BRUNO GENESTE & PAUL SANDA, les îles du silence

les îles du silence Paul Sanda Bruno Geneste(petit) Recueil de poésies paru aux éditions Rafaël De Surtis.

Nous retrouvons notre duo de poètes Bruno Geneste et Paul Sanda, cette fois-ci autour d’un petit recueil de poésies intitulé Les îles du silence. Résultant d’une résidence d’écriture aux contraintes prédéfinies sur l’île Wrac’h d’une part et sur l’île Molène d’autre part. Cet exercice, en autonomie ; écrit à quatre mains poursuit, ou plus exatement entre en interaction avec le travail réalisé sur leur essai Révélations sur la magie et la sagesse des druides.

Car ici, sur ces lieux battus par le vent, par les marées, lieux qui plus est chargés de spiritualité (l’île Wrac’h est en effet un lui de culte celtique), l’homme se retrouve face à lui-même, s’imprègne du silence pour perpétuer son mouvement, poursuivre sa quête intime. Les éléments, la magie qui rôde, l’infiniment grand contre l’infiniment petit donnent à ce recueil un dynamisme particulier qui nous a transportés là où seules les écritures sensibles peuvent nous conduire.

Observations.

Les auteurs se sont bien évidemment inspirés de ce qui les entoure. Les licences poétiques permettent, à celui qui ne les a pas vu/ne les voit pas, de se forger son propre imaginaire. Et pour nous, ce recueil est un voyage initiatique, intime, d’Hommes qui se découvre une spiritualité nouvelle. Les éléments jouent leur rôle, mais il n’y a pas que cela. Les poètes arrivent sur les îles du silence avec leur barda émotionnel, rempli à ras bord des expériences passées, des travaux à venir, de leurs interrogations muettes.

Et pourtant, sur place, ils cueillent les fruits de leur regard vierge sur ce qui les entoure. Immobiles, nous les sentons en mouvement à l’intérieur d’eux-mêmes. Ils acquièrent un œil nouveau, mystique, empli d’une spiritualité qu’imposent à la fois la nature et l’histoire des lieux. Elle enfle, cette spiritualité, en eux, grandit, s’épanouit l’espace de quelques heures. L’afflux et le reflux de la mer, le vent, le ciel, les croyances (peu importe quelles sont-elles) nourrissent leurs réflexions. L’idée de croissance de l’âme paraît ici plus que présente, elle guide leur chemin, nourri leur imaginaire (et le nôtre).

À tour de rôle.

L’un des deux auteurs commence le poème, l’autre le second, ils continuent ainsi, chacun à leur tour, et délivrent, pour un nombre total de vers choisi au hasard et figurant les marées, une vision commune reposant sur des perceptions pourtant uniques et différentes. Pourtant, impossible de sentir que cette écriture provient de deux corps distincts tant la cohérence imprègne l’oeuvre. Mais loin de proposer une poésie autocentrée sur un vécu de l’instant, Les îles du silence s’inscrivent dans un plus ample paysage, celui remontant à la nuit des temps pour se terminer à la fin de ceux-ci.

L’idée que nous ne sommes que de passage se fait ressentir, comme l’impression de n’être que le fruit d’un hasard (ou du destin), qu’une infime partie d’un tout plus vaste, qui nous englobe, nous fait nous sentir vulnérables face à l’invisible qui nous entoure. La notion de quête initiatique se déroule dans une grande partie des poèmes, se développant au fur et à mesure, mais sur un temps plutôt court (20 poèmes écrits en environ 12h sur l’île Wrac’h), pour perpétuer la notion de voyage, de mouvement, à travers une forme presque méditative d’observation. Les Hommes déposent donc en quelque sorte leurs bagages, les sombres ruminations, pour évoluer vers une forme de pardon.

Decriptions poétiques.

Le duo Geneste/Sanda nous décrit ces lieux sauvages, possiblement dangereux, avec intelligence, malice, fait naître en nous des sensations qui ne peuvent être qu’uniques et personnelles puisque nous ne pouvons voir avec leurs yeux ni entendre avec leurs oreilles, juste imaginer, à travers l’interprétation de leur mot (interprétation pure et dure, mais également celle résultant du sensible et de la poésie dégagée par les vers des auteurs), ces lieux baignés de vie, même si elle nous apparaît d’une certaine manière assez rude.

Pierre et mer, lumières et vents, concret et abstrait, tout se mélange, s’attire pour ne former qu’un recueil inspirant, dont nous relisons, lentement, à compte-goutte, les quelques pages (à peine 50), comme pour nous ressourcer de nous-même, des autres, du caractère trépidant de la vie. Comme une parenthèse pleine de sens.

NDLR : si la poésie des îles vont parle, nous vous invitons également à découvrir Tu m’avais dit Ouessant de Gwenaëlle Abolivier.

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