[POESIE] PATRICIA HOUEFA GRANGE, Cette Malaisie lah !

Poésie exotique, voyage à tous les étages !

Une fois n’est pas coutume, je vous livre une chronique sur une pépite poétique cette semaine. Cette Malaisie lah ! de Patricia Houéfa Grange, Gope Éditions, est un livre au format carré qui tient dans la main et peut être emmené partout. Il se glisse facilement dans un sac à main, une sacoche, un totebag. Il se lit avec une curiosité dévorante. Lorsque nous commençons ces poèmes extatiques et exotiques, nous sommes happés par ces mots virevoltants agencés avec contemplation et qui rendent compte de l’expérience sensorielle de la poétesse.
Laissez-vous guider par les pas de cette enchanteresse des mots. Telle une magicienne vaudoue bienveillante, elle vivifie votre corps et votre esprit avec une poésie qui respire, qui chaloupe et qui saccade comme une danse endiablée avec le Baron Samedi et ses pairs Loas. Vous découvrirez la Malaisie comme vous ne l’avez jamais vue nulle part ailleurs.

Ce pays est un personnage à lui tout seul, un carrefour de rites et de légendes séculaires, de senteurs composites, de personnages fantasques dignes des plus vibrants romans de Stevenson ou Christie et de sensations cosmopolites. Vous aurez l’impression d’arpenter des rues-portails qui vous mèneront vers un autre monde peuplé de contrées secrètes et scintillantes comme les plus pures pierres précieuses.

L’art délicat des mots-pansements

Cet ailleurs présent à notre esprit à chaque page nous dépayse et en même temps nous reconnecte à notre identité. Si Cotonou apparaît dans les dédales des ruelles de Malaisie ou dans des parfums entêtants de plats mirifiques, je dois dire que les tambours, les éclats de voix, les murmures de chaque mur, les pantouns magiques (forme poétique que s’approprie l’auteure avec une déférence subtile) font écho dans ma mémoire au carnaval endiablé de Martinique, aux saveurs de plats suaves à souhait, aux gens qui vous accueillent avec un petit rhum arrangé et des accras délicats, aux terrasses sur lesquelles les joueurs de dominos frappent la table avec style.

Ce livre est un tourbillon émotionnel. Il fait du bien au corps et à l’âme et guérira vos maux par ces mots choisis avec précaution, ces mots franchissant des lèvres féeriques et se donnant comme des trésors irrésolus. Oui, vous pousserez les portes d’un ailleurs incroyable teinté de délicates couleurs fantasmagoriques, vous vous égarerez avec plaisir dans les méandres de cet ailleurs, mais vous retrouverez aussi étrangement une part de vous-même, comme si vous la cherchiez depuis longtemps et que vous ne parveniez pas à mettre la main dessus. Le voyage en terre inconnue a cela de cathartique qu’il vous réconcilie avec votre moi profond et apaise les tiraillements de votre existence.

En conclusion

Patricia Houéfa Grange réussit le tour de force de nous parler d’un autre pays, d’un voyage vers un ailleurs et de nous dire en même temps tant de choses sur nous-mêmes, occidentaux pressés par la vie à toute vitesse, compressés, comprimés et confinés dans nos normes étriquées.

Alors, oui, décidément, il faut partir, s’évader, larguer les amarres, explorer les chemins de traverse, et si l’on ne peut le faire dans la réalité, il existe des bijoux comme ce livre lilliputien. C’est une bulle de bonheur, un bonbon acidulé, un passeport vers un monde étranger, si intime et qui nous ressemble en même temps, une nécessité d’écriture qui se livre, nous enivre et nous délivre. Plongez sans retenue dans les écheveaux sensitifs de ces pages-palais de jade, vous ne serez pas déçus du voyage.

Florent Lucéa

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Relire la chronique L’envol d’une libellule.

 

 

florent lucéa tops 2020

Florent vous donne rendez-vous à la rentrée avec des nouvelles chroniques BD. En attendant, vous pouvez relire sa dernière en date, Le voyage de Marcel Grob
Florent Lucéa a rejoint l’équipe Litzic. Il chronique pour vous les BDs qui lui ont tapé au coeur et à l’oeil. Peintre, dessinateur et auteur protéiforme, il apporte son regard à la fois curieux et pertinent sur ce que l’on nomme communément le Neuvième art. Il a été notre auteur du mois en mai 2019.
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