[ ENTRETIEN ] ELSA DUSSERT se livre à nous.
Dans le cadre de la rubrique l’auteur du mois, nous avons mené un petit entretien avec Elsa Dussert. Voici le fruit de nos échanges. Merci à elle pour sa sincérité et d’avoir trouvé le temps de répondre à nos questions.
Litzic : Première question rituelle : comment vas-tu ?
Elsa Dussert : Je vais bien! Autant que faire se peut avec un monde qui part en vrille, une planète qui tire sérieusement la tronche !
L : Peux-tu te présenter rapidement ?
Elsa Dussert : Elsa, trentenaire bien entamée, prof, amoureuse, maman, auteure, sage et drôle, pas toujours optimiste mais j’y travaille, lectrice, révoltée aussi. J’aime le grand air, ma famille qui est vitale pour moi (parents grands-frères belles-sœurs et ma famille à moi, que j’ai créée), mes copines. Adore bien manger et boire un coup ; le partage qui va avec les repas de famille ; le partage tout court.
L : Depuis quand écris-tu, quel a été l’élément déclencheur qui t’a fait te dire : il faut que j’écrive des histoires ?
Elsa Dussert : Je dirais depuis que j’ai 8 ans, après avoir fini la lecture de James et la grosse pêche de Roald Dahl. Je me suis dit “oh wahou! c’est dingue tout ce qu’on peut inventer, créer!”
L : Comment te viennent tes idées ? Inspiration « divine », observation du monde qui t’entoure, idée(s) que tu captes dans l’air et que tu immortalises, ou autres ?
Elsa Dussert : Observation beaucoup. Et puis l’envie de donner corps à des trucs improbables ce que permet l’écriture. J’aime bien écrire pour les autres aussi. Merveilleuse source d’inspiration..
L : Quels sont les auteurs qui t’ont accompagné dans ta construction d’autrice ?
Elsa Dussert : Toni Morrison, Jim Harrison (Dalva!!), Barabara Kingsolver, Paul Auster mais aussi Pennac, Delerme, Orsenna, les classiques Hugo, Zola, Flaubert et Maupassant et plus récemment Sylvain Tesson.
Je me suis toujours dénigrée (et peut-être même que je prenais un malin plaisir à le faire…)
L : D’ailleurs, tu préfères que l’on te dise autrice ou auteure ?
Elsa Dussert : Auteure! J’aime l’idée de m’approprier un nom masculin et d’y coller le E, genre hé ouais les gars, tout vient à point à qui sait attendre, et nous les meufs, on sait attendre (on n’a pas eu trop le choix en même temps..). Autrice je suis pas fan. Ça fait trop écho à des adjectifs pas jolis comme destructrice ou manipulatrice (même si j’aime lectrice!..)
L : Quel est ton livre de chevet, celui qui t’a accompagné ou qui t’accompagne encore aujourd’hui ?
Elsa Dussert : Mmmmh… Dalva!
L : Comment se passe l’élaboration de tes nouvelles, poèmes et/ou roman ? Commences-tu par griffonner des idées sur un papier ou te saisis-tu directement de ton clavier pour donner vie à tes pensées ?
Elsa Dussert : Au départ, bout de papier et crayon. Je griffonnais sur tout quand j’étais plus jeune. Ensuite, toujours papier/crayon mais j’ai commencé à écrire à partir de photos qu’une amie avaient faite. Et pour mon premier roman, directement à l’ordi. Comme si j’avais besoin de plus de distance. Mais comme je rature beaucoup, l’ordi me frustre un peu. Je n’ai pas encore trouvé le bon compromis. Sinon, j’ai toujours un carnet et un crayon à portée de mains.
L : Si tu ne devais en citer qu’un :
Livre : Ne m’appelle pas Capitaine écrit par Lyonel Trouillot
morceau de musique : Tant qu’il y aura des ombres, Renaud
film : Lost in translation
œuvre d’art ou artiste : Le tableau “Les mariés de la Tour Eiffel” de Chagall
L : Tu travailles depuis un moment sur un roman. Depuis longtemps même, si j’ai tout bien compris ce que nous nous sommes dits. Plusieurs questions à ce propos. Penses-tu que pour être écrivaine ou auteure il ne faut faire que cela ? Que le travail d’auteure est difficilement compatible avec celui de « travailleuse » ?
