[ INTERVIEW ] STEFF S., les ressorts de son écriture

Suite de l’interview de notre auteure du mois de mai, Steff S.

Nous prolongeons le plaisir de la discussion que nous avons avec Steff S.. L’auteure nous explique dans cette deuxième partie de l’interview quelles sont ses façons de travailler, ses inspirations, les ressorts de son écriture etc. Nous dévoilerons très prochainement la troisième partie de cette interview, qui sera, elle, en rapport avec son roman le plus chaud, à savoir Encore !. Première partie de l’interview

Deuxième partie de l’interview.

Litzic : Comment procèdes-tu quand tu écris ? Prends-tu des notes, te lances-tu dans la rédaction tête baissée, laissant la plume te guider ou au contraire suis-tu un plan strict ?

Steff S. : Ma façon de procéder est toujours la même. Une idée me vient, je gribouille sur des feuilles volantes ou je m’envoie des mails. Oui, oui, ma boîte est pleine de petits mots qui me viennent dans la nuit. Avant, je me levais pour écrire, et j’ai pris ce pli. Ça m’évite d’aller jusqu’à mon bureau. Car, parfois, les idées s’envolent de la chambre au séjour. Je n’habite pourtant pas un château *rire*.
Les plans stricts, les schémas, etc. Ce n’est pas pour moi ! J’ai une âme d’artiste, pas de technicienne. J’aime que les choses se fassent d’elles-mêmes. Mais, je suis tout de même assez rigide sur certains points. C’est peut-être antinomique, seulement, ce sont mes deux faces.
La face décontractée, c’est celle qui me pousse à ne faire qu’un avec mes personnages. S’ils ne vivent pas en moi, ils ne peuvent pas exister sur du papier ou un écran. La face rigide, c’est mon côté angoissé. Je lis et relis, corrige et recorrige et ne suis jamais satisfaite à 100%. J’aimerais tellement arriver à la perfection tout en sachant que c’est impossible.

« Je le prends aussi comme un jeu. »

L : Écris-tu plutôt sur ordinateur directement ou utilises-tu le bon vieux papier crayon comme brouillon ?

Steff S. : Le papier me sert à prendre des notes au début, même si mes personnages se façonnent d’abord dans ma tête ; je note quand même les détails afin qu’il n’y ait pas d’incohérences. Sinon, j’écris directement sur l’ordinateur.

L : Qu’est-ce qui t’inspire ? Et qu’est-ce que te procure l’écriture de tes romans ?

Steff S. : Qu’est-ce qui m’inspire ? J’ai toujours beaucoup de mal à répondre à cette question parce qu’en fin de compte, je ne sais pas vraiment. Ça peut être une chanson, une phrase entendue dans un film ou lue ou juste une rencontre dans la rue. Je croise quelqu’un, et hop, la vie de cette personne se dessine. Une vie que j’invente, bien entendu. D’ailleurs, j’adore faire ça. Me poser quelque part, et regarder le chaland. Pour chaque personne, j’imagine ce qu’elle fait, ce qu’elle est, comment… En revanche, cela nourrit mon esprit, mais peu mes textes.

L : J’en viens à la seconde question justement. L’écriture me procure exactement ce que mes rêveries me procurent : un moyen d’évasion.

Steff S. : Je le prends aussi comme un jeu. Prenez jeu au sens où je suis comédienne. Incarner d’autres personnalités, inventer des situations est jouissif.

L : Quel effet espères-tu obtenir ? Est-ce simplement le désir d’exciter l’envie de tes lecteurs ? Ou d’exciter tes sens ? Ou bien encore de transposer tes fantasmes sur papier et de partager cela avec le plus grand nombre ? Ou bien y en a-t-il encore une dimension qui m’échappe ?

Steff S. : Cette dimension m’échappe aussi *rire* ! Bien entendu, je souhaite émoustiller le lecteur en écrivant des textes comme Encore !

