trie, je vire et puis je choie ce qui me tient à cœur. Je prends mes aises il faut croire.
Si je dépasse la circonscription de mon nombril, alors la crainte et même l’angoisse peuvent me saisir. J’avoue que j’ai un mal fou à
admettre les virages de notre époque. Le fossé se creuse, les divergences se renforcent. Où allons-nous collectivement ?
Je cherche le dialogue social et je peine à le trouver. Ceci me donne souvent la nausée.
J’espoire quand même hein — Et toi sinon ?
L : Moi, je vais comme un interviewer ravi de cette rencontre ! La première question qui me vient à l’esprit te concernant, c’est pourquoi ce pseudo ? Que signifie-t-il ?
Cartographie Messyl : En effet, on me demande régulièrement. Mon vrai nom est Cécile Bellan. Certains écrits sont publiés sous ce matricule. Or, je suis enseignante depuis quelques années et je préférais opter pour un pseudo : dissocier.
C’est bien naïf de ma part car les collégiens sont prêts à tout pour retrouver leur prof sur les réseaux. J’en ai la preuve tous les jours – sourires – je suis grillée depuis longtemps finalement.
Bref
Pourquoi Messyl ?
C’est un de mes surnoms. Celui-ci date de mes 18 ans. Et il me parle évidemment.
Ce ne sont plus ce(s) cil-e (s) mais les miens. Un territoire que je peux désormais revendiquer.
A ceci ajoutons mon goût prononcé pour les cartes IGN qui m’ont toujours fascinée. La question du territoire, de la terre, de la recension des reliefs internes sont mes leitmotivs. Mais IGN Messyl cela sonnait un peu commando, force armée.
En 2018, avec un de mes amis Jérôme Picard (guitariste), nous avons créé Cartographie d’un monde sensible et le titre était là depuis 2011. L’association me semblait évidente, Cartographie Messyl est né(e).
j’avais beaucoup à dire
L :Quand as-tu commencé à écrire ? J’imagine qu’à l’époque ta plume était toute autre ?
Cartographie Messyl : Enfant j’écrivais sous forme de planches thématiques associant le dessin ou les couleurs en aplat aux écrits puis à l’adolescence, j’ai barbouillé de mots des feuilles, des carnets, des cartons. Des paroles de chansons, des poèmes, des réflexions, des listes de comportements sociaux.
Vers 17 ans, j’ai eu le souci et le poids des mots trans/génération et filiation.
Je ne me sentais plus fille de — l’expérience de la rue me l’a très vite fait comprendre. Même si ce temps a été court et salvateur car j’ai pu empoigner le théâtre, la création pleine, la fête et l’amour ; la réalité faisait que je n’avais de possible place que par mon écriture. Je tissais mon corps social dans les mots et je détricotais l’histoire familiale (le communisme, la guerre d’Algérie, les paras, la question des prisonniers de guerre etc.). De plus, j’avais beaucoup à dire des récurrentes violences subies mais comme tout blessé les mots ne sortaient pas dans le dire mais dans l’écrire. C’était ça ou l’explosion de la tête contre les murs.
L’écriture m’a donc accompagnée par rafales — et puis je me suis tu dans le tracé parfois pour me mettre davantage en mouvement – un mouvement plus serein. En d’autres termes, j’ai privilégié – à certaines époques- la musique, la peinture, le théâtre…
La multiplicité des langages me rassure.
Et écrire tout comme le théâtre ont fait office de couverture de survie. Je serai morte sinon.
Maintenant, j’engage avec l’écriture un corps à corps plus souple, plus tendre ; je ne m’oblige à rien.
J’écris quand ça (me) doit. (Les psys ont de quoi manger avec cette phrase et le je me suis tu ! ;))
je me suis tu dans le tracé parfois
L : Comment s’est faite la mue de ta plume, celle qui aboutit aujourd’hui à ce qu’on peut lire sur Facebook notamment ? Est-elle le résultat d’une pensée très structurée, d’une volonté farouche d’aller à l’os, ou au contraire s’est-elle effectuée de façon progressive, pour finir par s’imposer à toi ?