Elsa Dussert : Pour ce qui me concerne, je n’envisage pas encore l’écriture comme un travail. Je me laisse donc porter au gré de mes envies d’écriture. Mais ce n’est pas très productif !! Je commence à l’envisager différemment, et j’essaie parfois de me réserver, de m’imposer du temps juste pour ça. Mais je ne suis pas encore régulière dans cette pratique !! Je ne crois pas qu’il soit nécessaire de ne faire QUE ça. En tout cas je ne pense pas que ça me conviendrait. J’ai besoin des Autres, de l’actu, du monde, pour pouvoir écrire. Il est certes difficile de mener à bien un projet littéraire quand on travaille à côté, qu’on a un enfant.. Mais avec un peu de discipline, tout est réalisable.
Voir resurgir mes textes me fait prendre conscience qu’être très exigeant avec soi-même n’est pas toujours salvateur.
L : Veux-tu en parler à nos lecteurs ? Quel en est l’idée, le point de départ ?
Elsa Dussert : J’en parle volontiers oui ! Le point de départ c’est la rencontre entre 2 personnages que tout semble opposer. Agathe est une jeune femme plutôt spontanée, pas très fine en apparence ; Pépé est un vieux veuf qui a pas mal bourlingué.
À l’origine je voulais les opposer en mode modernité VS réac mais c’est du déjà vu. Beaucoup trop vu en fait. Alors j’ai pris le parti de faire de mon roman une sorte de longue conversation, où les points de vue des personnages s’affrontent et se complètent. C’est plus difficile qu’une franche opposition du coup, mais aussi plus intéressant.
J’ai besoin de dire un certain nombre de choses sur ce monde qui marche sur la tête et je trouve ça enrichissant de le faire par le prisme de ces 2 expériences de vie.
L : Nous avons publié des nouvelles que tu n’avais pas fait lire, alors qu’elles sont plutôt bonnes, souvent drôle, avec un rythme certain. Pourquoi ne pas les avoir fait lire et/ou tenter de les faire éditer ? Manque de confiance en toi ?
Elsa Dussert : Oui assurément !!:)
Je me suis toujours dénigrée (et peut-être même que je prenais un malin plaisir à le faire…) et j’ai toujours dénigré mon travail d’écriture. Je ne me suis jamais prise au sérieux. Très peu de gens savent que j’écris. Un peu plus maintenant grâce à toi !;)
La publication de mon recueil a été un chouette moment et c’est une chose que j’ai faite toute seule (avec mon amoureux mais détachée de ma famille) et ça a été une belle surprise. Mais je sais pas.. Je n’ai pas surfé dessus. Je trouvais pas ça si exceptionnel finalement. Je l’ai fait c’était cool puis comme tout, c’est passé. Enfin c’est ce que je me disais.
Voir resurgir mes textes, mon projet de l’époque sous ta plume me fait prendre conscience qu’être très exigeant avec soi-même n’est pas toujours salvateur. J’ai accompli quelque chose de grandiose, il est grand temps que je me l’approprie.
Finir mon roman !!!!
L : Tu disais dans l’une de tes réponses que tu aimes bien écrire pour les autres, que c’est pour toi une merveilleuse source d’inspiration. Quelle forme prennent ses écrits ? N’as-tu jamais envisagé le statut de biographe ou de traducteur?)
Elsa Dussert : Alors jusque-là, discours de témoin ou oraisons funèbres. Et là pour le coup, j’excelle dans la matière !!!!
Traducteur j’aurais adoré mais je n’ai pas fait les bonnes études et honnêtement j’aurais sacrément la flemme de m’y remettre.
Biographe j’y pense oui. J’adorerais ! Mais je ne sais pas comment m’y prendre et puis ça rejoint l’histoire du manque de confiance en moi. Pourquoi on me choisirait moi et gnia gnia ni et gnia gnia na. Et puis je sais pas faire payer les gens. J’ai un problème avec ça.
L : Quels sont tes projets à venir ?
Elsa Dussert : Finir mon roman !!!!
M’installer de façon pérenne dans mon job.
Faire un long trek à pieds en famille pour les vacances. Avec un âne pour porter la logistique un peu lourde. Pour montrer à mon fils les beautés de notre pays. Pour les rencontres aussi.
Acheter un bout de terrain et faire construire une toute petite maison éco-responsable pour qu’on vive bien tous les 3 avec mon amoureux et notre fils.
L : Que peut-on te souhaiter de beau dans les jours/semaines/mois à venir ?
Elsa Dussert : Finir mon roman, vraiment.
Et que la poisse me lâche parce que là ça devient franchement relou !:)
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