[ INTERVIEW (SUITE) ] CHRISTOPHE SAINZELLE, toujours simplement
Suite de l’interview menée avec Christophe Sainzelle, notre auteur du mois.
Découvrez la suite de l’interview que nous avons mené avec Christophe Sainzelle. Elle vous permettra de mieux cerner le personnage qu’est cet auteur à la plume trempée dans une sensibilité en acier blindée.
Interview, la suite…
Litzic : Pour en finir avec l’adolescence, quelles étaient tes lectures à ce moment-là ?
Christophe Sainzelle : Je lisais surtout de la littérature de genre. Je viens d’un milieu modeste où personne ne lisait. J’ai commencé avec la bibliothèque verte, les six compagnons, Bennett. Puis je suis passé à la science-fiction et à la Série Noire. J’ai dû lire tous les auteurs américains principaux durant cette période. De temps à autre, je lisais un peu de littérature générale, mais avec une espèce de complexe, comme si cela n’était pas pour moi.
L : Ton deuxième roman se situe, à l’échelle de la vie, un peu plus loin. Ton personnage est un accro aux courses hippiques qui décide de raccrocher. Pour ce faire, il décide d’écrire une symphonie. Il s’assoit sur un cheval à bascule et part en transe. As-tu besoin d’un cheval à bascule pour partir en transe et écrire tes histoires, ou le processus est-il beaucoup plus simple ?
Christophe Sainzelle : Non, en fait, je n’ai aucune difficulté à écrire. Je peux le faire dans n’importe quel endroit. Je n’ai pas besoin de routines ou de conditions particulières, mais j’aime l’idée du balancement pour échapper au monde. C’est ce que je faisais quand j’étais enfant pour me créer un monde en dehors des autres. J’avoue que cela relevait un peu de la psychiatrie…
L : Utilises-tu toujours la bonne vieille méthode papier/crayon ou as tu opté pour le tout ordinateur ?
Christophe Sainzelle : Le papier, c’est uniquement quand j’ai une idée, et que je ne veux pas l’oublier. Sinon, j’écris avec un clavier à touche plate (très important pour la fluidité).
« Le papier, c’est uniquement quand j’ai une idée… »
L : Ton personnage est immédiatement sympathique, grâce à ses faiblesses notamment. Quels sentiments t’inspirent les antihéros ?
Christophe Sainzelle : L’être humain est un anti-héros bourré de faiblesses, alors ça serait mentir et un peu vain d’écrire le contraire. Les gens sûrs d’eux et qui réussissent tout ne m’intéressent pas du tout. Sauf quand ils cachent des faiblesses.
L : Sais-tu toi-même écrire la musique ? Est-ce un don que tu aurais aimé posséder ?)
Christophe Sainzelle : Non. Comme pour l’écriture, je fais tout intuitivement, sans méthode. Je suis plus un artisan qu’un artiste. Ce qui me plaît dans la musique, c’est toucher l’instrument, en faire quelque chose qui me soit personnel. Je suis plus du côté de Syd Barrett que de Frank Zappa. (Même si je l’adore aussi.)
L : Ce personnage ne s’accomplit pas totalement dans sa vie (les événements de son histoire l’en empêchent). Considère-tu qu’en écrivant, tu touches à cet accomplissement personnel ?
Christophe Sainzelle : Je trouve effectivement que je donne le meilleur de moi-même dans l’écriture. Le fait de créer me satisfait. Dans la vie, je me trouve plutôt sans intérêt, alors c’est un peu comme enfiler un déguisement et briller le temps de quelques heures.
« Sinon, le prochain roman adulte racontera l’histoire d’un objet… »
L : Si tu ne devais en citer qu’un :
Christophe Sainzelle : Disque : Sell Out des Who..
Livre : Le secret de la vie de Rudy Rucker.
Film : Docteur Jerry et Mister Love de Jerry Lewis
Oeuvre d’art ou artiste : Le premier homme qui a représenté ce qu’il voyait.
L : Sans vouloir spoiler a suite de ta carrière, peux-tu nous dire si ton prochain roman sera placé encore un peu plus loin sur l’échelle de la vie avec l’histoire, pourquoi pas, d’un grand-père ?
Christophe Sainzelle : J’écris un roman jeunesse (ado), donc, c’est plutôt retour en arrière, dans la lignée de la double vie de Pete Townshend. Sinon, le prochain roman adulte racontera l’histoire d’un objet, mais je ne peux pas vraiment en dire plus, si ce n’est qu’il y aura de la fantaisie, de l’humour, mais aussi un peu de réflexion sur l’humain.
» Une fois que j’ai décidé de l’histoire, j’y pense tout le temps, et je la mets en place dans ma tête. »
L : Ton écriture est très fluide, comme si elle était écrite d’un seul tenant. Elle est pleine d’humanité également. Comment organises-tu ton travail d’écriture et de réécriture ? As-tu besoin d’avis extérieur ou procèdes-tu en « autiste » ?
Christophe Sainzelle : Une fois que j’ai décidé de l’histoire, j’y pense tout le temps, et je la mets en place dans ma tête. Je note les idées principales, les personnages. Ensuite, je m’astreins à écrire quelques heures de suite pendant plusieurs semaines. Cela peut se faire avec de la musique dans un casque ou dans le silence. Le temps se compresse, et là j’entre en transe, comme tu le dis. Ça déroule tout seul. Je fais très peu de corrections. (C’est peut-être un tort… ) Par contre, je ne garde qu’un tiers de ce que j’écris pour un roman. Après, je fais du montage. J’essaie d’être naturel et spontané.
Oui, j’ai absolument besoin d’autres regards. J’ai deux lecteurs qui me relisent. Ils sont de la partie et n’hésitent pas à me dire quand je suis à côté de la plaque. Je n’hésite pas à sabrer des passages entiers ou à réécrire selon leurs observations. Ils sont primordiaux pour la bonne marche du roman.
Retrouver la première partie de l’interview ICI
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Pour acquérir les romans de Christophe Sainzelle La double vie de Pete Townshend et Le non partant, direction les Éditions ETT