[CHRONIQUE] CHRISTOPHE SAINZELLE Le non-partant

christophe sainzelle le non-partant chroniqueChristophe Sainzelle, deuxième roman « Le non-partant » (Ett/Dépendances éditions)

Avec son résumé en quatrième de couverture, Christophe Sainzelle est loin de nous faire prendre conscience de l’ampleur de son texte. Le non-partant, son deuxième roman, ne peut en effet se résumer en quelques lignes. Autant roman initiatique que roman d’amour, Le non-partant s’avère une plongée dans l’univers d’un homme à l’histoire rocambolesque et surnaturelle.

L’histoire.

Eric Debussy est un joueur compulsif. Son dada ? Les courses hippiques qu’il suit avec avidité, y compris le jour de son propre mariage. Suite à un black-out au réveil duquel il ne se souvient plus de ce qui lui est arrivé durant de longs mois, ne se souvenant plus de sa femme et de ses enfants, il décide de fortement réduire sa dose de galop et autres sauts d’obstacles. Son palliatif ? Écrire une symphonie, comme son célèbre cousin Claude.

Pour ce faire, Eric s’enferme dans sa chambre et se balance sur son cheval à bascule d’enfant, jusqu’à entrer en transe et laisser la musique s’imposer à lui. Très vite, il est saisi par la profondeur de cette transe et des résultats qui en découlent. Mais, comme si ceux-ci méritaient une contre-partie, sa femme tombe malade.

Entre réalité et fantastique.

Cette histoire nous fait renouer avec la plume de Christophe Sainzelle qui nous avait éblouis avec son roman La double Vie de Pete Townshend (également disponible à Ett/Dépendances Éditions) dans lequel un adolescent, découvrant les Who, imagine être le fruit d’une passion d’un soir entre sa mère et le fameux musicien du groupe anglais. Ce roman, doux, nous plongeait dans les tourments de l’adolescence grâce à une plume légère et caressante.

Avec Le non-partant, nous retrouvons cette même délicatesse et légèreté. Si le monde de la musique y est également très présent, celui de l’adolescence y est délaissé au profit de la vie de couple et de la perte d’un être cher. Si son personnage masculin est une nouvelle fois une âme blessée (disparition tragique de ses parents alors qu’il n’a que 8 ans), manquant de confiance en lui, son histoire très ancrée dans une réalité difficile possède des atours fantastiques et une poésie subtile.

Cosmique.

Le personnage d’Eric Debussy essaye, du moins en avons-nous l’impression, d’échapper à sa vie, à sa triste normalité, par tous les moyens, avant de prendre conscience que cette normalité est sans aucun doute ce qu’il possède de plus beau. Il a une forte tendance à s’enfermer dans un monde « parallèle » dans lequel la musique s’impose à lui, lui demandant simplement à être couchée sur le papier.

Lorsque sa femme tombe malade, nous avons l’impression qu’il n’en a pas véritablement conscience. Nous nous imaginons aisément avoir le même type de comportement si nous apprenions que l’être aimé se trouve atteint d’une maladie grave. C’est-à-dire que peut-être nous ne prendrions pas le mal au corps, arguant probablement que tout va bien se passer, sans prendre conscience de la gravité de la chose. Eric, amoureux de sa femme, fait partie de cette catégorie de personnes qui pensent que les choses vont s’arranger et il poursuit, presque comme avant, sa vie.

Pourtant, ce « non-partant » est on ne peut plus attachant, exprimant, avec ses mots d’hommes, avec sa maladresse, avec cette forme de pudeur toute masculine, la douleur et la folie douce qui suit le deuil (et ce jusqu’aux toutes dernières révélations du livre). L’auteur mélange dans son roman la nostalgie, les traumatismes d’enfant, une poésie « lunaire », un rapport biaisé à la réalité mais aussi une porte de sortie à la cruauté de l’existence que le « héros » finira par trouver.

Sensations.

Christophe Sainzelle réussit le parti d’émouvoir sans être un arrache larme. Aucun effet facile, aucun pathos, mais une écriture fine décrivant au mieux les errances d’un homme comme un autre. Il y a une forme d’humour très légère dans ce roman également, des situations étranges, presque psychédéliques, ce qui n’est pas étonnant puisque le héros estime avoir écrit le véritable deuxième album des Pink Floyd.

Et puis surtout, il y a énormément de tendresse. Voir ce personnage sombrer nous touche parce que nous sentons qu’en pareilles circonstances nous ne donnerions pas cher de notre propre réaction. C’est peut-être là où l’art de Christophe Sainzelle nous transperce comme une ritournelle de Syd Barrett, à savoir retranscrire la tendresse folle qu’il possède pour ses personnages et dans leur humanité. Humanité dont il nous est impossible de penser que Christophe Sainzelle en soit dépourvu.

Ce titre de Pink Floyd est récurrent dans le roman de Christophe Sainzelle.

Christophe Sainzelle est sur FB

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