[REVUE] La Revue des Cent Papiers, numéro 4 : Ténèbres
Abreuvez-vous de ténèbres
La Revue des Cent Papiers est née dans l’esprit du Faune. Qui est ce mystérieux personnage ? Un amoureux de l’étrange et du bizarre à n’en pas douter. Il orchestre tout d’une main de maître et distille ses pas caprins de page en page. Il laisse sa trace fugace et collecte des textes et des œuvres plastiques d’Outre-Mondes. Ces créations mystiques et oniriques à souhait servent un thème sans cesse renouvelé par les méninges labyrinthiques du Faune. La revue se targue déjà de plusieurs numéros et de plusieurs hors-série. Elle étend son influence fantasmagorique tous azimuts pour ravir nos yeux vitreux, nos corps dégingandés et nos âmes désincarnées. Pour ce numéro 4, le Faune nous bouscule avec le thème Ténèbres !
Tremblez, pauvres hères en mal de sensations fortes ! Les nouvelles et les propositions artistiques explorent le thème avec délectation. Attendez-vous à être bernés par des sensitifs au mieux de leur forme qui joueront avec vous comme si vous étiez des proies entre leurs chélicères acérées. Vos poils se dresseront sur vos avant-bras sans que vous puissiez vous raccrocher au bastingage. Vous allez chavirer et vous aimerez ça. En effet, le Faune comme ses disciples savent ce qu’ils font. Ils s’amusent de vos peurs enfouies, se nourrissent de vos failles et vous alertent sur les ténèbres qui squattent vos cortex.
Fantaisie Symphonie
Le Faune se délecte, se repaît, se gave avec avidité des littératures de SFFF (Science-Fiction, Fantasy et Fantastique). À l’instar de la Revue L’Ampoule (dont je vous ai déjà parlé) des Éditions de l’Abat-Jour, la Revue des Cent Papiers, biberonnée à la pop culture et aux jeux de rôles épiques, a tous les atouts pour emporter l’adhésion des pourfendeurs de bestioles cornues, de résidus galactiques, de korrigans farceurs ou de sorcières édentées et échevelées qui en veulent à votre jeunesse.
Le numéro 4, Ténèbres donc, est un réceptacle mirifique de nouvelles horrifiques qui vous emmènent dans une direction pour mieux abattre sur votre cou gracile la lame funeste d’un dénouement terrifiant. Vous serez marqués au fer rouge de la stupéfaction, vous serez dévorés vivants et vous partagerez le sort peu enviable de bien des protagonistes de ces histoires idéales pour produire de l’adrénaline.
La lecture est salvatrice, quand elle rime avec divertissements alambiqués et messages universels. La revue emprunte aux codes des différents genres qu’elle défend et prend un malin plaisir à tromper pour mieux éveiller vos consciences en dormance à cause de tous ces écrans insensibles et toutes ces informations prémâchées que l’on vous déverse tout cuit dans le bec. Réveillez votre curiosité, votre appétit insatiable de nouveauté, votre envie d’arpenter des landes incongrues en rejoignant les rives du pays du Faune.
Graphique hégémonie
En ce qui concerne les illustrations, elles transfigurent les nouvelles en leur offrant un éclairage nouveau. Qu’elles soient en couleur ou en noir et blanc, ces graphiques méandres attisent la forge créative de la revue et la sublime. Elles offrent une autre grille de lecture et d’appréciation, car elles sont souvent associées à un texte a posteriori. Le Faune se charge de constituer les associations et d’agencer nouvelles et images avec un savoir-faire que beaucoup lui envient sans doute.
Les illustrations sont diverses, et de cette diversité naît l’intérêt. Elles se marient et dialoguent avec un dialecte secret. Leurs connexions nous sont étrangères et familières en même temps. Cette dualité fait écho à la couverture sublime à la profondeur et à la noirceur indubitable. Nous sommes happés par les yeux de cette créature avide au sourire énigmatique. Nous avons presque l’impression qu’elle va sortir de la page pour nous attaquer. Elle n’est d’ailleurs pas la seule à vouloir s’échapper, semble-t-il.
Une sorte de famille lugubre s’est constituée au fil des numéros. Le Faune sait choisir avec soin ses collaborateurs et ses contributeurs pour mijoter des petits bijoux fleurant les relents de marmite lors d’un sabbat, de gruau préparé par la Famille Addams ou de potion métamorphique créée par les sorcières de Sacrées Sorcières ! Bref, nous en prenons plein les mirettes et nous sommes ravis d’être les otages de ces ténèbres aux lettres cramoisies.
Pour conclure
La Revue des Cent Papiers, numéro 4 : Ténèbres vous invite à entrer dans des antichambres peu fréquentables, peuplées de monstres à visage plus ou moins humain, de personnages dignes de tous les Nosferatu, Horla, harpies, sirènes, banshees et autres Baba Yaga qui habitent les contes horrifiques de notre enfance.
Le voyage vous laissera un rictus au bord des lèvres et votre palpitant manquera un ou deux battements, mais vous prendrez un plaisir sans bornes à jouer les individus effarouchés. La revue rend un bel hommage aux littératures de l’imaginaire qui permettent une évasion salutaire dans des moments bien ternes. Il s’agit peut-être de ténèbres, mais ces dernières vous apporteront la lumière nécessaire pour vous maintenir en éveil et pour refuser le spleen normatif gangrénant nos boudoirs modernes.
Florent Lucéa
(NDLR) Pour information, la mise en page de la couverture fera peau neuve pour le numéro 5. Vous pouvez également découvrir, par cette vidéo, l’histoire de la revue. Enfin, l’histoire du Faune fera l’objet d’une série littéraire constituée de courts épisodes accessibles uniquement aux adhérents de la revue. Elle n’a cependant pas commencé pour l’heure.
La Revue des Cent Papiers, numéro 4 : Ténèbres, Association du Faune, Arts et Littératures d’Outre-Mondes, 2021
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Florent vous donne rendez-vous à la rentrée avec des nouvelles chroniques BD. En attendant, vous pouvez relire sa dernière en date, Le voyage de Marcel Grob
Florent Lucéa a rejoint l’équipe Litzic. Il chronique pour vous les BDs qui lui ont tapé au coeur et à l’oeil. Peintre, dessinateur et auteur protéiforme, il apporte son regard à la fois curieux et pertinent sur ce que l’on nomme communément le Neuvième art. Il a été notre auteur du mois en mai 2019.
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