DE TOI, Gabriel Kevlec et En toi vus par Florent Lucéa

de toi, en toiAu fond de toi, je me suis trouvé moi.

Nous fondre comme les neiges éternelles, nos secousses comme de douces roses vermeilles posées sur nos prunelles, comme des pensées chaluts altiers chavirés sur l’oreille. Nos lèvres merveilles s’épousent dans l’éther… nitré : comme il est doux, le goût des pêcheurs imprécateurs !

Habitez ta peau,

t’enfiler comme une veste à carreaux et quitter mes oripeaux, voilà le plus grand délice, mon cher calice. Je suis mimétique, je m’imbrique dans ta peau, je revêts ton derme, je chevrote tes mots, nous tressaillons à travers tes os d’aura mélodique.
J’ai le cœur entre deux eaux, je me noie, je m’enivre, je m’enorgueillis d’emprunter tes atours et tes envies. Je possède le fruit défendu, je le désire, je le « plussoie », je ne veux plus être moi, mais est-on vraiment soi, lorsque le linceul vous a couvert, du moins de manière métaphorique ?

Cette lande morne et floue, où mon âme torve et tordue a achevé sa vie dissolvante, je me diluais de toute façon dans cette non-existence de masques de Janus, « dévoradorateur » de fleurs nacrées, véritables trésors d’enchanteresses d’albâtre.

Je refuse l’au-delà irrésolu

, ce que je veux, c’est ton corps, c’est ton boudoir, c’est l’Alcôve de ta collection, la moindre de tes connexions, les soubresauts et l’ivresse… Oui, c’est ça, je suis ivre de vivre dans ton enveloppe charnelle, je suis ire intemporelle, car je ne peux toucher ton épiderme sensuel, je ne peux saisir tes poils bouclés qui enluminent la région irrévérencieuse sous ton nombril de sel et de nacre, aussi dark, my blue darling, que le plus sombre des terrils âcres !

Les doigts glissés dans l’ouverture, je veux faire glisser la fermeture en un éclair, je veux m’abandonner dans tes bras protecteurs, je veux ton sang, ta chaleur, je veux que nous soyons tourbe, mélasse, luxure, cire divine, feuilles d’or entrelacées, vignes vierges qui « se carabistouillent » et soignent leurs brisures, avant de rejoindre pour de bon l’azur, et s’égarent dans le Jardin des délices ou dans le Jardin du bien et du mal ou dans les Jardins du Roi, entre danses enivrantes, chavirantes étreintes et mirobolantes cavalcades, des chevauchées fantasmagoriques, nos fantasmes fan à tics, à trocs, à trac, à tictac de trotteuse fiévreuse.

Sois mon pistil, je serais ta corolle…<:h3> non, mais je déconne à plein tube ! Je délire grave !

I’m crazy, I’m fond of you perhaps, I often dream of your mind-blowing body, I really adore your amazing soul, you’re so stunning, baby, take my breath, take away dark monsters and give me your light, we are shining drama rainbow kings or queens…
We don’t care, because we are infinite lovers ! On s’en fout, car nous sommes des amants infinis !

Je suis fou, dingue de toi, je rêve souvent de ton corps époustouflant, j’adore ton âme hallucinante, tu es mirobolant, bébé, prends mon souffle, chasse les monstres crépusculaires et donne-moi ta lumière, nous sommes de dramatiques et rayonnants rois arc-en-ciel, ou des reines…

En faim de conte, ce qui compte,

c’est que l’on se marie, que l’on se fonde, que l’on se crée notre monde, que l’on repousse l’immonde, car nous faisons partie de la rotonde sociétale : c’est la merde pour tout le monde, et ça devrait nous être égal, à toustes !
Tu es à moi… je suis à toi… non, c’est un peu con… C’est un peu court, jeune homme, en somme, nous pourrions être un peu plus inventifs, my breath-taking lover, non ? Nous pourrions dire que nous ne promettons rien, que nous ne nous appartenons pas, que je squatte ton corps, que tu es le seigneur de mon cœur, you’re my heart, you’re my soul… Oui, je sais, c’est du plagiat, mais bon, y a pas de règles…
Après tout, t’en connais beaucoup des mecs qui attendent de passer l’arme à gauche en pleine jungle vietnamienne pour prendre leur destin en mains, toi ? Too late, isn’t it ? Trop tard, hein ?

Et tu te retrouves dans un San Francisco moderne, tu tombes in love avec un keum de chair, alors que toi, t’es air, éther, rien du coup quoi, enfin pas grand-chose de consistant, pas grand-chose à se mettre sous la dent, et tu te loges dans le corps de ton crush, le seul de toute ta chienne de vie… enfin de mort… enfin, tu vois le tableau, quoi ! Et tu te dis, bah, va falloir que j’assume le fait d’être un usurpateur à titre posthume, mais nom d’une enclume, faut bien que j’entretienne le brasier qui me consume ! Rien que pour tes yeux, my dear… Parce que c’est toi… et personne d’autres, starlight dreamer !

Ben, ouais, les rageuses et rageux crieront : ça pue clairement le lapin crevé derrière un téléviseur avec un câble entre les quenottes votre histoire de romance eau de roses fadasses ! Et l’auteur de ce poème-chronique recevra encore des commentaires des deux harpies féroces aux plumes insipides qui se vautrent dans la diffusion de théories réfracturées, mais on s’en fiche : F*** off conformism, normativity, patriarcal disharmony ! MAKE LOVE NOT WAR ! MAKE LOVE, LIVE LOVE, LIFE IS LOVE !

de toi, en toiIl a fallu que je sois mort pour me sentir vivant, pour être moi, pour croire en moi, pour me dire que j’avais le droit de briller au soleil, au lieu de côtoyer les ténèbres, de passer pour le mec lambda, le soldat baba, le fils chouchou, mais en même temps, au commencement de tout parcours initiatique, il y a les ténèbres. Nous cherchons à les annihiler, nous voulons la lumière à tout prix, nous désirons une place au grand jour, mais ne faudrait-il pas apprivoiser ces ombres, les faire siennes, apprendre à vivre avec elles, pour mieux dépasser les obstacles et croître vers sa lumière, sans chercher à faire de l’ombre aux autres…

Il a fallu que mon corps soit criblé de balles, soit mis en bière dans la terre meuble, soit dépossédé de mon âme pour que je me sente enfin libre de vivre comme je l’ai toujours voulu, car je suis ce que je suis, I am what I am, et je mérite comme tout le monde de trouver ma voie. J’ai souvent changé de cap, traversé des carrefours, pris des dead end et des chemins de traverse pour mieux me trouver… et je me suis trouvé uniquement, car j’ai pu être EN TOI.

 

 

 

florent lucéa 2021

Florent Lucéa a rejoint l’équipe Litzic. Il chronique pour vous les BDs qui lui ont tapé au coeur et à l’oeil. Peintre, dessinateur et auteur protéiforme, il apporte son regard à la fois curieux et pertinent sur ce que l’on nomme communément le Neuvième art. Il a été notre auteur du mois en mai 2019.
Depuis 2021, il dirige également la collection encre sèche des éditions Ex Aequo

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