[ UN AN AVEC ] FULL MOON LITTLE HOUSE, texte ou musique ?

Nous revenons sur les deux premiers titres de Full moon little house, côté texte ( et autres pensées).

Alors que le processus créatif est engagé, nous revenons sur les deux premiers titres de Full moon little house, côté texte. En effet, si musicalement les deux morceaux (June et Black Mirror) nous ont émus, nous voulions en savoir plus sur leur contenu, mais aussi savoir ce qui les avait inspirés. Au fil de la discussion autour de la place du texte et de la musique, d’autres considérations sont venues augmenter la réflexion quant à ce processus d’écriture. On vous livre tout cela dès à présent.

June.

Si certains musiciens composent leur morceau à partir des textes, la grande majorité démarre d’un thème musical qu’ils ont en tête. C’est le cas de Full Moon little house. En effet, Kévin Navizet possède dans ses bagages un bon stock de fragments d’idées, parfois embryonnaires, parfois plus développées. Il pioche dans ses disques durs, dans ses souvenirs, pour les exhumer et les retravailler, les aboutir. Certaines de ses idées sont issues de précédents projets mais n’avaient pas été retenues à l’époque. Pour autant, elles n’avaient pas été oubliées.

Ainsi, les bases musicales de June et Black mirror traînaient depuis un moment dans un coin de tête de Kévin. L’occasion était de les ressortir et de les développer jusqu’au point final que nous connaissons. Mais quid de leurs paroles ? Dans le cas de June, elles (les paroles) résultent directement de la paternité. En effet, Kévin Navizet est papa depuis un peu plus d’un an et demi et, comme pour beaucoup d’autres pères, cela à changé sa vie.

Évidemment, nous pensons tous que ce changement s’est fait pour le meilleur. Si c’est le cas, ce ne fut néanmoins pas sans « mal ». Nous y reviendrons. Le morceau évoque la première rencontre avec son enfant, le choc émotionnel qu’il procure. Si les mots manquent parfois pour exprimer la fulgurance du sentiment, c’est en musique qu’il trouve parfois son vocabulaire. Ainsi, June dit tout de cette effervescence de sentiments qui se saisissent du nouveau parent (père en l’occurrence qui devient véritablement papa au moment de l’accouchement, au mieux, ou quelques jours après celui-ci quand il réalise effectivement qu’il est un autre homme).

La plus belle chose du monde vous arrive, vous ne réalisez pas bien, mais vous savez déjà que vous en prendrez soin du mieux que vous pouvez, avec toute la force qui est la vôtre, avec tout cet amour naissant qui vous habite désormais.

Les interrogations.

Mais, car il y a un mais, cette naissance vous place aussi dans un état de fébrilité, de faiblesse. Car, en effet, qu’en est-il de vos « compétences » ? Serez-vous à la hauteur de l’enjeu ? On ne naît pas père, on le devient, comme ça, violemment, du jour au lendemain (la maman bénéficie, globalement, sauf problème psychologique, des mois de gestation pour le devenir progressivement). Et c’est flippant. Car il n’existe aucun manuel d’emploi. Vous savez que vous aimez cet être du plus profond de vos entrailles, que sa vie passera avant la vôtre, mais les interrogations sont pourtant là, valables car tout changement entraîne une remise en question de notre mode fonctionnement. Alors, un enfant…

Le morceau a été composé un an après la naissance de « June ». Il parle de tout cela, de l’amour, de la peur d’échouer dans ce nouveau rôle qui lui a été assigné. Mais il survient aussi à un moment où Kévin Navizet sentait le besoin de rejouer de la musique. Après une longue pause, il cherchait sa place. Le père peut-il être musicien ? Comment concilier les deux ? Trouver sa place entre l’enfant, le boulot et la musique ? Avant, il ne composait qu’avec le travail, désormais il faut aussi inclure sa fille. Le temps s’amenuise, mais, fort heureusement, Kévin dit la chance qu’il a d’avoir une compagne qui lui permet de prendre du temps pour jouer, écrire ses morceaux. L’entourage direct est un élément primordial dans ce cas, et Kévin le sait parfaitement.

Le covid.

Alors il écrit June, le développe jusqu’à son point (pour l’instant) final. Ce morceau est un révélateur pour lui, révélateur qu’il peut poursuivre sa passion en le combinant avec son plus beau rôle (celui de papa). Tout n’a pas été sans mal car le premier confinement fut une terrible épreuve à passer. Père depuis un an lorsque celui-ci survient et l’isole, il est source de perturbations psychologiques certaines.