Cartographie Messyl : Premier rire –pensée structurée….
Bon, il est vrai que l’écrit structure la pensée. Qu’on le veuille ou non. Cette forme de distance entre le mot en tête et le mot écrit physiquement génère ce que l’on pourrait qualifier de structure – c’est d’accord !
Or, je suis brouillon, arborescente, volage dans ma tête. Les mots se percutent, c’est parfois hallucinant. Ceux qui arrivent sur la feuille sont des rescapés.
Je n’aime pas associer le mot volonté à l’acte d’écrire ni à celui de créer au sens large et plein d’ailleurs.
Je sais que pour certain-e-s, c’est considéré comme fainéant, prétentieux, déplacé. – loin de l’étiquette attendue d’un auteur qui en chierait pour ses textes. Ceci m’est bien égal car j’aime cette façon spontanée et viscérale de faire l’écrit.
Oui mon écriture a mué et dans le même temps, j’ai puisé récemment dans des textes de mes 20 ans ; certains étaient à l’os comme tu dis et bien plus que d’autres plus actuels.
Le lyrisme, la métaphore abusée abusive me conviennent, c’est comme une seconde peau. Je laisse venir, j’écoute ma langue interne. Je tente de naitre à chaque fois disons de ressentir le premier souffle et ça depuis le début.
Les mots se percutent, c’est parfois hallucinant. Ceux qui arrivent sur la feuille sont des rescapés.
L : Dans le même ordre d’idée, crois-tu qu’un auteur ou une autrice choisit sa plume ? N’est-ce pas elle qui le choisit ?
Cartographie Messyl : J’y ai répondu en partie et je pense vraiment que nous avons toutes et tous une singularité (un état de langue personnel et précieux) qui ne se décide pas.
Ceci dit, il peut m’arriver de travailler, de forcer le passage. C’est-à-dire de m’imposer des contraintes pour aller creuser dans des endroits peu abordés ou inconnus. C’est comme un auto-atelier d’écriture. En ce cas, je choisis : je fais œuvre de volonté.
J’essaye une nouvelle fringue et je vois.
J’utilise ces temps comme des tremplins – des pulsateurs de créations futures, des graines en état d’expérimentation en somme. Et ça germera ou pas.
Dans les collaborations, lorsque je me lance dans un projet avec un-e artiste, alors une trame générale va émerger après concertations donc réflexions communes. C’était le cas pour la création du poézine 2.1 gangrène du 21ème siècle avec Insolo. Des textes très courts ont jailli en une nuit après avoir tissé l’idée phare pour nos deux langages (dessin et texte). C’est extrêmement stimulant de créer à plusieurs.
Plus d’infos :
Retrouver Cartographie Messyl sur fb
Relire son portrait.
découvrir la chronique de fractale et un extrait du recueil ? Rain
Vous pouvez la retrouver dans différents « lieux » :
– Les Impromptus Tome III
– L’air de rien ( le 1)
– Cabaret HS Tour de France 2021
Anthologies sous son nom Cécile Bellan :
– Voix de femmes ( poésie contemporaine du monde / femmes – Plimay)
– Voix des Iles ( édition des Iles, par l’associaton Les Indociles) – ok en 2020 mais sortie en 2021
– Nouvelles ( Sans crispations éditions)
et encore d’autres participations :
– Que voulais- je te dire? ( éditions Mots Nomades- concours Poids Plume / livre pauvre 2020)
– Collaboration avec Insolo ( dessin) création d ‘un poézine : Gangrene du 2.1 siècle (2021)
– Résidence d’artiste à la Ferme du Buisson ( scène nationale 77) puis lecture au Festival quartier du livre de mon Opus – D’eux seul le craquement de la neige (2021)
– Création poétique sonore Cartographie d’un monde sensible ( février 2018) avec Jerome Picard ( univers sonore )