[INTERVIEW] SANDRINE PLASSARD, Une névrosée déconfinée
Quelques questions posées à Sandrine Plassard autour de son livre Une névrosée en confinement.
Même si cette sombre période semble être (un peu) derrière nous, nous revenons, dans cette interview, sur la façon dont Sandrine Plassard a vécu le confinement. Comment l’a-t-elle vécu ? Comment va-t-elle aujourd’hui. Découvrez les réponses d’une névrosée déconfinée (et cela au propre comme au figuré, ou du moins en voie de déconfinement de ses névroses)
Les questions.
Litzic : Bonjour Sandrine, première question rituelle : comment vas-tu ?
Sandrine Plassard : Bonjour, Patrick !
J’ai perdu un peu l’habitude de dire que ça va alors que ça ne va pas, donc je réponds souvent : « Je vais ». Ainsi, ma réponse peut être interprétée comme on le sent ! Je précise que je n’ai pas l’habitude de dire que ça ne va pas non plus…
L : Pourquoi avoir écrit ce livre ?
Sandrine Plassard : À vrai dire, ça m’a pris comme ça. Tout simplement, je me doutais que cette période serait historique, et je voulais en laisser une trace, même si mon témoignage n’atteindra pas autant de monde que celui d’Ann Franck qui m’a énormément touchée et inspirée (j’ai souvent commencé des journaux intimes dans ma vie). Cependant, comme on est nombreux à avoir voulu écrire sur cette période, je me suis dit qu’il serait intéressant de la faire découvrir de mon point de vue de névrosée.
L : Dans Une névrosée en confinement, tu décris ta vie pendant la période étrange que nous venons tous de vivre. Avec le bref recul que nous avons sur celui-ci, comment définirais-tu l’épisode que nous venons de vivre ?
Sandrine Plassard : Euh, joker ! Je vois cette période comme historique, mais j’avoue ne pas savoir quoi ajouter, car chacun l’aura vécue différemment. Mon cerveau droit étant « en pause », j’avoue que j’ai du mal à répondre à certaines questions…
L : Toujours avec ce même recul (je rappelle que tu as tenu un journal quotidien, ou presque, et que ce qui est noté dedans est à « vif »), comment as-tu vécu ce confinement ?
Sandrine Plassard : Au final, même s’il y a eu un côté agréable et positif d’être avec mes acolytes, j’ai vécu ce confinement comme une frustration de plus, en voyant que je devais continuer de travailler à fond et que mes acolytes étaient payés « sans rien faire ». L’impression comme d’habitude que je n’ai pas le droit au plaisir et au repos. Je me suis encore sentie un peu seule à devoir me battre…
L : Tu étais entourée par des proches, avec qui tu as vécu quasiment tout le confinement. Cela a semble-t-il amoindri tes maux ?
Sandrine Plassard : D’un côté, j’avais donc cette frustration, car eux, n’avaient pas d’obligations, et moi, c’était comme d’habitude. Toujours les obligations… Mais d’un autre côté, oui, cela a amoindri mes maux, car j’existais un peu.
Un de mes plus gros problèmes, c’est que je n’existe pas vraiment à mes yeux, comme si j’étais transparente. Tout ceci est inconscient, mais très présent. Et puis, si d’habitude, je suis dans les obligations (travail, corvées) du matin où je me lève jusqu’au soir où je me couche, sans faire de pause, pendant le confinement, j’ai réussi à prendre des moments de repos avec eux, et donc grâce à eux.
« Cependant, comme on est nombreux à avoir voulu écrire sur cette période, je me suis dit qu’il serait intéressant de la faire découvrir de mon point de vue de névrosée. »
L : Comment lutte-t-on contre ses névroses ? Occuper son esprit est-il un des facteurs « apaisant » ou au contraire stressant ?
Sandrine Plassard : Malheureusement, je n’ai pas encore trouvé comment lutter contre les névroses, mais j’y travaille constamment.
Par définition, la névrose obsessionnelle, c’est réaliser des actes qu’on se sent OBLIGÉ de faire même si on reconnaît leur caractère absurde. C’est compulsif et on ne peut pas s’en empêcher.
Je dirais que c’est apaisant tant qu’on ne le réalise pas et surtout tant qu’on le subit. À partir du moment où on comprend qu’on doit arrêter de subir sa vie, se sortir de là, et où on commence à mettre des choses en place, ça devient stressant. C’est mon humble avis. Alors, on doit lutter pour ne pas se laver les mains ou vérifier quelque chose pour la énième fois, et surtout, en ce qui me concerne, maintenant, j’ai juste envie d’être « comme tout le monde », car c’est frustrant de ne pas l’être. Et j’ai compris que c’était possible (avec du temps et beaucoup de travail sur moi !)