Enfermés, sans voir les proches, sans pouvoir travailler, les questions abondent. Tout tombe au même moment, et outre cet inconnu (celui du virus), ce sont d’autres inconnues qui demeurent, dont la place de la musique dans tout cela. Il réussit néanmoins, durant cette période, à ce que tout trouve sa place. Il reprend les instruments et lance le projet Full moon little house, et son premier morceau June, libérateur.

Black Mirror.

Cependant, le confinement laisse des traces, durables, présentes. Et survient Black Mirror. Comme pour June, la base musicale est déjà présente en Kévin depuis quelques années. Il se sert d’un embryon d’idée, de motif, qu’il fait grossir de nombreuses idées, d’arrangements, de sonorités. Il accumule, autour de cette base, les matériaux qui formeront le morceau final. La façon de composer est toujours la même : le motif initial, que le musicien nourrit, gave afin de le rendre obèse. Puis, cure d’amaigrissement, chemin inverse, il retire peu à peu des éléments pas forcément utiles, pas forcément pertinents à son sens, lui redonne une ligne qui deviendra le morceau final.

Black mirror, est sombre. Si June comporte aussi une certaine gravité à un moment, celui où le « monstre » cauchemardesque surgit (celui des doutes quant à sa capacité à être un bon père, pour ne pas dire un homme bon), il possédait néanmoins ce que portait le coeur du jeune père, c’est-à-dire un sentiment d’exaltation et d’amour inconditionnel. Dans Black mirror, la légèreté n’est pas de mise. Le texte parle effectivement de détresse, des mécanismes conduisant à la dépression et potentiellement jusqu’au suicide.

Solitude, isolement, ces deux mots ont pris une consistance profonde avec le confinement. Mis de côté par l’ensemble de la société, privé d’une partie de sa liberté, l’Homme s’enferme avec ses idées noires. Pour quel résultat ? Celui qui révèle chez certains une fragilité. Ou, pour ceux qui se savaient déjà fragiles, la rehausse sans qu’il soit possible d’y faire quoi que ce soit. Le titre est sombre, laisse une boule dans la gorge, une sensation qu’il est impossible d’expulser autrement que par (à vous de choisir) l’alcool, les médocs, une balle dans la tête ou une corde passée au cou.

Le (re)confinement.

Si le premier épisode fut dur à avaler, le second l’est beaucoup moins. L’être humain s’adapte (c’est une chance). Enfin, nous disons cela mais il reste que pour les personnes fragiles ou s’étant découvertes fragiles le reconfinement possède à peu près les mêmes conséquences. Dans le cas de Full Moon Little House, il est mieux vécu, notamment car le premier fut suivi des révélations évoquées plus haut. Il a le temps d’écrire, de composer, de poser ses idées. Confiné, il n’a « que ça à faire ». Certes, il gère sa fille, mais quand sa compagne le fait, et lui laisse la possibilité de composer, Kévin la saisit avec gratitude.

C’est presque une chance. L’isolement, quand on est entouré de la sorte, permet de se focaliser sur le travail musical sans ressentir de contraintes (personnes à aller voir, moins de temps passé au boulot, physiquement parlant). A 100 % dans la musique, l’inspiration vient. Deux titres sont par exemple en préparation, au point que Full Moon Little house pensait pouvoir les sortir ce mois-ci.

Mais comme l’inspiration et la concrétisation de celle-ci sont deux choses parfois incompatibles sur le moment, les éléments se combinent mal, bien que les idées soient présentes. Seul un titre, qui donne pas mal de fil à retordre à son géniteur, verra le jour. Mais qu’importe, l’objectif fixé était d’un morceau par moi, Kévin reste « dans les clous ».

Français/Anglais ?

Nous le notons ici comme pense-bête pour un prochain article. La question de la langue, du texte, ont été abordé dans notre entretien avec lui. Dans sa quête de sincérité et de la juste expression de ses ressentis, Kévin travaille sa voix au plus près de sa personnalité, de qui il est. Il en est de même pour la question de la langue. Si l’anglais sonne mieux et lui vient « spontanément », même s’il ne s’estime pas bilingue, il s’interroge sur la place du français pour, justement, traduire au mieux ce qu’il éprouve.

Nous y reviendrons dans un prochain article. De la même façon, si nous avons évoqué la chance que lui laisse sa compagne en lui permettant d’écrire et de composer pendant de longs moments, il nous faudra revenir sur le rôle de ceux qui lui ont permis d’avancer sur le chemin de Full Moon Little House (qui n’est qu’un commencement, rappelons-le, puisque le projet reste pour le moment solo, même si à terme il débouchera sur un groupe). On reviendra là-dessus très prochainement.

full moon little house texte

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