Première partie de l’interview de Céline St Charle

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Nous vous dévoilons aujourd’hui la première partie de l’interview de Céline Saint-Charle autour de tout ce qui l’a guidée sur le chemin de l’écriture. Premiers émois littéraires, inspirations, méthode d’écriture, nous revenons avec elle sur ce qui fait sa vie d’autrice.

L’interview.

Litzic : Première question rituelle : comment vas-tu ?

Céline Saint-Charle : Aussi bien que possible compte tenu de la situation sanitaire ! J’en ai un peu assez des annulations de salons en rafale qui empêchent les auteurs d’aller à la rencontre de leurs lecteurs. J’espère vraiment que tout va reprendre, petit à petit.

L : Quels sont tes premiers souvenirs de lecture ? Et le premier livre qui t’a fait te dire que tu voulais toi aussi raconter des histoires ?

Céline Saint-Charle : Je pense que le souvenir le plus ancien concerne un album jeunesse intitulé Youpi et Caroline (que j’ai gardé précieusement), que j’ai lu et relu jusqu’à ce qu’il tombe presque en morceaux. Ensuite, comme beaucoup d’autres, j’ai dévoré les Bibliothèque Rose et Verte, avec un net penchant pour les histoires « policières » : Le club des cinq, Le clan des sept, Fantômette, Les sœurs Parker, Alice…
Pendant longtemps, ma matière préférée à l’école a été la rédaction et j’ai écrit ma première histoire à six ans et demi. Vers l’âge de neuf ans, mon père m’a fourré entre les mains Les contes de la bécasse de Maupassant et j’ai découvert une autre forme de littérature, ainsi que les nouvelles. Je crois que la rencontre avec ce livre a été le déclencheur.

John Irving

L : Quels sont tes livres fondateurs, ceux qui ont posé les bases de ton univers littéraire, même s’ils sont éloignés de ce que tu écris ?

Céline Saint-Charle : Outre Maupassant, il y a eu Le monde selon Garp de John Irving, lu vers treize ans, dont l’incroyable richesse fait que je ne pense pas en avoir fait le tour, malgré une quinzaine de relectures au fil des années. Dans ma famille régnait un immense respect pour la littérature blanche, considérée comme la plus noble de toutes. Quand j’ai lu De grandes espérances de Dickens, puis Le fléau de Stephen King, j’ai réalisé qu’il existait aussi une littérature dite populaire mais aux qualités indéniables. Une littérature capable d’informer, de dénoncer, de pousser à réfléchir, sans pour autant être aride et en offrant du divertissement.
Côté imaginaire, Little Nemo de Winsor McCay est ma bible. Cette BD du début du 20e siècle est tout bonnement exceptionnelle.

L : Quels sont les auteurs qui t’ont grandement influencée ? Y en a-t-il dont tu as lu toute la bibliographie ?

Céline Saint-Charle : e ne sais pas si on peut parler d’influence (en tout cas pas consciente), mais il est clair que certains auteurs sont très importants pour moi. Il y en a trop pour tous les citer ! Guy de Maupassant, Émile Zola, Charles Dickens, John Irving, Donna Tartt, Kate Atkinson, David Lodge, Stephen King, Philippa Gregory… Pour ceux qui sont vivants, j’ai paramétré des alertes pour être informée de toute nouvelle sortie. En général, je précommande leurs livres sans même lire la quatrième de couverture ! Et dès que je découvre un auteur qui me plaît, j’ai tendance à me procurer tout ce qu’il a écrit. Ensuite, je déprime à l’idée d’avoir tout lu et de devoir attendre une future publication.

L : Quel est selon toi le meilleur roman de tous les temps ?

Céline Saint-Charle : Ouille, ça c’est Ze question ! C’est parfaitement sadique de demander un truc comme ça. Il y a tellement de paramètres à prendre en compte. Est-ce que je dois choisir en fonction d’une perfection de forme, de fond ? De l’impact qu’il a eu sur moi ? Du succès éditorial ?
Le moi d’aujourd’hui ne répondrait pas forcément la même chose que le moi d’il y a dix ou vingt ans. D’ailleurs, à cinq minutes d’intervalle, ma réponse peut changer. Il y a tellement de romans ! Choisir et n’en désigner qu’un implique d’injustement laisser tous les autres sur le carreau. Je fais comment, moi, avec tous les livres déçus qui vont tirer la tronche dans ma bibliothèque ?
J’invoque donc le cinquième amendement pour avoir le droit de garder le silence.
(mais en douce, je glisse quand même L’œuvre de Dieu, la part du diable de John Irving, si tu me promets de ne pas me cafter à mes livres).

« Sans doute qu’en étant déjà lectrice affamée j’avais conscience de l’importance de coucher les mots sur le papier… »

L : Vers quel âge as-tu commencé à écrire ? Quel en a été l’élément déclencheur ?

Céline Saint-Charle : J’écris depuis mes six ans, mais je suis bien incapable de me souvenir d’un élément déclencheur en particulier. Sans doute qu’en étant déjà lectrice affamée j’avais conscience de l’importance de coucher les mots sur le papier, du fait que la parole est éphémère. Je notais sans cesse tout un tas de choses sur des petits cahiers de brouillon, pour qu’il y ait une trace.

L : Comment t’y prends-tu pour te lancer dans la rédaction d’un de tes romans ? Attends-tu l’inspiration divine ou te bases-tu sur des notes écrites ici ou là pendant de longs mois ?

Céline Saint-Charle : En général, le livre se construit tranquillement dans ma tête, en arrière-plan. Je laisse mon cerveau se débrouiller jusqu’au moment où une phrase surgit et réclame à être tapée sur le clavier. Quand je me pose devant l’ordinateur, je n’ai plus qu’à ouvrir les vannes.
Je déteste prendre des notes préliminaires, faire des plans ou des fiches. C’est le meilleur moyen pour me bloquer et me donner envie d’abandonner le livre. Pour moi, ça étouffe la spontanéité du premier jet.

L : Es-tu du genre à écrire sur papier avant de prendre ton clavier ?

Céline Saint-Charle : Le débit de l’écriture à la main est trop lent, c’est frustrant et long (en plus, mon écriture rapide est tellement horrible que je n’arrive souvent pas à me relire). L’ordinateur permet une vitesse de frappe plus proche de celle de la pensée. Je peux taper suffisamment vite pour éviter de perdre le fil.

« Même si je n’ai que dix minutes de disponibles, je sais que je peux en profiter pour lire, cela suffira à mon bonheur. »

L : Quel rapport as-tu avec l’écriture ? Est-ce quelque chose d’heureux ou de laborieux, violent ?

Céline Saint-Charle : L’écriture est sans cesse en compétition avec la lecture. J’ai besoin des deux pour vivre sereinement. La vie quotidienne fait que j’ai plus de jours où je peux dégager du temps pour lire que pour écrire. Même si je n’ai que dix minutes de disponibles, je sais que je peux en profiter pour lire, cela suffira à mon bonheur.
Pour l’écriture, j’ai besoin de plages horaires plus longues. Commencer à écrire un chapitre et devoir m’interrompre, c’est une vraie souffrance. Je préfère m’abstenir d’écrire quand je sais que j’ai un impératif peu de temps après, plutôt que de m’infliger ce déchirement.
Hormis ce bémol, ma vie de couple avec l’écriture est très harmonieuse. Quand j’en ai envie, j’écris. Sinon je m’abstiens. Je peux passer plusieurs mois sans écrire, puis pondre un roman dans les quatre mois qui suivent. Pas de règles, pas d’obligations, pas de contraintes. Juste du plaisir !

Site officiel Céline Saint-Charle

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