[Interview] BENOÎT BEHUDÉ, Autour de Lièvre noir

Deuxième partie de l’interview consacrée à Benoît Behudé.

Suite de l’interview que nous a accordée Benoît Behudé. Principalement articulée autour de Lièvre Noir, elle vous donne des indications sur cette histoire d’un père qui cherche à retrouver sa fille dans un univers dévasté par la folie des hommes.Cette interview est complétée par le podacst de l’émission B.O.L diffusée le 20/01 et revient elle aussi sur le travail de Benoît Behudé.

L’interview

Litzic : Un point m’a sauté aux yeux : dans cette société très rigide, où l’on place chaque citoyen dans une case, sans qu’aucune évolution ne soit possible (Sam est cuisinier, il ne peut prétendre à gravir les échelons), trouver les indices montre bien que : a) on peut se dépasser pour retrouver un être cher ou pour une cause importante, b) on dépasse toujours des cases ? Doit-on y voir une forme de critique, pourquoi pas, du fonctionnariat ? (oui je titille là)

Benoît Behudé : Heureusement qu’on dépasse toujours des cases ! C’est le cas de Sam qui semble l’ignorer, mais c’est valable pour tous les personnages de l’histoire. Finalement, aucun n’est totalement fidèle à la condition que lui impose son rang « social ».
Quant au parallèle avec ma propre expérience, sache que du moment où je débauche le soir, j’oublie tout du boulot. Je ne pense donc pas que le monde que j’ai imaginé ait été influencé par l’administration telle que je la connais.

L : Bien que ce monde soit très sombre, l’espoir ne réside-t-il pas dans l’humanité des personnages ? Ou dans l’amour qui reste plus fort que tout ?

Benoît Behudé : C’est certainement bateau mais oui, l’amour est évidemment un facteur déterminant pour surpasser ses propres limites ou celles qu’on nous impose. Il est vrai qu’on retrouve dans le roman des personnages attachants, investis et dignes, alors qu’ils évoluent dans une société formée d’individus veules et méprisables. Maintenant est-ce qu’on peut vraiment parler d’espoir dans ce futur où je pense que le point de non-retour a clairement été franchi ? J’en doute… Disons que cette humanité qu’on retrouve peut représenter au mieux une petite lueur dans les ténèbres.

L : La dystopie amplifie souvent des traits de caractère de nos sociétés. Quel regard portes-tu sur celle qui est la nôtre (ou qui était la nôtre avant le covid) quand tu as commencé à écrire Lièvre noir ?

Benoît Behudé : Bien au-delà de l’aspect sociétal, c’est selon moi l’Humanité avec un grand H qui est clairement défaillante. La société est le reflet de notre nature profonde à tous. Certains chiffres me font froid dans le dos, le fait qu’un Homme sur dix soit sous-alimenté (je n’ose pas imaginer la proportion d’enfants), ces dizaines de conflits armés partout à travers le monde et les populations pour qui c’est un quotidien, le fanatisme, le non-respect des Droits de l’Homme… Selon moi, nous sommes non seulement beaucoup trop nombreux sur Terre, mais on est surtout incapable de vivre ensemble ! Des inventions géniales sortent de notre gros cerveau, pour autant nous sommes incapables de réfléchir à leur impact sur notre environnement et on en oublie les priorités qui devraient être fondamentales. Tout va beaucoup trop vite dans les domaines de pointe, mais on vit encore dans des conditions moyenâgeuses par endroits. Les vraies questions ne sont jamais posées, à commencer par celle de la répartition des richesses et du développement durable.

L : Comment as-tu procédé d’un point de vue technique pour sa rédaction? As-tu rédigé un plan ou tout venait « comme ça » ? Avais-tu une somme de notes à traiter ? Ecriture directe au clavier ou sur papier pour le brouillon ? Relecture à voix haute ?

