MAYA KAMATY Pandiyé

maya-kamaty-pandiyé-lp-chronique-litzicDeuxième album , Pandiyé , disponible le 29 mars (Vlad production)

Peut-être connaissez-vous déjà Maya Kamaty, artiste réunionnaise, dont Pandiyé est le deuxième album. Si Santié Papang, son premier disque, s’avérait traditionnel et acoustique, avec chant en créole, véhiculant le maloya, ce blues ternaire hérité des esclaves Malgaches et Africains, Pandiyé se tourne vers la modernité (sans renier ses origines).

Entre tradition et modernité

Nous retrouvons, dans le chant et la gravité de certains titres, ce blues dont nous ignorions l’existence. Mais le blues n’est pas que succession de simples notes de musique, c’est une attitude que nous portons en nous, et celle-ci est bien présente dans ce deuxième album. Si nous y ajoutons l’usage du Kayamb (instrument de la famille des percussions) et du takamba (autrement appelé n’goni, instrument à cordes), le côté traditionnel est très présent dans cet album sans que celui-ci s’enferme dans les schémas préconçus de son prédécesseur.

Pandiyé s’affranchit du côté acoustique de Santié Papang. En usant de sonorités électro, il se tourne vers la modernité. Le côté électro vaut principalement par des programmations de machines, notamment au niveau des rythmiques. Pourtant le son de Pandiyé n’en demeure pas moins chargé d’âme. Cela vient d’une part du chant en créole, d’autre part par l’usage d’instruments plus classiques et charnels (guitares, pianos, basses). Mais cela ne fait pas tout.

Invitations à nous perdre dans un univers à part

La production de l’ensemble est chaude, loin de certaines productions qui jouent le froid et la désincarnation. Non, ici, Maya Kamaty nous invite à entrer dans son univers, par une voix puissante, caressante comme capable d’envolées presque lyriques, par une simplicité, presque une humilité serions-nous tentés de dire, qui donne envie d’approfondir les écoutes.

Parce que c’est principalement là que réside la magie de cet album. L’envie de le réécouter, l’envie de le décortiquer, de l’approfondir, d’en connaître toutes les nuances (et elles sont nombreuses), tous les secrets. Alors nous ouvrons les tiroirs de Pandiyé les uns après les autres, appréhendons les sonorités inédites des instruments traditionnels, cherchons à comprendre ce chant créole qui nous échappe mais qui dégage une vérité universelle qui fait que l’intention de la chanteuse se fait parfaitement compréhensible.

Fier et intense

Cet album est une source intarissable de plaisirs. Il dégage des émotions fortes, une forme de tristesse ou de mélancolie par moments, de forte joie à d’autres, bref ne nous ménage pas, tout en restant homogène, sans doute grâce à l’identité forte de Maya Kamaty. D’ailleurs, Kamaty, son deuxième prénom, était celui d’une femme debout, marginale et intense qui habitait le village de Grand bois et dont lui a beaucoup parlé son père.

C’est peu dire qu’effectivement nous retrouvons beaucoup d’intensité et de fierté dans ce disque aux racines profondément plantées dans le sol et dont Maya Kamaty se fait porte-voix.

 

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