J’aimerais faire une parenthèse sur ce roman court. Encore ! est classé dans une catégorie que l’on n’a pas l’habitude de lire. Au départ, c’était un délire à partir d’un jeu de mots. À vrai dire, je ne sais plus trop pourquoi j’ai vraiment couché ceci sur le papier. Je me souviens avoir eu une idée complètement dingue en mélangeant Orgie et Origami. Orgigami en a résulté. Et là, j’ai imaginé un univers autour de cette… Orgigami. Puis, un chanteur m’a inspiré les personnages. Ma fille écoutait Dadju en boucle. Son timbre de voix, son allure de gentleman, tout ça a fait que Fifity Green, le personnage principal du titre, est né. Voilà pour la petite histoire. Je rajouterai juste que je l’ai écrit très rapidement. Et je me suis éclatée ! Tout le monde devrait avoir dans son travail un moment aussi libérateur.

Pour en revenir aux questions, je n’excite pas mes sens en écrivant *MDR*, oubliez ! Ce fantasme-là, gardons-le pour les lecteurs. Moi, lorsque j’écris, je ne masturbe que mon cerveau. L’image semble moins glamour, n’est-ce pas ? *Hi hi hi* Maintenant, y a-t-il une part de mes fantasmes inassouvis dans mes écrits ? Laissez-moi quelques années, je prends rendez-vous avec un psy. Une fois que j’aurais terminé la thérapie, je répondrai.

« Le confinement. L’époque n’est pas propice à la créativité pour moi »

L : Qu’est-ce que la littérature érotique permet d’exprimer selon toi ? Est-elle en phase avec la société qui est la nôtre, souvent violente ou au contraire est-elle une parenthèse sensuelle de celle-ci, un moyen d’évasion?

Steff S. : L’écriture en général permet de s’exprimer, que l’on écrive du policier, de l’érotisme ou autre chose, le but d’un auteur ne varie pas. Il souhaite faire passer un message. Pour ma part, le message que je voudrais transmettre est celui-ci : l’amour triomphe toujours. C’est un peu cul-cul, non ? Mais ça fait tellement de bien d’y croire au moins le temps d’un roman. Quand je lis une romance, je recherche ceci. On le sait tous, c’est une utopie, l’amour qui dure toujours, les couples qui surmontent toutes les épreuves et finissent par s’aimer au-delà des limites, ça n’existe pas dans la vie réelle ! La moitié des couples divorcent, l’autre moitié ne nage pas forcément dans le bonheur. Ce constat nous déprime. Alors, on trouve des dérivatifs pour contourner la réalité. La lecture érotique semble une voie tout indiquée. Elle allie sensualité et amour.

L : La question de la sexualité pendant ce confinement, de la vie de couple également, est une problématique réelle. Qu’est-ce que ce confinement inspire chez la romancière érotique ? Et chez la femme que tu es ?

Steff S. : Ouille ! Le confinement. L’époque n’est pas propice à la créativité pour moi qui puise mes idées dans ce qui m’entoure. Certains marchent pour se vider la tête, moi, c’est en marchant que je la remplis. Alors, imaginez ce que les restrictions de sorties et le manque de vie autour de moi peuvent provoquer…
Quant à la sexualité et la vie de couple, je ne saurai y répondre. Je suis célibataire ! Mais j’imagine que le confinement ne rapproche pas vraiment les couples avec des enfants. Ou peut-être que si ! On fera une étude de cas après, chiche !

L : On parle beaucoup de violences faites aux femmes, notamment sexuelles. La pornographie place souvent la femme en situation de soumission extrême, ou la représente comme un objet sexuel. Crois-tu que cette image dessert d’une part le propos de la littérature érotique et d’autre part la cause de ces femmes violentées ?

Steff S. : Il faut faire la part des choses entre la fiction et la réalité. L’érotisme ainsi que la pornographie ont toujours existé. C’est une manière utile de pimenter la vie des couples et des célibataires.
Dans ce que j’écris, si la femme subit des violences, elle est consentante dans le sens où c’est un jeu sexuel et non une contrainte. Sauf quelques passages dans « Brûlez vos sens au Montcristal » assez violents, mais dans l’ensemble, mes personnages désirent ce qui leur arrive (ne soyez pas inquiets, j’aime les happy-end, alors…). Pour cela, le chemin est long et semé d’embûches, péripéties que l’on pourrait interpréter comme forcés, mais n’oublions pas que l’on parle de fiction.

