PHILIPPE LABAUNE Le portrait

philippe-labaune-poésie-moderne-auteur-du-mois-litzicNous consacrons le mois de février à un auteur que nous qualifierions d’atypique. Venu tard dans l’écriture même s’il est ancré dans un milieu où elle prédomine, celui du théâtre, il publiera très prochainement un recueil, Oeils, aux éditions Gros textes .

Ces textes ne sont pas des nouvelles, ne sont pas non plus de la poésie, tout du moins à proprement parler, de la manière formelle dont il convient de parler des unes et des autres. Dans le cas présent, il convient de ne pas créer de frontières là où elles n’existent pas. Il ne faut absolument pas tenter de classer les écrits de Philippe Labaune dans une catégorie, notamment parce que cet auteur marche lui-même en dehors des sentiers battus.

Philippe Labaune est metteur en scène de théâtre et, comme il l’explique dans l’interview que vous découvrirez prochainement, il y est venu grâce au jeu des circonstances. De même pour l’écriture, même si celle-ci lui est venue plus tardivement. Nous parlons bien là de l’écriture de ses recueils (Oeils, donc, et Panoptikon, terminé et à la recherche d’un éditeur, sans parler de ses nombreux chantiers en cours) pièces originales tant dans le fond que dans la forme, atypiques en un mot. Ces deux recueils traitent du regard, celui que l’on porte et celui qui nous est porté, de façon très dense, et sans balises d’aucune sorte.

Son écriture se caractérise par un jet, un « one-shot », une évidence qui sort, qui vit par elle-même et qui se développe à mesure qu’il se penche à nouveau sur elle, qu’il la retravaille, qu’il la peaufine pour en tirer le meilleur. L’idée jaillit, il la saisit, lui donne corps et forme, la malaxe pour en tirer la substance. Mais il en parle tellement bien que nous nous disons que forcément, tout cela vient naturellement, comme une part non dissimulée de son parcours, de vie, de sa psyché.

Il est évident que notre auteur du mois de février s’y connaît en écriture (par la force des choses et de son métier, l’amenant non seulement à lire beaucoup mais également à mettre en scène) il est également évident que Philippe Labaune sait diriger, construire, et faire confiance à ses sens. Ses textes s’en ressentent et dégagent une certaine force, presque crue, toujours orientée vers son objectif. Son écriture, loin du théâtre, laisser parler son moi, ces émotions, refoulées ou non, cachées bien au fond, tout en visant une forme d’universalité…

Écrire… Exercice à la fois inédit et tellement commun. Commun parce que nous savons tous (enfin presque) le faire. Inédit parce que loin des schémas habituels, puisque puisant au fond de lui, de nous, ou bien canalisant ce qui en ressort. Rien n’est simple, ou compliqué. Non, les deux se bousculent.

Dans tous les cas de figure, Philippe Labaune a choisi de s’exprimer. Et nous parlons là d’expression dans toute sa splendeur, dans toutes ses formes. D’ailleurs, fait du hasard (mais le hasard existe-t-il?), ses textes se parent d’atours à la fois variés et inattendus, dans une déclamation atone, sans emphase, ou bien en relation avec une musique minimaliste, même si les écrits se suffisent à eux-même.

Philippe Labaune prend les choses comme elles viennent à lui, tente, essaye, s’inspire ou laisse les inspirations toucher d’autres que lui. Une fois couchés sur papier, les mots, s’ils ne volent pas, car les écrits restent, happent les lecteurs qui s’y risquent. Si un qualificatif devait y être apposé, nous parlerions d’expérimentation viscérale, quelque chose qui ne triche pas, qui ne joue pas, sinon à créer des émotions.

Toute la personne de Philippe Labaune transpire cette vision, cette passion. Tout semble moulé dans le même mouvement, celui d’un cercle dans lequel tout roule, tous les rouages en étant parfaitement huilés. Pourtant, ce cercle ne se referme jamais totalement, car notre auteur de février y apporte toujours une nuance supplémentaire, comme tout imaginatif se respectant.

Tout cela ressemble à s’y méprendre à la vie. Avancer pour ne pas mourir. Écrire quand on a quelque chose à dire. Le tout avec une simplicité d’être, une spontanéité désarmante, et un caractère éminemment sympathique. Comme leur auteur.

Philippe Labaune nous fait l’honneur d’être présent sur nos pages de février, et nous l’en remercions chaleureusement.

Autre auteur du mois ? Marianne Desroziers

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