[ ROMAN ] THOMAS DEGRÉ, 10 jours de canicule.
10 jours de canicule, de Thomas Degré, aux Éditions ETT/Dépendance.
Après De budapest à Paris et Marie, 4 novembre 1943, nous quittons, avec 10 jours de canicule, de Thomas Degré, les années « guerre » (et leur suite) pour les années 70. Avec cette histoire de détective privé, Thomas Degré nous offre un roman plus léger, bourré de références cinématographiques, à l’écriture une nouvelle fois irréprochable.
L’histoire.
Jean est détective privé stagiaire. Sa vie intime n’est guère reluisante. A 31 ans, il a déjà été marié trois fois, est père d’un enfant dont il a la charge. Il a qui plus est la fâcheuse tendance à tomber amoureux de toutes les femmes lui portant un soupçon d’attention. Un vrai cœur d’artichaut en somme.
Quand son patron lui propose comme affaire de récupérer une lettre auprès d’une jeune femme, Jean saute sur l’occasion pour faire ses preuves. S’était sans compter sur le fait qu’il tombe amoureux de cette femme.
Si ce thème a déjà été exploité maintes et maintes fois en littérature, mais également au cinéma, Thomas Degré ne nous sert pas un plat réchauffé, notamment grâce à une plume pleine de légèreté, puisant dans ses références cinématographiques. Il nous délivre alors un livre en forme de lettre d’amour au septième art, ou intrigue policière, romance et humour se côtoient avec une égale réussite.
La forme.
Inutile de dire qu’une fois de plus, la plume de Thomas Degré fait des étincelles. Elle place cette histoire en 1975, durant dix jours de canicule, où les corps, mis à rude épreuve par la chaleur, se rapprochent dans un ballet amoureux improbable (mais sur papier, tout est possible!). Comme dans les deux ouvrages précédents de notre auteur du mois, 10 jours de canicule nous happe littéralement. Thomas Degré nous immerge dans l’univers d’alors, par de nombreux détails géographiques qui nous posent en spectateur de l’intrigue.
Les lieux nous deviennent familiers, tout autant que les personnages du livre, Jean, Ann, cette belle quadragénaire, Monsieur Charles (le patron de Jean), que nous quittons à regrets à la fin du livre. Nous y retrouvons un peu de nous, nous y retrouvons également un peu de nos proches, en pointillés. La psychologie des personnages est assez fouillée pour que nous nous y attachions, jamais trop fouillée pour devenir ou irréalistes ou barbantes. Une fois encore, tout est dans le juste dosage entre réalité et imaginaire, dosage dans lequel excelle Thomas Degré.
Des références !
Ce roman possède de superbes teintes sépia, ou plutôt ces teintes propres aux films des années 70. Vous savez, ce côté rétro toujours d’actualité malgré tout (parce que certains de ces films n’ont pas pris une ride). Forcément, il parle à notre culture, à notre imaginaire collectif également. La facilité déconcertante avec laquelle nous visualisons les scènes ne rend l’attrait pour ce roman que plus forte. Nous ne lisons plus, nous sommes au cinéma, à suivre cette romance sur fond de chantage, et ce n’est pas rien de le dire tant, nous le répétons, l’immersion est totale.
Si le thème a déjà était exploité mille et une fois, le synopsis nous étant familier, Thomas Degré parvient cependant à nous surprendre, avec un dénouement dans les règles de l’art du film policier. Ce qui nous ravit, autant qu’il ravit le personnage principal, sorte de croisement improbable entre Jean-Paul Belmondo et Bourvil (par certains aspects, et à notre modeste avis, entre la force et le panache de l’un et le caractère frêle et fleur bleue de l’autre). À noter que ce 10 jours de canicule possède de nombreuses touches d’humour, ce que ne nous avait pas forcément habitué Thomas Degré (même si un ou deux éléments humoristiques apparaissaient dans Marie, 4 novembre 1943).
Au final, vous pouvez vous ruer sur ce livre éminemment sympathique. Vous ne le regretterez pas car vous serez emporté dans une bulle hors du temps, transportés dans une époque révolue (et , peut-être, un peu idéalisée), auprès de personnages plus vrais que nature. Ajoutez à cela cette écriture d’une précision diabolique et vous ne pourrez que passer un excellent moment avec 10 jours de canicule.
Retrouver le portrait de notre auteur du mois Thomas Degré ICI.
Retrouver l’extrait inédit Farçous, tripous et Marcillac de Thomas Degré ICI
Retrouver la chronique de De Budapest à Paris ICI
Podcast des deux émissions B.O.L consacrées au roman et au récit de Thomas Degré et diffusés sur Radio Activ ICI et ICI
lire la chronique de Marie, 4 novembre 1943 ICI
Retrouver l’interview de Thomas degré ICI et ICI
Retrouver Thomas Degré sur FB