LA PIETÀ, L’innamorata

l'innamorata La PietaNouvel album déjà disponible

Peut-être bien qu’entre des punchlines acérées peut se révéler la tendresse la plus douce. Peut-être bien que ce disque, L’innamorata est un pur disque punk. Ou du moins sa génitrice est une, pure et dure, de punk, de celle qu’on aime plus que de raison.

Elle s’en fout des églises, La Pietà. Elle s’en contrecarre. Dès Indécise qui ouvre l’album, elle se lucide d’elle-même : « est-ce que j’vais faire un slam ou une mélodie/est-ce que j’fais d’la chanson/ du rock/ du rap/ du hard rock un peu jazzy ? » alors qu’on attend d’elle un pur produit marketing, bien calibré, bien gentillet, qui ne fait pas de pli. Le reste de l’album nous montre qu’elle est une voix unique, qu’elle brouille les pistes entre chanson française, rock, électropop, slam, pop, pour simplement être qui elle est, fondamentalement protéiforme. Le liant dans tout ça, c’est le texte, c’est les textes, cette mise à nu sensible et sincère même si romancée, magnifiée par une vision de l’humanité, faisant fi des frontières des sexes pour parler à tous.

Amour, encore, toujours.

Elle conte les errances de l’amour, celui qui fait mal autant qu’il fait du bien, celui qui déboussole et fait perdre le nord. Sans en faire des tonnes, avec parfois des prises de positions artistiques dépouillées qui laissent poindre ici et là une voix totalement nue, murmurée doucement à l’oreille, comme si La Pietà était véritablement à côté de nous, elle s’adresse à chacun de nous. Avec brio, elle désarçonne.

Après ce premier titre criant un vécu, une remise en question, pleine des doutes qui habitent chacun de nous (ou du moins nous aimons à penser que nous sommes tous sensibles, au moins un peu) dans lequel elle s’expose, elle fait tomber nos barrières. Dès lors nous nous laissons embarquer dans son monde. Nous y lisons une part de notre reflet, de nos peurs, de nos histoires cabossées, de nos fêlures, de nos espoirs aussi, un peu.

Électrisante.

Comme un électrochoc, La Pietà nous réveille de nos torpeurs, nous place face à nous-mêmes, à nos démons, nos désamours, Impossible de ne pas trouver dans ces 13 titres ne serait-ce qu’une bribe de pensée à laquelle tout le monde peut s’identifier. Non pas qu’elle ratisse large dans le but d’engranger du pognon et de sonner commercial, non, pas du tout, mais simplement parce qu’elle n’est qu’une femme parmi tant d’autres, une humaine parmi les humains, et qu’en parlant d’elle, elle touche des zones sensibles chez nous tous.

Avec ses paysages sonores, La Pietà amplifie les émotions, leur donne un écho particulièrement présent, renforce la mélancolie, rend abrasif l’espoir, tord le cou aux idées reçues, joue un romantisme forcené, se désexualise pour rendre l’amour universel.

Inventif, ses arrangements, souvent trempés dans une électro discrète s’avèrent amples et précis. Rien n’est laissé au hasard et nous sentons une totale connivence entre le texte et les notes. Ici une pure chanson à la française (Je ne pense à rien), voire à la belge (ou à la Jacques Brel) sur Une tempête, là un slam (J’pédale), ou bien encore une desert song (Qu’importe), une électrorock musclée (Bienvenue), une pop minimaliste piano voix enregistrée dans la pièce d’à côté (Emmêlons-nous) ou électronique (La faute à pas d’chance), mais toujours cette acuité à placer sur chacune de ses personnalités un texte qui lui colle à la peau. Rien n’est laissé au hasard, comme si tout était lié au destin.

Pour l’humain.

Avec L’innamorata, c’est l’humanité de La Pietà qui nous submerge, nous suffoque, nous (ré)humanise. Nous ne ressortons pas indemne du disque, parce qu’il est simplement beau, fort, intense, et qu’il laisse à voir une femme revenue d’elle-même, consciente qu’il faut simplement suivre ses envies, et vivre sa vie pleinement avant que la mort se charge de nous ramener à nos silences.

Un cri de vie, en somme.

Et ça, elle le dit dès le premier titre de L’innamorata.

Patrick Béguinel

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