QUELQUES CONCERTS AVEC FULL MOON LITLLE HOUSE
Les premiers enseignements.
Nous continuons à suivre avec attention le parcours de Full Moon Little House, notamment concernant son évolution sur scène. Nous avons ainsi pu assister à quelques concerts, ainsi qu’au travail en résidence du groupe. Les progrès sont constants, les ajustements se font, et le groupe trouve petit à petit ses marques sur scène.
Plusieurs choses sont à noter. La setlist du groupe est désormais bien rodée, commençant par le très efficace Black mirror pour se terminer par l’apothéose Funeral. Entre les deux, June, Waiting for the sun, Eyes, Gaia et Blue wave (pas dans cet ordre, on vous laissera la surprise de découvrir l’enchainement en live) se tirent la bourre, alternant passages éthérés et poussées de sève viscérales.
Le contraste, le groupe le maîtrise. Cela est en partie grâce à leur ingénieur du son Jean-Luc Lemeur, véritable 6é membre du groupe composé, pour rappel, de Kévin Navizet (compo, chant, guitare), Damien Bonhomme (choeur, guitare), Jules Brunet (batterie), Stéphane Bilger (claviers, machines) et Julien Geffroy (basse), mais aussi est surtout par des compositions qui prennent le temps d’imposer leurs ambiances.
Des premiers pas stressants.
Passé le temps de la composition dans son home studio, il est temps de s’essayer à la scène. Première date en mars, à Nantes au Café Rouge Mécanique, et découverte de la réalité du terrain. Un bar, c’est cool pour l’ambiance, moins pour l’installation de 5 musiciens plus leur ingé-son. Malgré tout, le groupe arrive à se caler sur la minuscule scène notamment grâce à des efforts de contorsionniste de Julien Geffroy. Le bassiste se plie en quatre (presque sans jeu de mots) pour la réussite du set, et ce de manière récurrente puisque, lors de leur date binicaise au Chaland qui passe, il se retrouva quasiment à jouer dans l’escalier.
Mais revenons à nos moutons. Les premiers shows sont stressants, faute à pas mal de petits décalages dans la préparation de ceux-ci, à savoir que le covid a fait des siennes entre la formation du groupe (retardé par le départ d’un premier bassiste) et ce premier concert nantais. Pas assez de répètes dans les pattes, Kévin Navizet nous exprimait ça crainte de se foirer sur cette première étape cruciale. Fort heureusement, tel ne fut pas le cas puisque le groupe et le public furent plus que satisfaits (malgré les inévitables approximations liées à la fois au stress et au peu de répète en commun).
Depuis, le groupe enchaîne les expériences scéniques lors de tremplins (V&B fest et le Delta Live Pleurtuit), les concerts dans des clubs (L’Alimentation générale), des bars (Le chaland qui passe) ou des bars restaurants (Le Maestro à Lannion, 22). Déjà quelques constats s’imposent.
Les retours d’expériences.
Le premier de ceux-ci concerne le temps de balance. Là où un groupe garage met deux minutes pour faire la sienne, il faut deux heures pour Full Moon pour se caler de façon satisfaisante. On exagère ce fait pour rire, mais aussi pour montrer l’importance de la balance pour le groupe qui utilise à la fois de nombreux effets, mais qui fait aussi parfois le grand écart entre énergie folle et accalmies bienfaisantes. Sans parler du fait que tout cela se déroule dans des endroits très différents, parfois vastes, parfois totalement exigus (lorsqu’ils ont fait leur résidence à la Grande Ourse de St Agathon, ils ont pu régler un vrai son « type scène », son impossible à reproduire dans un lieu tel que Le Chaland qui passe). Ainsi, méticuleuse, la balance permet d’obtenir un son bien défini, sachant mettre en avant le travail des claviers comme celui des guitares, et évidemment celui de la paire rythmique.
La question se pose alors du choix des lieux. Certes, pour un jeune groupe, il convient de les enchaîner, ces dates, pour acquérir de l’expérience et une forme de sérénité (pas encore acquise car Kévin se ronge les sangs avant chaque date), mais à quel prix ? En effet, cela peut être source de tension car jouer, c’est bien, mais le faire dans de bonnes conditions, c’est encore mieux.
Nous plaisantions plus haut avec les acrobaties du bassiste, mais il est clair que s’il avait un peu plus de place pour bouger, cela ne nuirait pas à son plaisir de jouer. De même, souvent collés les uns aux autres (au Maestro, Damien Bonhomme a reçu un coup de guitare de son comparse guitariste par exemple), impossible de s’exprimer correctement corporellement parlant. Une petite frustration pour l’instant, mais qui pourrait grandir et devenir gênante. Alors, dans un futur plus ou moins proche se posera peut-être la question du choix du lieu après repérages, pour éviter des conditions spartiates et potentiellement explosives.
Technique.
Comme nous l’évoquions plus haut également, ces concerts mettent en lumière le travail précieux de l’ingé son. Lors de leur résidence, Full Moon Little House a réussi à déléguer un peu plus de pouvoir à Jean-Luc Lemeur, notamment concernant les effets sur la voix (en plus du son global de fonctionnement). Avec de bons retours (indispensables) et un bon son en façade, le groupe gagne en impact et en présence. L’ingé-son soulage une part du travail non négligeable de Kévin Navizet qui peut, dès lors, se consacrer pleinement à son instrument et à son chant.
Les différentes dates ont déjà permis au groupe de trouver des repères stables et la fluidité se fait de plus en plus naturellement. Les automatismes se mettent en place et le concert auquel nous avons pu assister hier, le 2 juin, y gagne en harmonie. De moins en moins de « heurts » sont à déceler lorsque le groupe accélère ou augmente son volume de jeu. De la même façon, les corps sont plus détendus et l’attitude sur scène s’en ressent (malgré un espace trop souvent restreint).
Si l’alt-rock/ambient du groupe permettait déjà une certaine immersion, leur dernière date prouve qu’il gagne en intensité et en puissance sur scène. Les premiers pas, parfois maladroits d’un nouveau-né deviennent vite plus assurés et la comparaison vaut aussi pour un groupe de musique. Progressivement, l’aisance se fait, la maturité scénique également, en plus de cette cohésion indispensable entre les membres pour faire en sorte que l’aventure continue le plus longtemps possible. Aujourd’hui, nous pouvons dire que Full moon little house est un véritable groupe soudé, et nous espérons qu’il le reste le plus longtemps possible.