D’autant que j’écris du BDSM. Souvent associé à 50 couleurs de machin *rire*, ne croyez pas que ce genre émerge. J’en ai toujours lu, et les titres ne datent pas d’hier. Ce concept de la sexualité peut étonner voire choquer, mais il est normalement en accord avec les deux parties. De plus, on présente toujours la femme comme objet de soumission, eh bien, messieurs, le contraire s’applique aussi ! Et plus que vous ne le pensez. Le BDSM, c’est une manière de s’offrir totalement, c’est aussi un état d’esprit et surtout, surtout, une confiance absolue en l’autre. Je vais rebondir sur ma dernière trilogie.

« Ne soyez pas inquiets, j’aime les happy-end, alors… »

Donc, si vous me le permettez, je vais m’attarder sur mon titre « Number One – Trouble », car dans cette dark-romance MM, les scènes de sexe et de violence sont nombreuses. Notamment une scène où le personnage principal viole une prostituée. J’ai eu des échos comme quoi je ferais l’apologie du viol, car il ne regrette pas ce geste. Seulement, si cette scène a heurté quelques lectrices, pour moi, ce n’était qu’un chapitre décrivant son profond mal-être et la violence qui en ressortait. Dans tout ce premier volet, il agit brutalement, a des émotions vives en adéquation avec le genre. Je vous propose une définition de la dark-romance pour ceux qui ignorent ce qu’englobe ce sous-genre de la romance.

Voici une définition… ma définition : dark (sombre en anglais) signifie que l’univers du livre doit être noir. Les personnages en écho avec cette noirceur sont souvent meurtris au plus profond d’eux-mêmes par une expérience traumatisante. Ils rejettent ce sentiment de souffrance en faisant souffrir ou en s’infligeant des blessures. Globalement, on trouve des trilogies dans lesquelles le premier volet se consacre aux caractères des personnages et de la rencontre. Le second traite d’un instant T où tout part à vau-l’eau, puis le dernier clôt l’histoire d’une façon ou d’une autre.

Bien maintenant que vous savez tout sur ce sous-genre, revenons à la question : la littérature érotique, dessert-elle la cause féminine ?
Indéniablement, non ! Puisque le lectorat se compose essentiellement de femmes. Croyez-vous que nous soyons toutes masochistes ? *rire*. Bien entendu, il y aura des inconditionnels.les qui diront l’inverse. Et ils n’auront pas tort si l’on se base sur des livres d’il y a des dizaines d’années. Mais à notre époque, les héroïnes, même soumises sexuellement, se targuent d’avoir un fort caractère. Allez interroger Manie dans Encore ! *clin d’œil*

L : Comment définirais-tu ta plume d’une façon globale ? Crue ? Romantique ? Sensuelle ?

Steff S. : Eh bien… crûment romantico-sensuelle.
C’était pour la note d’humour.
En fait, Encore ! a marqué un tournant décisif dans ma façon d’écrire. J’ai pris tellement de plaisir en m’ôtant les barrières que je m’imposais avant ; que maintenant, j’affirme que ma plume peut être crue. Toutefois, mes textes restent pleins de romantisme et de sensualité traduisant l’amour. Alors oui, avec moins de finesse que d’autres auteurs. Mais c’est un parti pris auquel je ne renoncerai pas facilement, au risque de voir mon lectorat se diviser. Tant pis ! Une autre moitié viendra et appréciera.

Steff S. interview ressorts de son écriture

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Lire la chronique de Encore !

Première partie de l’interview

Notes bibliographiques : Voici les références de quelques ouvrages de Steff S.

Chez Libertine Editions
Encore !
Number One.

Chez Evidence Editions
– Réveillez vos sens au Montcristal
– Réveillez votre sixième sens au Montcristal
– Brûlez vos sens au Montcristal

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