Rick Sanchez, Arianna Florean et Adara Sanchez, Ninja malgré moi

ninja malgré moiNinjadolescente en péril

Ninja malgré moi raconte l’histoire de Rena est une adolescente de onze ans qui a beaucoup de mal avec le regard des autres. Elle voit une thérapeute qui l’aide à pallier sa phobie sociale. Sa mère, qui développe une IA de dernière génération désespère de guérir le malaise de sa fille.

Rena peut compter sur son ami Sidney qui rêve de voir le monde, mais qui est coincé dans sa chambre, derrière une bulle stérile. Il pousse Rena comme plusieurs membres de son entourage à s’ouvrir et à dépasser ses peurs. Quoi de mieux que de s’inscrire dans une école de Ninjas ?

Si Rena refuse d’abord catégoriquement, elle finit par tenter l’aventure et découvre une société secrète, dirigée par un mentor aimable à première vue. Antonia, une disciple du mentor, prend Rena sous son aile et la forme à l’art exigeant du Ninja. Discipline, dépassement de soi, liens puissants sont au rendez-vous des cours d’Antonia. Bientôt, Rena montre un talent certain en la matière et ouvre ses horizons. Elle devient, sans vraiment l’avoir voulu, une véritable Ninja, mais elle apprendra que la trahison et le mensonge sont aussi des talents dont les Ninjas abusent sans remords.

Rena, parviendra-t-elle à préserver sa famille, à déjouer les embûches et à développer sa personnalité sans y laisser des plumes ? Vous le saurez en lisant cette BD jeunesse menée tambour battant, dont l’idée de départ vient de la fille adolescente du scénariste. Qui mieux qu’une ado pour inventer une héroïne qui parlera aux jeunes lecteurs et lectrices ?

Une héroïne qui ressemble à nos ados

La force de Ninja malgré moi réside dans l’idée géniale d’Adara Sanchez : mettre en scène une gamine comme les autres, propulsée dans le monde des Ninjas. En proie à un mal-être inhérent à la plupart des adolescents en construction, Rena plonge dans l’inconnu et se connecte à sa véritable personnalité.

La BD rend très bien compte des questionnements d’une jeune fille qui se sent en marge, hors de toutes les cases dans lesquelles les gens voudraient la faire rentrer. Elle est isolée, même si l’amour de sa mère est incommensurable, et ne sait plus très bien comment se positionner dans une société aux codes et aux normes vertigineuses pour un jeune esprit déboussolé par les hormones, les transformations physiques ou le poids des responsabilités.

Rena est une adolescente comme tant d’autres, une héroïne du quotidien, qui va connaître une aventure rocambolesque. Elle part en quête de sa nature profonde. Nous assistons à un réel parcours initiatique et divertissant, superbement mis en images par le trait bienveillant et les teintes douces d’Arianna Florean.

Immersion dans un esprit juvénile

Les jeunes lecteurs et lectrices s’identifieront sans mal à cette jeune Ninja et vivront une expérience immersive. Comment en effet ne pas s’attacher à Rena, cette Pierre Richard adolescente ? Tout ne se passe pas comme elle l’avait prévu au départ. Et justement, la vie est ainsi faite. L’apprentissage, la quête de soi, la recherche de sa place en ce monde sont des thèmes primordiaux dans les œuvres jeunesse.

La BD délivre un message fort et universel, à l’instar des comics qui ont bercé notre enfance de membres des générations X et Y. Ninja malgré moi offre aux générations Z et Alpha une relecture des adolescents mal dans leur peau qui se découvraient des pouvoirs mutants sous la plume de Stan Lee et de ses comparses. Rena n’a pas de superpouvoirs (peut-être que si ?), mais elle nous rappelle les Tornade, Jubilée, Emma Frost, Shadowcat ou Phoenix.

Les héros adolescents jalonnent les landes créatives du neuvième art. Perpétuellement réactualisés avec les caractéristiques de chaque époque, ils se déclinent encore et encore. Rena ne tire pas de salves plasmas, ne congèle pas ses ennemis avec un souffle givrant et ne lit pas nos pensées, mais elle fait écho aux jeunes d’Ignited Vol. 2 (voir notre chronique).

Pour conclure

Ninja malgré moi (titre original : Shy Ninja, shy : timide) nous emmène sur les traces furtives de la jeune Rena et nous transporte aisément dans son monde. Nous voyons à travers ses yeux et ressentons sans problème de l’empathie pour cette adolescente qui pourrait être notre fille, notre nièce, notre sœur.

La quête de soi-même est un long chemin pour tous les êtres humains. L’important est de ne pas se renier, de ne pas se plier au dictat d’une autorité, de ne pas nier son individualité tout en étant bienveillant envers son prochain, de ne pas se calquer sur le jugement des autres. On s’appartient. Personne ne vit votre vie à votre place. Chacun chacune doit suivre ses chemins de traverse, chacun chacune doit faire entendre sa voix et se réaliser pleinement afin de ne pas sombrer dans l’aigreur, l’envie ou le désespoir.

Rena donne une belle leçon de vie aux jeunes comme aux plus âgés, et nous pouvons remercier Adara d’avoir eu cette idée positive et inspirante.

Florent Lucéa

Ninja malgré moi, de Rick Sanchez, Arianna Florean et Adara Sanchez, Humanoïdes Associés, 128 pages, mars 2021

 

 

 

florent lucéa 2021

 

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Florent Lucéa a rejoint l’équipe Litzic. Il chronique pour vous les BDs qui lui ont tapé au coeur et à l’oeil. Peintre, dessinateur et auteur protéiforme, il apporte son regard à la fois curieux et pertinent sur ce que l’on nomme communément le Neuvième art. Il a été notre auteur du mois en mai 2019.
Depuis 2021, il dirige également la collection encre sèche des éditions Ex Aequo

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