L.NICOLOFF, R.PIERPAOLI & A.LOSTY, Les belles vertes

les belles vertes t2 sauvons les orangs-outansLes Belles vertes, T2 : Sauvons les orangs-outans, Éditions Jungle

Ehma, Fadila, Silas, Lily et madame Mim, la souris de Fadila, se sont illustrés dans une première aventure pour sauver les océans. Cette fois, les Belles Vertes décide de contrer une entreprise de biocarburants qui menace avec ses activités l’environnement naturel des orangs-outans et de bien d’autres espèces animales.

Bien que nos héros soient jeunes, ils ont des préoccupations altruistes et écologistes profondément ancrées en eux, et ils ne reculent devant rien pour défendre leur cause, même si cela doit leur attirer des ennuis.

Les Belles Vertes partent à un stage d’escalade pour se rapprocher de l’usine bafouant la nature et passent à l’action pour tenter d’éveiller les consciences sur les exactions de la raffinerie.

Ces ados hyper connectés possèdent une sacrée dose d’audace et d’ingéniosité pour retourner le système à leur avantage et faire manger la poussière aux odieux pollueurs sans envergure.

Du positivisme

Les boomers disent souvent que les jeunes des générations suivantes appartiennent à des « glass generations » (littéralement « générations du verre »), car elles se laissent happer par les écrans, par les réseaux sociaux soi-disant avilissants et débilitants. Leurs relations sont virtuelles, leurs textos bourrés de fautes d’orthographe qui feraient avaler son extrait de naissance à Maître Capello s’il était encore de ce monde.

Les Belles Vertes, issues de la génération Z (jeunes nés dans les années 2000), fracassent tous ces clichés. Nos jeunes héros sont des purs produits du vingt-et-unième siècle, avec leurs vidéos-chocs sur les réseaux sociaux et leur course aux millions de vues, mais leur engagement est sans faille. Leur combat possède de l’épaisseur et de la densité. Ils alertent sur les travers de nos sociétés modernes qui essaient de se rattraper en matière d’écologie et qui proposent des solutions pires que les fléaux de départ.

La BD est gorgée de positivisme. Elle montre des relations fortes entre adolescents, des liens intergénérationnels et réconcilie les générations. Les adultes se plaignent parfois que leurs ados ne s’intéressent à rien à part à leurs jeux vidéo ou à leurs portables. Ehma et ses camarades surfent sur les réseaux, pourtant ils ne négligent aucunement leurs relations amicales et ont des engagements bien réels. Leur union comme leur combat sont d’une sincérité qui ravira petits et grands.

Distraire et instruire

Les Belles Vertes soufflent un vent de révolte pacifique et écologique, loin de toute considération politique. Avec des gestes simples et des actions médiatiquement spectaculaires, nos héros tentent de faire évoluer les mentalités. Les dialogues sont vifs et reflètent les échanges des adolescents d’aujourd’hui. La BD sait jouer avec les codes de la jeune génération, permettant ainsi aux lectrices et lecteurs en herbe de s’identifier sans mal à cette joyeuse bande.

La BD pourrait n’être qu’un divertissement tonitruant avec des bons sentiments et un message écologique à la mode, mais que nenni ! L’univers des Belles Vertes subjugue nos yeux avec ses couleurs vives et son trait maîtrisé. L’illustratrice Roberta Pierpaoli donne de la vitalité à ses personnages avec une attention toute particulière au niveau des attitudes et des expressions du visage. Par exemple, Manon, la grand-mère d’Ehma, est une mamie attachante et traitée au niveau graphique avec une bienveillance et une chaleur évidente.

Cette grand-mère, comme chaque personnage, y compris les secondaires, apporte un dynamisme bienvenu à cette BD. Ils participent tous aux messages véhiculés et explicités à travers des documents pédagogiques analysant de manière opportune les notions abordées au fil des planches. Nous sommes ravis de suivre les aventures des Belles Vertes, nous nous amusons de leurs joutes verbales, nous nous révoltons avec elles, mais nous apprenons aussi des vérités sur l’écologie, sur les gestes à initier à notre niveau ou sur les scandales qui gangrènent nos sociétés soi-disant signataires de traités en grande pompe devant des myriades de caméras.

Pour conclure

Le tome 2 des Belles Vertes est un concentré d’émotions et de réflexion pour les jeunes générations comme pour les moins jeunes, qui souvent sont percluses de certitude sur l’écologie et les bonnes pratiques à adopter pour « sauver la planète ». Mais comme dit le dicton, « l’enfer est pavé de bonnes intentions », et les meilleures idées ou du moins celles qui agitent les blogosphères, les réseaux sociaux ou les médiatiques gloutons avides de scoops, ne sont pas forcément les meilleures.

Rappelons par exemple que les panneaux solaires et les éoliennes sont constitués de matériaux extrêmement difficiles à recycler une fois qu’ils ont atteint leur fin de vie. Le biocarburant à partir d’huiles végétales est une fausse bonne idée. Notre surconsommation, notre surproduction, notre propension à jeter des quantités astronomiques de nourriture, de déchets, à envoyer nos poubelles à l’autre bout du monde pour les faire trier par des gamins à peine plus âgés qu’Ehma, sont autant de taches sur les paraphes des dirigeants du globe signataires des COP successives.

Il est donc temps de se remonter les manches et de faire des petits gestes à notre mesure. Les Belles Vertes apparaissent comme une belle façon de sensibiliser nos enfants et de supprimer les œillères des adultes concernant les enjeux environnementaux d’aujourd’hui.

Les Belles Vertes, T2 : Sauvons les orangs-outans, de Loïc Nicoloff, Roberta Pierpaoli et Antoine Losty, Éditions Jungle, 72 pages, mai 2021

Florent Lucéa

florent lucéa 2021

Florent Lucéa a rejoint l’équipe Litzic. Il chronique pour vous les BDs qui lui ont tapé au coeur et à l’oeil. Peintre, dessinateur et auteur protéiforme, il apporte son regard à la fois curieux et pertinent sur ce que l’on nomme communément le Neuvième art. Il a été notre auteur du mois en mai 2019.
Depuis 2021, il dirige également la collection encre sèche des éditions Ex Aequo

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