Occuper son esprit, c’est comme le lavage des mains et autres TOC, car on s’oblige à être toujours actif pour pallier les névroses. On empêche notre esprit de se reposer. C’est un système de défense.
L : J’ai senti une forme de quiétude pendant la période de confinement. Tu y évoques un mieux-être (processus engagé depuis un an environ), une forme de lâcher prise. Avoir été en contact de tes amis a été bénéfique semble-t-il ? T’es tu interrogée sur comment aurais-tu pu vivre ce même épisode sans eux ? Et du coup, sans vouloir parler pour les autres, comment penses-tu que des personnes souffrant des mêmes troubles que toi ont vécu cet épisode sans avoir eu ta « chance » d’être entourée ?
Sandrine Plassard : Depuis la rencontre avec mon double (pour ceux qui n’ont pas encore lu mon livre, j’y explique que j’ai le syndrome du jumeau perdu et que j’ai retrouvé ce jumeau dans ma vie, même si cela reste MA théorie, car chacun a ses propres croyances). Il a changé ma vie dans le sens où il a entamé mon processus de prise de confiance en moi. Il m’a fait exister et je pense justement raconter mon processus de guérison dans la suite d’Une névrosée en confinement.
Être confinée avec mes amis a été bénéfique pour moi, oui, mais je m’adapte à tout (malheureusement, puisque j’ai toujours subi ma vie, même si cela est en train de changer). Par conséquent, si j’avais été confinée seule, j’aurais géré comme j’ai toujours tout géré dans ma vie. Malheureuse, mais acceptant les choses… Je passe de la soumission (à la vie) à l’envie de tout faire pour connaître le bonheur. Pour moi, je précise que le bonheur, c’est ni plus ni moins qu’être bien dans sa peau. Quand on se sent bien, tout suit, et je veux découvrir cela dans ma « nouvelle vie » que je suis en train de me préparer tant bien que mal. j’ai déjà 55 ans, mais mieux vaut tard que jamais…
J’avoue ne pas pouvoir parler pour les autres « névrosés », car je pense que tout dépend de son passé et de son tempérament qui découle du vécu de chaque personne. Cependant, j’avoue que j’aimerais bien savoir comment mes congénères ont géré la crise.
« À partir du moment où on comprend qu’on doit arrêter de subir sa vie, se sortir de là, et où on commence à mettre des choses en place, ça devient stressant. »
L : La fin du livre me laisses dans un état d’inquiétude. Tu nous laisses sur une impression de mal-être qui semble te submerger. Comment se sont passé les deux mois d’été ? Tes troubles ont-ils refait surface ? Si oui, de quelle façon ?
Sandrine Plassard : Eh oui ! J’ai vécu plusieurs mois extrêmement douloureux. J’étais vraiment « au bout de ma vie ». J’ai été complètement détruite pour des histoires bêtes et injustes. J’ai passé des semaines à pleurer, puis j’ai dû me résigner à prendre des antidépresseurs, une fois de plus dans ma vie. Je m’en suis sortie grâce à mes amis qui ont été, et qui sont, formidables. J’ai beaucoup de chance de les avoir.
Mes troubles sont toujours présents, mais j’en suis de plus en plus consciente et je souhaite démarrer une nouvelle vie sans (trop de) troubles.
L : Aujourd’hui, comment va ta santé (autant physique que morale et affective) ?
Sandrine Plassard : Physiquement, ça va un peu mieux, mais ce n’est pas encore ça, loin de là, avec mes problèmes de somatisation.
Je suis toujours sous antidépresseurs, même si je les oublie souvent ! J’ai l’impression que je supporte mieux la solitude, car il s’est passé quelque chose. C’est un début !
Et surtout, deux choses importantes qui m’ont aidée récemment : l’injustice que j’ai subie a été réparée, donc j’ai repris le chemin de la guérison sur lequel mon jumeau avait commencé de m’emmener. Je suis reboostée depuis fin août.
Et deuxième chose, il y a quelques jours, j’ai eu la chance que mon formateur en hypnose me fasse une séance d’hypnose régressive ésotérique. Je ressens que cette séance commence à faire bouger des choses, notamment au niveau de mon cerveau droit qui était en pause. Je suis sur la voie du bien-être et du bonheur !
Nous remercions chaleureusement Sandrine Plassard d’être revenu sur son expérience de confinement. Nous rappelons qu’Une névrosée en confinement est sorti en auto-édition et que vous pouvez trouver le livre sur la plateforme bien connue dont nous ne citerons pas le nom (mais vous comprendrez de quel plateforme de vente par correspondance dont il s’agit).
Relire la chronique d’Une névrosée en confinement.
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