Festival des caves : Le chemin des Étoiles in cavelux
Le festival des caves est un événement organisé à Bordeaux et alentours plaçant le théâtre au plus près des habitants en investissant caves, greniers etc. pour une immersion totale. Claire Poirson y a adapté et interprété son livre hybride Le chemin des étoiles. Elle a répondu à quelques questions.
Interview Voie Lactée Poétique
Litzic : Présentez-vous si vous en avez le désir…
Claire Poirson : Je suis autrice de théâtre et de poésie, metteuse en scène pour la compagnie L’Extra théâtre, comédienne et directrice de la collection Entr’Actes pour les éditions Ex Aequo.
L : Vous êtes l’instigatrice de l’adaptation du Chemin des Étoiles paru en mars dernier chez les Éditions Ex Aequo… Pouvez-vous nous dire sans mentir quelle forme prend cet élixir ?
Claire Poirson : L’instigatrice est un bien grand mot. Pour ce projet, j’ai souhaité passer la main, voir comment le recueil évoluerait dans d’autres esthétiques. Je suis comédienne (en seule en scène) sur ce spectacle, mais j’ai cédé la mise en scène à Natacha Roscio, du collectif Mixeratum Ergo Sum. Le recueil prônant les différentes façons de dire l’amour, entre alexandrins, haïkus, dessins, peintures, graffitis, je voulais l’adapter à la scène pour ouvrir d’autres possibles au texte, que le format papier ne permettait pas : l’usage de la musique, une autre façon de travailler le visuel…
Mais seule, j’aurais manqué de recul, et je ne voulais surtout pas proposer une redite du texte papier. Natacha Roscio m’a non seulement mise en scène, mais elle a choisi les textes, les a réagencés, en a proposé une lecture, une interprétation, une autre vision. Il aurait été dommage de m’enfermer dans un univers clos quand il s’agit d’étoiles. Pour celleux qui ont lu le recueil, donc, il s’agit bien d’un nouvel objet artistique.
L : Qui en est la maîtresse et l’empire ?
Claire Poirson : Je crois que j’ai un peu anticipé cette question. Oups.
L : Sous quelle égide se trouve cette love spire qui paraît-il inspire ?
Claire Poirson : La pièce a été créée dans le cadre du Festival de Caves, géré, dans son antenne bordelaise, par le collectif Mixeratum Ergo Sum. Mixeratum a eu l’amabilité d’inviter mon association, L’Extra théâtre, ainsi que le collectif L’GA, représenté par Gary Nadeau, à participer aux créations de cette année.
… on se retrouve sous terre, avec un spectacle juste sous les yeux…
L : Et dans quelles places des plaisirs se joue cette prouesse de fakir ? Saurez-vous, dame éthérée, nous donner envie de partir sur les ailes de vos délires sans rien gâcher du commun avenir partagé entre votre public et vous, l’enAMORamenta flALMA ? D’où vous est venue l’idée de donner une autre dimension à votre OVNI littéraire ?
Claire Poirson : Le principe du Festival de Caves est simple : nous jouons chez l’habitant.e, dans des caves, qui sont tenues secrètes jusqu’au moment du spectacle. Les gens réservent leur place, ils savent simplement dans quelle ville aura lieu l’événement, la veille ils reçoivent un SMS avec le lieu de rendez-vous du lendemain, notre équipe vient les chercher et les amène sur le lieu du spectacle. Donc, où… Surprise !
Déjà, le lieu est une idée géniale. J’avais déjà assisté par le passé à des spectacles en caves dans le cadre du festival, et c’est totalement atypique, l’ambiance est magique, le public est proche des artistes (spoiler alerter : une cave, c’est petit), on se retrouve sous terre, avec un spectacle juste sous les yeux, dans un lieu dans lequel on a davantage l’habitude d’aller chercher une bouteille ou de poser son vélo que de regarder du théâtre, c’est donc une expérience unique. Ensuite, en ce qui concerne le spectacle, je travaille sur les limites du langage, l’ineffable des sentiments.
Le livre en est une proposition, le spectacle une autre, et une exposition des peintures du recueil est également en train de tourner. Suivre tous ces maillons du travail permet d’appréhender le travail global que j’effectue autour de cette question de « dire l’amour ». Je manque d’objectivité pour parler du spectacle, évidemment, mais ce que je peux dire, c’est que je prends beaucoup de plaisir à le jouer, et que le travail que nous avons effectué sur les lumières, sur comment figurer des étoiles dans une cave, comment rapprocher la voûte céleste des voûtes en pierre, le Très-Haut du sous terre, était passionnant, et que j’aime beaucoup le rendu esthétique.
Je crois que je suis trop amoureuse, je n’arrive pas à épuiser le sujet.
L : D’ailleurs pouvez-vous nous définir le terme OVNI ? Il me semble qu’il n’a pas le même sens chez vous et chez le commun des séraphines et séraphins.
Claire Poirson : Ouvrage Volant Non Identifié. C’était une idée de mon directeur de collection, qui se reconnaîtra, j’imagine…
L : Avez-vous quelque chose à ajouter pour nos Litzic addicts, qui n’auront pas envie, en découvrant vos flux et reflux de palabres, de faire atterrir ou amerrir ni de flétrir ou de pétrir leurs cœurs romans tiques my dear ?
Claire Poirson : J’ai encore trop de choses à en dire. Je crois que je suis trop amoureuse, je n’arrive pas à épuiser le sujet. Les acryliques tournent également sous forme d’exposition (elle sera à l’Authentic Coffee à Bordeaux, au mois de juin, accompagnées d’un atelier de poésie hebdomadaire), étant donné que je viens du théâtre il était logique qu’une adaptation scénique soit une étape de ce travail. Et étape d’autant plus importante que le théâtre est mon premier amour (et que je lui suis fidèle), il était important pour moi de m’entourer de personnes de confiance, et dont j’aime l’univers pour partager ces étoiles.
Le spectacle peut être joué dans une cave, il peut l’être dans une grange ou un garage. Avis aux intéressé.e.s, on se déplace ! N’hésitez pas à me contacter si vous voulez mettre des étoiles dans vos caves, hangars ou granges.
Claire Poirson
Comédienne/Metteuse en scène
06.87.99.54.48
clairepoirson.wordpress.com
Twitter : @ClairePoirson
L :Merci d’avoir répondu à mes rimequestions…
Propos recueillis par Florent Lucéa.
Po’AIMant tous azimuts
C’est Claire descendre dans une cave
C’est une idée un peu cave
À moins qu’elle ne soit concave
Mais ce n’est pas si grave
C’est une aventure qui se grave
Dans nos cortex que l’on gave
Avec des normes qui aboient et bavent
C’est Claire cheminer vers le boréal
Dans la pénombre sépulcrale
D’une cavité où le démon s’installe
C’est une folie qui se dédale
Mais c’est plus fun qu’un récital
C’est Claire des vers des larmes fils
Et de poétiques images défilent
Tandis que les lunes tintamarrent
En tissant rêves et cauchemars
De la dame ADNamourachée
De sa flamme d’éternelle gémellité
Florent Lucéa a rejoint l’équipe Litzic. Il chronique pour vous les BDs qui lui ont tapé au coeur et à l’oeil. Peintre, dessinateur et auteur protéiforme, il apporte son regard à la fois curieux et pertinent sur ce que l’on nomme communément le Neuvième art. Il a été notre auteur du mois en mai 2019.
Depuis 2021, il dirige également la collection encre sèche des éditions Ex Aequo