04-23, d’ Ulrika Spacek à Skopitone Sisko
Nouvelle sélection du vendredi 27 janvier.
Quoi qu’on en dise, la musique, ce n’est jamais que 7 notes qui se baladent sur une partition. Pourtant, elle n’en finit pas de nous émouvoir, allant de la pitrerie à l’introspection la plus sensible. Cette playlist 4-23 s’avère élastique et nous promène d’un extrême à l’autre, toujours pour notre plus grand plaisir.
ULRIKA SPACEK, The sheer drop
Entame de titre presque psychédélique avec ce drôle d’effet, le titre dérive vers un rock mélodique mais étrangement bancal, osant les changements de direction brutaux, comme pour mieux nous désarçonner et nous ramener à lui. Une constante néanmoins, un mélange de fragilité/force, de spleen/joie, pas loin de nous rappeler, par certains aspect, Tame Impala, bien que leurs musiques soient très éloignées.
Mais l’on retrouve des sensibilités fortes, s’exprimant de façon totalement libre et détachée de toute contingence commerciale, ce qui fait notre plus grand bonheur car, ici, l’expression est totalement viscérale et primale. Sans faux paraître, Ulrika Spacek nous éperonne et nous embarque dans son univers contrasté, certes un peu exigeant, mais cette volonté de ne pas céder à la facilité permet à la beauté de The Sheer Drop de nous éclater en plein visage. Ce single annonce le troisième album du combo, Compact Trauma, qui sortira en mars prochain.
ORACLE SISTERS, Tramp like you
Être pop ou ne pas l’être. Oracle Sisters a choisi son camp et nous offre une pop raffinée, élégante, joliment faite, mêlant instruments acoustiques et électriques, et qui dégage ce sentiment d’optimisme un peu grandiloquent qui fait du bien par où il passe. Pour autant, le groupe ne se fourvoie pas en allant dans l’ostentatoire. Au contraire, il choisit le côté feutré de la pop, celui qu’il fait bon écouter au coin du feu, chez soi, avec quelques amis triés sur le volet.
Ce très beau Tramp like you jouit en plus d’une mise en images tout aussi élégante, auréolé d’un charme discret et quelque peu désuet qui renforce le charme de la composition. Hydrasim, l’album dont est extrait Tramp like you, sortira lui au mois d’avril.
LITTLE JIMI, Indian Rain live
Ce n’est un secret pour personne, on aime le rock lourd et psyché. Alors quoi de mieux pour le démontrer une fois encore que cette live session de Littlle Jimi avec le titre Indian Rain, extrait de leur dernier album en date, The Cantos, sorti chez WRS records.
Pas de grosses surprises, mais un plaisir toujours jouissif à l’écoute de cette pièce à la fois aérienne et terrienne. Belles harmonies vocales pour commencer, puis l’ambiance s’électrifie,s e plombe sans jamais devenir trop lourde, sans jamais virer vers un rock hard moins nuancé. Car ici, de la nuance, il y en a, tant la composition déjoue les attentes et semble se jouer des automatismes. Plaisir donc, mais aussi formule originale du fait que le groupe joue sans bassiste. Qu’importe, le son des grattes comble largement les attentes et nous propulse dans un groove tellurique implacable. Que du bon on vous dit !
ACID GRAS, Ripaille à Versailles
On est rock ou on ne l’est pas. Assurément, avec son punk rock très second degré, Acid Gras, qu’on avait découvert avec leur précédent titre Ton chien est moche, fait partie de ceux qui sont rock. Pas de prise de tête, quelques accords crétins, un texte qui ne l’est pas moins, et le tour est joué. Mais…
Mais loin d’être crétin, le trio joue des codes et les détourne en nous proposant une musique haute énergie, à la fois drôle et critique, le tout en étant d’une redoutable efficacité. Car, si les paroles sont crétines, elles sont finement troussées (dans leur genre) et nous laissent en tête une mélodie addictive mais jamais assommante. Ce trio ne manque pas de peps, ni de sel, et nous offre une musique décomplexée et réjouissante. En un mot : rock !
SKOPITONE SISKO, Singapour
Il faut convenir d’une chose : la pop aujourd’hui a la fâcheuse tendance à s’uniformiser. Mêmes sonorités, mêmes rythmes, mêmes ambiances. Pourtant, certaines formations, s’ils reprennent peu ou prou les mêmes ingrédients, élaborent des recettes un cran au-dessus. C’est le cas avec ce nouveau titre dévoilé par Skopitone Sisko qui, grâce à une production millimétrée et un sens du groove n’appartenant qu’à eux, nous propulse dans un voyage vers Singapour de très belle qualité.
Alors oui, les âmes chagrines diront que ça a déjà été entendu, pourtant, à y pencher l’oreille sérieusement, on remarque une variété de détails qui nous accrochent et font qu’on ne zappe pas au profit d’un autre morceau. L’évolution du groupe se poursuit, toujours avec un tact bien particulier et si leur titre précédent nous avait fait l’effet d’un hit en puissance, Singapour pourrait bien le détrôner dans le cœur des auditeurs avides de danse et de pop plus enlevée. Ce groupe, gros espoir de la scène française et bretonne, n’en finit pas de nous réjouir.
BONUS : JEANETTE BERGER LIVE IN STUDIO
Nous avions chroniqué l’album live de Jeanette Berger, et c’est avec plaisir que nous la retrouvons avec ce live in studio. La formule soul blues de la chanteuse autrice compositrice s’avère bien rodée et ne manque jamais de nous réchauffer le cœur. Bien faite, inspirée, sa musique est un hommage aux aîné.e.s autant qu’à la propre personnalité de l’artiste. Donc on savoure et on se tait….
Patrick Béguinel