Benoît Behudé : J’ai compris assez tardivement que mon histoire m’imposait une grande rigueur chronologique. L’action principale se déroule sur un laps de temps assez court, une semaine tout au plus, avec des faits très rapprochés, il m’a donc fallu élaborer des frises pour chaque protagoniste et les superposer de sorte que leurs déplacements, leurs interactions et leurs croisements soient cohérents.
Les possibilités de développements futurs d’une histoire restent toujours dans un coin de ma tête, je n’arrive pas à faire de brouillons. Après, j’écris exclusivement sur ordinateur, je relis très souvent mes paragraphes, mais seules les phrases sur lesquelles je doute sont relues à haute voix. Aucun cahier à idées, j’écris au fur et à mesure, toutefois j’ai toujours à la fin de mon fichier une liste plus ou moins grande de mots qui ont pour moi une sonorité singulière et que je tiens à utiliser.

L : Vas-tu démarcher des éditeurs pour voir ton roman édité ?

Benoît Behudé : Oui, d’abord pour avoir leur sentiment de professionnels. Les proches qui l’ont lu pour l’instant m’ont fait de très bons retours, je me dis qu’un éditeur pourrait lui aussi être emballé après tout ! Les démarcher me permettrait peut-être surtout d’obtenir d’eux des conseils ou des axes d’amélioration. Mais c’est quelque chose qui demande du temps et un petit savoir-faire en matière de résumé de texte. Je ne pense pas que mon synopsis soit vraiment accrocheur, c’est un exercice beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît que celui de résumer un roman sans trop en dire tout en donnant l’envie d’en savoir davantage… c’est quelque chose que je dois peaufiner, mais je crois en mon livre !

L : Quels sont très projets à venir ?

Benoît Behudé : Je viens de terminer l’écriture d’une nouvelle qui s’appelle Petrola Sunrise, une histoire courte dans un style beaucoup plus brut que Lièvre Noir, et dans laquelle j’ai beaucoup aimé m’essayer au paranormal, tout en intégrant une bonne dose de musique (étonnant non ?!). Ça m’a pris trois mois à peine pour la terminer, peut-être parce qu’elle est beaucoup plus proche de moi dans l’intention, quand Lièvre Noir représente une initiation à l’écriture légèrement (trop ?) prudente…
Actuellement entre deux, je devrais logiquement bientôt me lancer dans un projet tout neuf. La page est blanche pour le moment, tout viendra quand je l’aurai décidé, du moins je l’espère…

L : Si tu ne devais en citer qu’un dans chaque catégorie :
Un disque ? Impossible de n’en citer qu’un, la musique m’a trop marqué pour ne retenir qu’une claque, même 10 choix ne seraient pas suffisants !
Un livre ? La ferme des animaux
Un film ? Docteur Folamour
Un artiste ou une œuvre d’art ? C215. J’adore l’art urbain. Allez, je vais contourner le règlement, je sais que tu ne m’en tiendras pas rigueur, mais je dois aussi citer Pokras Lampas un calligraphe 2.0 qui fait des travaux grandioses.

L : Tu me disais avoir joué dans un groupe en tant que bassiste, puis que tu peignais un peu. Quelle forme d’art aurais-tu aimé développer si tu en avais toutes les capacités ?

Benoît Behudé : J’aurais adoré vivre de la musique, pas nécessairement rockstar hein, mais tourner dans les festoches l’été, rencontrer d’autres artistes, le studio… On a passé de très bons moments avec le groupe, notamment une semaine dans une maison de campagne pour enregistrer une maquette (et accessoirement boire des canons), jusqu’à un concert dans un petit bistrot à Paris en 2012. J’en garde d’excellents souvenirs, mais je n’ai pas de regrets sur le fait que ça n’ait pas fonctionné pour moi. C’était un trop grand investissement personnel, mais je n’ai pas non plus totalement abandonné l’idée de rejoindre un groupe dans le futur…

L : Que peut-on te souhaiter de beau et bon dans les jours, semaines et mois à venir ?

Benoît Behudé :Que cette saleté de Covid n’ait aucun impact sur mes proches déjà. Après pour l’écriture, avoir suffisamment d’inspiration pour me lancer dans un deuxième roman et pourquoi pas convaincre un éditeur de m’accompagner ?

interview benoît behudé autour de lièvre noir Relire le portrait (subjectif) de nôtre auteur du mois, ainsi que son portrait plus objectif.

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Coming soon)radio activ podcasts guy torrensEXCLU : retrouvez le podcast de B.O.L (Bande Originale de Livres) diffusée le 20/01/21 à l’antenne de radio-activ (101.9 FM ou www.radio-activ.com)

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