CÉLINE SAINT-CHARLE, littérature en danger (mot de la fin)

Céline Saint-Charle littérature en danger mot de la finMot de la fin de notre autrice de Juin.

Aujourd’hui se referme le mois dédié à Céline Saint-Charle qui nous a accompagnés durant tout le mois de juin. Avant de la laisser avec son mot de la fin (dédié à la littérature en danger, propos auquel nous nous identifions totalement, vu que nous défendons et revendiquons exactement cette même liberté de ton), nous tenions à la remercier pour toute l’énergie quelle dégage. Évidemment, cette énergie est mise au service de la littérature avec justement une liberté totale de creuser certains sillons via une littérature « d’anticipation » de laquelle se dégage toujours une (très grande) part de vérité. Donc nous remercions Céline Saint-Charle pour son dynamisme, son peps, nous le remercions également pour son implication pleine de bonne humeur. Nous suivrons avec attention la suite de son aventure littéraire.

Le mot de la fin

Pour commencer, je tiens tout particulièrement à remercier Litzic pour ce mois passé à me chouchouter, ainsi que pour tout ce que l’équipe fait pour mettre en avant des artistes issus de tous horizons. C’est précieux !

Je profite de cette tribune libre pour parler de quelque chose qui me tient à cœur et qui m’inquiète énormément. Il s’agit de ces mouvements étranges, tout droits venus des USA, et que l’Europe commence à s’approprier avec fracas.
Cancel culture, sensitivity readers, trigger warnings… toutes ces modes consistant à lisser, aplanir, édulcorer, bannir, refuser, etc. et qui tendent à exiger la production d’une littérature molle, consensuelle et politiquement correcte, pondue par des auteurs considérés comme légitimes à explorer tel ou tel aspect de la vie. J’évoque ici la littérature, mais c’est valable pour toutes les catégories culturelles.

Nos traumatismes, qu’ils soient intimes, historiques ou sociétaux, vont-ils disparaître comme par magie parce qu’on va les refouler, les nier, leur tourner le dos ou ne pas s’y confronter ?

Imaginons par exemple que je sois phobique des araignées. Si je réclame à grands cris que l’on expurge toute la culture de ses références aux araignées, je ne serai sans doute jamais capable de vaincre ma peur, de l’apprivoiser pour vivre avec en toute sérénité. De plus, cela n’empêchera pas les vraies araignées de continuer à proliférer dans ma maison.

J’ai l’impression que l’on se trompe de combat. Au lieu de lutter dans la vie de tous les jours pour une société plus juste, plus bienveillante, plus tolérante, on exige la censure et l’autocensure des artistes, allant jusqu’au révisionnisme d’œuvres anciennes, sans voir que l’homophobie, le sexisme, la misogynie, le racisme, la culture du viol et autres joyeusetés prolifèrent en toute insouciance dans nos rues.

Si on suit la logique actuelle, qu’en sera-t-il bientôt du second degré, de l’ironie, de l’humour noir ? Desproges doit pleurer dans sa tombe.
Le pire, c’est que cela part de bonnes intentions et que ceux qui hurlent pour édulcorer la culture sont sincères et convaincus. On sait hélas où mène le chemin pavé de bonnes intentions…

Dans dix ans, les seuls livres encore à notre disposition seront-ils des livres de cuisine ? Et encore, expurgés des recettes où il faut « battre » des œufs, ce qui est quand même d’une violence lexicale insoutenable, reconnaissons-le ! (C’est du second degré, pour ceux qui affûteraient déjà leur sabre)

La littérature doit nous secouer, nous choquer, nous obliger à sortir de notre zone de confort, nous pousser à réfléchir, à nous insurger.
La littérature est une arme d’éducation massive. Encore faut-il lui permettre de faire son boulot.

Si vous voulez vous faire une idée nette de la société bien sous tous rapports (mais très chiante) qui se prépare, allez jeter un œil à Golden State de Ben H. Winters. Ce roman est la preuve ultime de l’importance d’une littérature libre et agitant les consciences.

Site officiel Céline Saint-Charle

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