[ JOURNAL ] SANDRINE PLASSARD, Une névrosée en confinement.

Une névrosée en confinement, carnet de bord de Sandrine Plassard.

Avec cette rentrée littéraire pleuvent des livres plus ou moins articulés autour de l’étrange période que nous venons collectivement de traverser. Si les vagues à l’âme d’auteurs reconnus quant à celle-ci ne nous intéressent que peu, il en est tout autre de la part « d’anonymes », notamment vu sous ce prisme de la névrose. Avec ce journal revenant jour après jour sur les réalités concrètes de son autrice, Une névrosée en confinement de Sandrine Plassard (auto-édition) colle au plus près d’une réalité souvent douloureuse.

Il se trouve que la question de la santé mentale (ou morale) a été évoquée dans de nombreux média. Comment les personnes fragiles émotionnellement vivent-elles ce confinement ? Qu’en est-il de l’après ? Quelles traces laisse cet épisode inédit dans la psyché des malades ? Autant de questions qui sont évoquées ici, soit en creux, par le biais de l’humour, soit de façon plus frontale. Mais revenons déjà sur la définition de névrose.

Qu’est-ce qu’une névrose ?

« La névrose fait partie des maladies de la personnalité. Elle n’est généralement pas grave et les troubles comportementaux associés, sont souvent mineurs.  » (source)

« Affection caractérisée par des conflits qui inhibent les conduites sociales et qui s’accompagnent d’une conscience pénible des troubles. » (Source)

Ces deux définitions nous permettent de cibler un peu plus ce trouble de la personnalité dont les effets sont très personnels. Dans le cas de Sandrine Plassard, ils se caractérisent par des TOC ( Trouble Obsessionnel Compulsif), par une hyperactivité et par une remise en question permanente sur les faits, gestes et paroles qu’elle effectue.

Dans ce livre, elle revient donc sur la période s’étendant du 17 mars au 11 mai de façon quotidienne, terminant son journal à la date du 3 juin, 24é jour du déconfinement. Et c’est peut-être cette période de déconfinement la plus parlante.

Un confinement « collectif ».

À l’annonce par les autorités d’une mise en confinement, Sandrine Plassard se trouvait avec des amis. Ils ont décidé de vivre cette expérience ensemble. Elle a eu la chance, étant fragile psychologiquement, de pouvoir vivre cette crise entourée par des proches. Cela n’est pas anodin, elle en fait d’ailleurs références de façon répétées dans ce livre, que ce soit de façon directe ou indirecte. En ce sens, nous pouvons presque dire que son confinement s’est bien passé.

Être entourée lui a permis de vider sa tête de pas mal de pensées encombrantes. La parole, la proximité avec les autres, elle qui est plutôt solitaire d’ordinaire, lui a permis de s’octroyer quelques moments de détente salutaires. Quand nous disons salutaires, nous disons qu’elle a mis la fonction « hyperactivité » de côté, soit légèrement, soit de façon plus appuyée. Elle a pu parfois se poser devant un film, jouer, et surtout éviter de faire autre chose en même temps. Ce détail peut paraître anodin, mais dans sa vie quotidienne, il s’avère que c’est un problème permanent que de faire x choses en même temps. Pour elle, le confinement a été ressenti comme une mise sur pause, ou du moins une période d’accalmie plus ou moins prononcée (la situation évoluait de façon quotidienne, en fonction des annonces et autres expériences de sorties qu’elle pouvait effectuer).

La névrose au quotidien.

Si de nombreux faits sont relatés ici, notamment par le compte-rendu des chiffres et informations délivrées chaque jour, nous voyons des interrogations revenir en boucle tout au long de cette période. Des interrogations et des informations intimes qui reviennent un peu comme des mantras, comme si Sandrine Plassard était bloquée sur un élément et qu’elle ne parvenait pas à s’en détacher. Cela provoque des « redites » dans ce livre, redites appuyant sur les troubles de cette personnes. Nous voyons un peu de sa souffrance, de celle qu’elle tente de camoufler, tant bien que mal, en temps normal.

L’effet obtenu est assez troublant. Bien évidemment, nous ne pouvons pas nous glisser dans sa peau, mais nous pensons réussir à cerner un peu mieux cette maladie insidieuse. Mais c’est véritablement à la fin de ce récit de vie que nous prenons conscience du mal qui la ronge. En effet, dès le retour à la vie normale, c’est-à-dire quand ses « colocataires » doivent reprendre leurs activités normales, le mal s’accentue. De nouveau seule, les troubles réapparaissent, forts et ultra-présents.

Nous sentons une détresse ressurgir (enfin nous l’imaginons car l’autrice fait peu part de l’état de ses troubles avant le premier jour de confinement). Seule, elle se retrouve à nouveau dans la gestion de son quotidien, fait de crises de paniques et d’autres obsessions à devoir « combler ». La question de l’après se pose donc de façon très sérieuse pour ces personnes fragiles.

Une immersion positive.

Ne vous trompez pas sur ce terme « positif ». L’immersion, par le biais de ce journal intime, a ceci de positif qu’elle nous permet de mieux comprendre de quoi souffre l’autrice et les autres personnes névrosées (même si les symptômes diffèrent d’une personne à l’autre). Elle permet en outre de nous interroger sur nos propres névroses (car finalement nous sommes tous névrosés, à différentes échelles là aussi).

Mais la fin du journal est tout de même la partie la plus criante. Entourée, Sandrine Plassard nous évoque sa maladie, son bien-être affectif. Nous y sentons une forme de quiétude, que ce soit au niveau psychologique ou au niveau des ressentis avec ses proches. C’est seule que ces troubles ressurgissent de façon violente, qu’elle se pose à nouveau de fortes questions sur sa place au sein de son entourage, et nous interroge sur les séquelles laissées par la période du confinement. Quelles sont-elles et comment l’autrice y fait face ? Deux questions que nous aimerions poser à cette femme qui, par ce carnet, pose les maux sans fausse pudeur, mais toujours avec un souci d’honnêteté, d’humour et de transparence rigoureuse de ses états d’âme.

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