[LIVE REPORT] Jour 2 du Binic folks blues festival
Jour 2 du Binic folks blues festival samedi 27/07/19
Jour 2 du festival costarmoricain. Cette deuxième journée nous laisse un sentiment mitigé, du moins sa soirée (nous n’étions pas présents dans l’après-midi). Pourquoi ? Par un malheureux jeu de circonstance, à savoir que nous avons privilégié un groupe qui nous a laissé une sensation déplorable en arrière-bouche. Malgré cela, le public était au rendez-vous et l’ambiance restait au soleil.
Un groupe qui sait manier une foule.
Pas besoin d’en faire des tonnes pour vous attirer la sympathie du public. C’est ce qu’ont parfaitement compris les 4 olibrius de Grindhouse. Vêtus de cap, casques de moto, les Australiens arrivent sur scène avec une assurance démesurée, celle de ceux qui savent qui vont mettre le feu. Et c’est le cas, d’emblée, avec des rythmes endiablés, des guitares tranchantes et une attitude à la fois féroces et affable. Le courant passe tout de suite, dans les amplis comme entre les membres du groupe et la foule venue en masse.
Si la musique du quatuor reste assez basique avec ce punk rock virulent et musclé, leur prestation et leur communion avec le public sont sans failles. Nombreux échanges, des « love you so much for coming here tonight », « love you Binic », il n’en faut guère plus pour satisfaire l’audience qui s’agite méchamment (mais bon enfant) au-devant de la scène. Les décibels pleuvent, le son et en métal liquide et c’est un show sans fausse note qui nous régale (parce que des fois, on aime bien régresser sur des sons primitifs, surtout lorsque l’amour fou circule entre tout le monde). Bref Grindhouse, c’est de la bonne humeur à l’état pur sur un gros son bien velu.
La déception.
Suite à cette déferlante tellurique, retour à des choses plus posées, du moins l’espérons-nous. Nous filons voir Beechwood. Nous espérons que la psyché pop du trio sera à même de nous ramener en terrain moins remuant. Hélas, c’est la déception ! L’énoooorme déception. Honnêtement, nous ne comprenons pas. Le son est lamentable, le chanteur guitariste est lamentable, le jeu de scène est lamentable, le chanteur guitariste est lamentable, les compositions sont lamentables, le chanteur guitariste est lamentable, et le chanteur guitariste est lamentable.
Fort heureusement le light show est pas mal, ça brille, on dirait un feu d’artifice sur scène. Les meilleurs moments surviennent quand guitariste et bassiste s’accorde. Alors le batteur fait un petit solo tribal qui donne sacrément envie que des guitares se posent dessus et improvisent un morceau, mais non. Le public semble y croire aussi à ce petit quelque chose de tribal puisque c’est à ces moments qu’il se déhanche, le public.
Sinon pour le reste, les espaces se créent entre les gens, preuve d’une désertion massive.Les meilleurs moments sont les suivants : quand le bassiste prend le micro en lead, quand le chanteur guitariste ne chante pas, quand le chanteur guitariste crie (du coup pas de paroles, pas de voix toute pourrave), bref, ça fait en gros 3 morceaux sur le set. Pour le reste, c’est plat, ça ne dégage aucune émotion, c’est tout nul et on plaint la prog de s’être planté sur ce coup-là. Le groupe, sur disque, sonne bien. Sur scène, ce n’est pas du tout le cas. Merci au revoir.
Fort heureusement.
Après ce gâchis, nous sommes dans un état de fatigue avancé. Il fait froid, il est 23h00 et des brouettes, et, déçus, nous n’osons espérer un show qui suivra et qui nous mettra les poils. Dépités, nous plaçons tout de même un farouche espoir dans The kill devil hills. Et cet espoir se trouve bientôt embrasé d’un feu sacré, quelque part à mi-chemin entre le classic rock et une tension venue du plus profond des âges.
Les Kill devil Hills sont 6 sur scène, deux guitaristes, un clavier, un bassiste, un batteur, un violoniste/guitariste. C’est la formation la plus importante qu’il nous est donné de voir depuis le début de notre présence sur les lieux du festival. Ici, pas de son pourrave, tout est aux petits oignons, tout le monde est audible, la voix lead est parfaite, les choeurs aussi. Vu le fiasco précédent, retrouver un son propre (même le punk rock de Grindhouse était tout propre, enfin dans le style du genre, et très bien défini) fait grave plaisir. Et quand le set commence, retrouver une musicalité inspirée (même Grindhouse avec son punk rock était inspiré) nous fait le plus grand bien.
Il nous est assez dur de traduire la musique que produit le combo. Bizarrement, nous pensons aux Eagles, d’un certain côté, avec ce mélange de rock et de folk (la présence du violon fait pencher la balance vers ce style) somme toute classique. Mais cela serait réducteur car The kill devil hills apporte sa petite patte personnelle à l’ensemble en y incorporant une tension que libère une énergie folle en fin de morceaux. À ces moments-là, les musiciens lâchent les chevaux et nous nous régalons. Si nous faisons exception du batteur qui ne nous a absolument pas convaincus (un peu trop flottant à notre goût, pas toujours au bon endroit au bon moment), le reste frise le sans-faute. Une très bonne surprise qui vient rétablir l’équilibre en cette soirée du jour 2.
Le festival.
Nous voulions une nouvelle fois vous parler du festival au sens global du terme. Nous voulions noter que nous aimons ce caractère artisanal et sans grosse tête qui caractérise cet événement. Néanmoins, nous ferions quelques petites comparaisons avec, par exemple, le festival ArtRock que nous connaissons bien (mais qui est payant). La première concerne les entre shows : aucune sono ne dispense de musique durant ces moments-là, ce qui à tendance à faire un peu redescendre l’ambiance. Pas bien grave mais un peu déstabilisant parfois.
Ce festival se déroule aux abords des plages et du port, d’où des contraintes d’espace. Aucun souci concernant la scène Banche qui jouxte la plage du même nom, mais la scène La cloche et la scène Pommelec ne bénéficient pas des mêmes avantages. Si La cloche ne peut faire autrement et joue sur l’intimité, la scène Pommelec mériterait un meilleur traitement. L’espace est assez mal foutu à notre goût ce qui gâche un peu le spectacle, d’autant plus que la scène est plutôt grande.
Enfin, les shows commencent et terminent à la même heure (à peu de chose près). Un décalage serait le bienvenu afin que nous puissions assister à des bribes de certains d’entre eux quand un show se termine. Le relatif éloignement des uns et des autres, les difficultés pour les rejoindre, vu la foule monstrueuse présente, n’invite pas à quitter un spectacle en cours (et c’est dramatique dans le cas d’un Beechwood notamment).
Ces petites remarques ne gâchent pas vraiment la fête, mais cette histoire de décalage des heures de début et fin de show nous paraît être une idée simple à mettre en place pour prendre encore plus de plaisir durant ce festival toujours aussi sympathique !