DAGARA , Réminiscence (album déjà disponible).

dagara réminiscenceMetal conscient.

Dagara est le groupe dans lequel officie, au chant, notre auteur du mois Jimmy Trapon. Ce groupe, metal, à sorti son album Réminiscence il y a quelque temps. Nous nous y arrêtons car ce chanteur, en est aussi parolier.

Le metal n’est pas notre spécialité. On peut même dire que nous avons de sacrées lacunes en la matière. Les références manqueront, forcément, mais nous allons nous arrêter sur des spécificités qui nous semblent intéressantes.

Dans un premier temps, le chant y est en français, évite les anglicismes, ce qui est, mine de rien, plus qu’intéressant. Il décrit, à l’aide de textes au cordeau, et souvent vêtus d’une poésie lucide, un état d’être, une forme de colère (magnifiée par la rugosité des instruments), de lassitude également vis-à-vis d’un monde qui fait tout pour nous laisser seul, sur le côté, à compter le nombre de jours qu’il nous reste à vivre.

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Âpre.

La musique se fait aride, âpre, pour décrire ce constat terne, autant personnelle qu’universelle. La société broie, nous mène à nous interroger sur qui nous sommes, nous questionne sur le chemin à suivre pour tenter, simplement d’être heureux. Il ne pouvait en être autrement, la musique pour décrire ce sentiment se doit de montrer les crocs.

Symbolisé par l’électricité et une rythmique terrassante, elle, la musique, ne nous laisse que peu de répit. La batterie est époustouflante, presque épuisante, ressemble à un cœur au bout d’un effort surhumain, qui bat à en éclater les veines. La basse l’accompagne, comme elle le peut (elle le fait très bien) portant les compositions au bord du point de fusion.

De fusion, il peut en être question puisque, malgré tout, une référence nous interpelle, de loin, celle d’un groupe comme Sepultura. En effet, des percussions se font entendre sur plusieurs titres, apportant un semblant d’apport « tribal ». Ces éclairs percussifs sont, comme les moments d’accalmie, une oasis dans ce désert de fureur.

Cris et aboiements.

Les détracteurs du metal comparant le chant à une succession de cris et d’aboiements ne trouveront pas forcément grand-chose pour les contredire. En effet, la mise en avant des cordes vocales écorchées vives est prédominante. Pourtant, elle l’est avec énormément de nuances, évoquant parfois un phrasé à la Zack De La Rocha (Rage Against The Machine), joue la tempérance parfois de façon lucide, comme pour appuyer quelques propos d’une vérité qui s’avère aussi cinglante qu’elle dénote des tonalités premières des morceaux.

Autrement dit, la parole apaisée s’accompagne d’une musique qui baisse le tempo, renforçant paradoxalement la force globale des titres usant de ce subterfuge. En nous désarçonnant de cette façon, Dagara gagne en puissance évocatrice, simplement parce que la colère ne peut qu’être en ébullition, elle peut-être plus froide, plus distanciée, ce qui lui donne corps de façon étourdissante.

Mélodies.

Si la production reste proche des standards, nous semble-t-il, metal, c’est-à-dire revêche, légèrement froide, le mix reste particulièrement bien équilibré. Les voix sont légèrement en avant, devançant les instruments, ce qui permet de mettre la joute verbale à deux voix en éclaireur. Néanmoins, on ne perçoit pas aisément ce qu’elles racontent (on imagine que l’habitude permet une écoute plus poussée et analytique). Seules quelques bribes de sens et de contexte nous sautent aux oreilles, nous forçant à faire travailler nos sens d’une façon plus intuitive, instinctive.

Le mieux reste d’écouter le disque avec le livret sous les yeux pour saisir le sens de l’ensemble. Est-ce un mal ? Pas forcément car on ne perd rien de l’intention première, celle d’un cri qui vient de l’intérieur. L’orage gronde, la foudre éclate, mais Dagara reste imperturbable. Il délivre son message, avec force, avec une générosité dévastatrice, qui nous laisse K.O debout. De quoi nous dire qu’il serait peut-être bon de prêter plus souvent une oreille attentive au metal.

Le titre de Réminiscence.

Plus qu’un titre, un duo de titre puisque celui, ou ceux, qui nous ont tapés dans l’oreille est la paire Pulsion + Eurydice, Pulsion étant une sorte d’interlude instrumental percussif d’un peu moins de 2 minutes, léger, à base de guitare sèche, d’un petit solo électrique sur fond de percu. Eurydice embraye dessus, avec une intro au diapason, avant de retrouver son sillon metal. Cette introduction retrouve les percussions, mais sur une attaque un peu plus virulente. Quand les voix interviennent, le rythme n’est pas encore trépidant.

Le crescendo s’effectue par paliers, avec des plats qui permettent de reprendre le souffle. On sent, chez Eurydice, une forme mélancolique peut-être plus assumée. Les riffs ne tardent cependant pas à redevenir cinglants, saignants, et de repartir sur des rythmiques proches de la fibrillation ventriculaire, avec cependant toujours, en arrière-plan, une ritournelle un peu triste qui imprime sa mélancolie jusque dans nos tissus. Grave, le titre parvient à nous émouvoir sans pour autant jouer le pathos, ce qui s’avère finement joué.

Plus d’infos.

Lire un extrait de Des nouvelles du nord de Paname et la chronique du livre
Chronique de la novella 22/10, 22:10
Relire le portrait de l’auteur du mois. Découvrir la première partie de son interview et la deuxième.
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Et aussi le youtube du groupe

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