[ EP ] 3.14 AIR, Sans les autres, chanson consciente ?
Sans les autres, nouvel EP de 3.14 AIR.
Ne vous y trompez pas avec ce titre de forme interrogative. La musique de 3.14 Air est teintée de chanson française, mais avec ce petit truc en plus qui s’en échappe (vous connaissez notre « amour » inconditionnel pour la chanson française) et qui fait que Sans les autres nous plaît. Nous disons « consciente » faute de mieux, car si 3.14 délivre des messages, parfois interrogatifs, de cette conscience, celle des êtres humains, au sens global du terme, il le fait avec délicatesse et une humanité féroce.
Mais prenons les choses de façon chronologique. Sans les autres, le morceau donnant son titre à l’EP, est une succession d’interrogations (« Sans le noir, que saurions-nous de la lumière ? Sans le silence, que saurions-nous de la musique ? Et sans les autres, que saurions-nous de nous ? ») qui nous implique, nous, auditeurs, à nous poser effectivement la question. Ce titre éveil l’EP et nos sens, sur fond de claviers/piano, sur une rythmique électro très soft, comme une pulsation de vie. La voix de 3.14 Air y est parfois défaillante, déraillante, fortement attachante car l’imperfection technique y est compensée par ce qu’elle véhicule d’âme.
Cette voix « fragile » est une constante qui donne aux 6 titres une dimension touchante, pleine de sincérité. Cet effet est également renforcé par le mixage et la qualité d’enregistrement et de mastering de l’ensemble. C’est un peu mate, ramassé (comprendre qu’il n’y a pas d’effusions particulières, comme si Pierre De Loor ( l’homme se cachant sous le code 3.14 Air)voulait nous susurrer les choses tranquillement au creux de l’oreille). Même les saillies de guitare électrique sont douces, comme émanant des restes d’un rêve, au moment du réveil.
Attention à la marche.
Ce titre, le troisième de l’EP, porte bien son nom, car si 3.14 Air n’avait pas fait attention, il aurait pu la louper, cette marche, et se rétamer de tout son long. Mais, outre cette personnalité un peu atypique dans l’univers chanson, car il y apporte une petite touche jazzy, pas jouée mais que nous sentons vraiment imprégnée dans l’univers de l’auteur, le talent d’écriture fait mouche. Nous y trouvons une certaine innocence, malgré le regard acéré de l’adulte qui se pose dessus.
Cet entre-deux participe au caractère délicat du disque. Sur un titre comme Greta Thunberg, par exemple, Pierre De Loor prend un peu tout à rebours de ce qui a été dit sur cette « égérie » de l’écologie. Il dresse un portrait subtil de la jeune femme, tel qu’il la perçoit. Cela révèle de son intimité, mais aussi d’éléments plus universels quant à une personnalité publique, et au-delà de ça, à une cause.
Cet EP nous surprend par son côté vivifiant. Il existe une certaine légèreté de ton malgré un propos qui ne l’est pas toujours « Allons marcher/j’ai quelque chose à vous dire/il semble bien/que je vous ai vu souffrir ». Nous y découvrons un regard à la fois lucide et attendri sur les gens, sur le monde, sur les choses qui l’entourent.
Sans les autres, que saurions-nous de nous ? Et sans nous, que saurait 3.14 Air de l’âme humaine ? Sans doute déjà beaucoup, car son regard et la façon qu’il a de transmettre ses observations dévoilent un coeur gros comme ça. Ce qui fait de cet EP un mini-album humain, ni plus ni moins.