[ AUTEURE DU MOIS ] BARBARA MARSHALL Le mot de la fin

Le mot de la fin de Barbara Marshall.

Le mois d’avril se termine. Ce mois, à l’image du mois de mars, fut très étrange. Travailler de concert avec Barbara Marshall fut une parenthèse, de celles qui font du bien. La plume de cette auteure nous a fait vibrer, par la sensibilité qu’elle dégage, par cette capacité à dire simplement les choses, telles qu’elles sont. Ce n’est pas si simple, croyez-le, d’exprimer une émotion, une sensation, de façon si précise qu’elle semble aller de soi. Une fois encore, nous répétons que les auteur.e.s possèdent la magie de faire émerger tout ce qui est souterrain en nous, de le rendre beau, unique, vrai. Barbara Marshall possède cette grande qualité d’être dans le juste, de ne jamais forcer le trait pour que jaillisse toujours une vérité, celle que tous les auteurs essayent de percer à jour. Certains y arrivent mieux que d’autres. Et nous avons la chance, ce mois encore, d’avoir pu rencontrer une auteure y parvenant à merveille. La liste s’allonge donc, sur Litzic, de ses auteurs et auteures peu médiatisés de nous montrer qu’ils ont tout des grands. Et ça, c’est un signe d’espoir par les temps troubles que sont les nôtres. La littérature reste non seulement un moyen d’évasion, mais elle est surtout un moyen de compréhension, de ce qui nous entoure et de ce qui bouillonne en nous. Nous ne saurions trop remercier Barbara Marshall pour sa gentillesse et son implication (et son talent il va sans dire). Voici son mot de la fin.

Lettre aux lendemains

À l’heure où nous redécouvrons des évidences telles que la place centrale de la santé – et pas seulement dans les vœux de bonne année, le rôle indispensable de tous les personnels soignants, aidants et accompagnants, la place des travailleurs invisibles du quotidien, sur les routes, derrière les caisses ou les comptoirs, aux cuisines etc. Je dis oui, nous avons besoin les uns des autres ! Oui, la solidarité est la seule réponse face à une catastrophe quelle que soit sa nature. Elle doit inclure les plus fragiles et les plus démunis dans cet élan indispensable à la survie d’une société digne de ce nom.
À l’heure où nous ignorons l’ampleur réelle de la vague de décès et de douleurs, je voudrais apporter mon éclairage non pas sur le confinement ni sur les ravages de cette pandémie, mais sur les lendemains auxquels j’adresse cette lettre. En effet, ces mots sont d’abord à destination des jeunes, et de ces générations auxquelles les aînés ont laissé des questions repoussées toujours à plus tard.

Face à aux inquiétudes suscitées par une Histoire qui déchante, vous avez la capacité et le devoir de porter haut le flambeau de vos espoirs. Le moment est venu pour vous de les préserver et de les faire advenir. Je n’ai malheureusement pas de recette magique, mais quelques pistes pour vous y aider.
Tout d’abord, cherchez votre bonheur. Je ne parle pas de cette forme de passivité lascive devant un écran quel qu’il soit, je vous parle d’un peu de soleil dans le cœur, de l’étincelante légèreté de l’air et de l’évidence d’un moment. Ces fulgurances si précieuses qui vous construisent et que vous gardez au fond de vous, cultivez-les. Elles sont les passerelles vers vous-mêmes.
L’enjeu à venir n’est pas seulement écologique, social, économique, il réside avant tout dans nos représentations individuelles et collectives du réel. Alors évidemment, il ne se présente pas en tant que tel, il faut décrypter, et pour décoder, la maxime grecque n’a pas pris une ride « Connais-toi toi-même » ! Ne laissez pas vos désirs ou vos idées se retourner contre vous. Respirez, méditez, priez s’il le faut, mais gardez à tout prix cet espace intérieur qui appartient à vous seul. C’est à cette condition que vous pourrez trouver la beauté du monde. Ce qui vous aspire dans sa joie, ce qui vous inspire de l’enthousiasme, de l’amour, de l’amitié, toutes ces balises sur votre route vous conforteront dans vos choix.
N’ayez pas peur des discours de vos aînés, vous êtes ce qu’ils ont fait de mieux. Les idées de progrès et de richesse ne leur appartiennent plus depuis longtemps. Ne craignez pas les critiques, les jugements péremptoires, allez de l’avant vers ce qui vous apparaît juste. La beauté du monde se trouve partout, mais seul votre regard vous permet de la découvrir. Certains artistes vous y aideront par les mots et les sens. Cependant, vous seuls pouvez aller vers elle en écartant l’inutile et le nuisible. Comprenez-moi bien, il s’agit d’un mouvement qui part de vous, et qui vous guide dans les temps obscurs tel une source de lumière.
Vous irez alors sur vos propres chemins en construisant vos espoirs sans les trahir. D’autres vous rejoindront, vous serez nombreux, je l’espère, pour tisser cette nouvelle toile. La culture n’est rien d’autre que ce qui nous relie dans cette beauté du monde. Je vous fais confiance pour semer à votre tour des graines d’espérance.

Barbara Marshall mot de la fin

Quelques liens utiles :

Blog de Barbara Marshall

Son Site d’auteure

et son FB

Retrouvez le portrait de notre auteure du mois ICI

Retrouvez la nouvelle Blessure de sable ICI

première partie de l’interview de Barbara Marshall ICI, deuxième partie ICI, troisième partie ICI

Relire la chronique de Secrets et Turbulences ICI

Ajoutez un commentaire