[FESTIVAL] Angoulême, phylactèrement vôtre !
De l’art de l’ubiquité
Laissez-moi vous parler d’un événement qui agite les cœurs vaillants de tous les énamourés du neuvième art, à savoir le Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême. Le premier temps verra l’annonce du palmarès les 29 et 30 janvier 2021. Le festival s’adapte et occupera plusieurs gares de France afin d’aller à la rencontre du public. Cette 48e édition aura lieu en présentiel en juin prochain dans un second temps.
Malgré ce dédoublement, le festival sera encore une fois l’occasion de récompenser les femmes et les hommes qui se cachent derrière des œuvres graphiques de haut vol. Les dessinatrices et les dessinateurs, les autrices et les auteurs, les coloristes, les encreuses et les encreurs, les chantres du trait, les prêtresses du motif, les adeptes des histoires alambiquées, des fantastiques aventures super-héroïques, des ambiances feutrées, des romans graphiques éclectiques et autres joyeuses propositions mirobolantes, gothiques, monstrueuses, extraterrestres, horrifiques, métaphoriques, subtiles, irrévérencieuses, avant-gardistes, coup de poing.
Le neuvième art : hymne à la diversité
Le neuvième art est un art libre qui exprime toutes les palettes possibles et ouvre les horizons bien trop étriqués de nos sociétés normatives et patriarcales. Le neuvième art ne se refuse rien, et il a bien raison. Il est démocratique, il est divertissant, il est protéiforme, il vous agite les neurones et vos petits palpitants racornis par les vicissitudes de l’existence et vous instruit aussi sur les dangers d’un monde de cases, de normes, de diktats, de règles étouffantes et de moules biaisés, et tout ça en vous bombardant les prunelles de cases dans tous les sens justement, de bulles qui se déploient en formes diverses ou qui disparaissent, de couleurs chatoyantes ou de prouesses en noir et blanc.
Il est donc tout à fait normal qu’un tel art diversifié connaisse son apothéose, vive sa célébration, fasse son cinéma dans un monde un peu stone, chaque année à Angoulême, cité de la diversité « bédéistique ». Les deux affiches, signées par Chloé Wary et Willy Ohm, respectivement autrice de La Saison de roses, BD primée à Angoulême lors de l’édition précédente et auteur de Coconut, donnent le ton : place à la positive attitude !
Les deux affiches, correspondant aux deux temps, n’en forment qu’une lorsqu’on les fusionne. Elles témoignent d’une volonté de chasser les nuages anxiogènes et de fêter la BD comme il se doit.
Bienvenue en BDtopie
La BD, comme un exutoire à la morosité ambiante, comme une bulle de bonheur, comme un sacré foutoir expiatoire qui vous prend aux tripes et vous comble de joies et de chocs, qui vous malmène et vous alerte sur l’inertie qui vous guette devant vos écrans délétères et vecteurs de pensées aseptisées, mérite une apothéose festivalière.
Pour cause de virus incisif, le Festival d’Angoulême se démultiplie pour continuer à exister et à ravir petits et grands. Les professionnels et les professionnelles apportent leur soutien à Angoulême et luttent chacun ou chacune à leurs manières pour faire perdurer l’esprit du festival qui se veut un espace de rencontres, d’échanges et de partages autour de la BD et de son dédale disciplinaire.
Fauve qui peut !
Le Festival d’Angoulême fête la BD dans sa diversité, donc il récompense toutes les formes avec des catégories variées dont les prix (les mythiques Fauves) seront remis en janvier. Il n’est pas question de céder au spleen si cher à Baudelaire, mais de prendre le taureau par les cornes pour ne pas bayer aux corneilles, pour ne pas se laisser sombrer corps et biens et combattre les ennemis de la créativité tapis dans des placards statiques.
Il est primordial de célébrer la BD, mais plus largement toute la culture. Ce qui sera notamment le cas lors de l’exposition d’Emmanuel Guibert, président de cette 48e édition en janvier au Musée des Beaux-Arts d’Angoulême, baptisé En bonne compagnie. Il invitera des créatifs sensitifs qui touchent à différents genres. En effet, les maîtresses et maîtres du neuvième art savent bien que l’art est poreux, que des ponts existent entre les différentes pratiques (tiens, revoilà de la diversité ! Décidément !), et elles/ils ne se cantonnent pas à un médium ou à un support. Voilà bien la force de l’art en général : abattre les cloisons, pousser les murs, repousser les limites, faire tomber les barrières ou les œillères et ouvrir les chakras.
Pour conclure
La BD est le parangon idéal de la confluence d’influences multiculturelles et de messages universels, elle refuse le conformisme, elle refuse de baisser les bras et de fermer ses écoutilles, car rien n’est plus terrible en ce monde que de bâillonner la culture, tonnerre de Brest !
Lire c’est résister ! Lire, c’est lutter ! Lire, c’est explorer, découvrir, témoigner de sa curiosité de culture. Lire, c’est goûter le fruit défendu de la connaissance pour repousser l’obscure ignorance, alors, lisez des BD ! Read comics !
Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site du festival
Florent Lucéa
Une chronique de BD ? Léo et la méduse
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Florent Lucéa a rejoint l’équipe Litzic. Il chronique pour vous les BDs qui lui ont tapé au coeur et à l’oeil. Peintre, dessinateur et auteur protéiforme, il apporte son regard à la fois curieux et pertinent sur ce que l’on nomme communément le Neuvième art. Il a été notre auteur du mois en mai 2019.
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