Sélection 22-21, de Ojos à Ekkstacy

Nouvelle sélection musicale du vendredi 10 juin

Plein de têtes connues dans cette playlist. Celles qui ne le sont pas ne manquent pas de piment pour rejoindre cette grande famille des groupes qui nous font des guiliguilis dans le ventre. Cette playlist 22-21, peut-être moins aventureuse que d’autres, nous sert surtout à confirmer des talents fous qu’il faut à tout prix écouter et aller voir sur scène quand ils se produisent près de chez vous (ce qui devrait être le cas, été aidant).

OJOS

Ce duo nous avait beaucoup touchés par sa pop urbaine l’an passé. Parce que sa personnalité lui permettait de s’extraire de la masse des gens pas inspiré. Rebelote avec ce génial Peligrosa, pur moment jouissif de pop électro hip-hop totalement en marge du courant, avec son lot d’inventions sonores. La recherche artistique est ici sublime, permet au duo de franchir encore une marche vers l’excellence dans un genre fourre tout souvent insipide.

Qui plus est, ce clip DIY ajoute encore du charme au duo qui manie à la fois le côté instantané de sa musique et une véritable réflexion musicale. Nous rangerions facilement le duo au côté d’un Pictish Trail, ou d’un groupe disparu aujourd’hui mais qui nous procurait des sensations dingues à l’époque, The Beta Band. Un groupe coup de cœur qu’on espère suivre très longtemps !

MATHIEU SAÏKALY

Simple voix guitare, Mon âme va a l’essentiel, mais touche profondément. À la fois par sa sobriété musicale, à la fois par l’intensité du chant, augmenté par des effets bien sentis. Il faut parfois peu pour nous toucher. Mais peu, c’est beaucoup, c’est une sincérité exprimée, c’est par une humilité d’interprétation, c’est par le bon goût d’une chanson française, pop et folk, aussi très légèrement jazz.

Sans gros effets, Mathieu Saïkaly nous montre une nouvelle fois toute l’étendue de ses talents d’auteur-compositeur, sans doute l’un des tous meilleurs en France en ce moment. Parce que ces textes touchent toujours à une dimension universelle de ce que l’humain porte en son cœur et, dans le cas échéant, dans son âme. Magnifique.

LA BICHE

On ne va pas redire ce que l’on vient de dire en introduction de cette sélection 22-21, à savoir que la pop tendance électro (ou urbaine) est un fourre-tout duquel il est dur de s’extirper quand on a l’inspiration en berne. Pourtant, comme Ojos, La Biche propose une musique intelligente, très personnelle, mettant autant l’accent sur le texte que sur la musique.

Dans Mister, c’est la sensualité qui est mise en avant, à la fois dans les textes et la musique. Tempo langoureux, évoquant la passion par ses éclairs lumineux, par ses instrumentations charnelles, par cette présente corporelle que l’on sent très proche. Le chant donne l’impression d’être exprimé dans un souffle, renforçant cette notion de proximité brûlante de deux corps amis. Intrigant et sexy, Mister nous ravis.

DELEO

Nous avons déjà parlé de Deleo. Alors que le combo annonce un album à venir pour octobre, et répondant au nom de The best is yet to be, il nous offre ce Satellite totalement convaincant. Ton hargneux, contours post punk, avec toujours l’apport de quelques touches acoustiques de guitare folk, le groupe séduit et impose son style, sa patte, pour notre plus grand plaisir.

Le son est massif mais finement ouvragé, donne dans la nuance grâce à des arrangements bien pensés. Que dire de plus si ce n’est que cette mise en bouche de l’album ressemble à s’y méprendre à un plat de résistance. Si l’album est de cette trempe, il pourrait bien faire des ravages.

EDGAR DÉCEPTION

Edgar Déception ne nous déçoit pas dans ce Edgar pleut toujours sous ta fenêtre de merde, petite pièce pop punk lofi qui semble chantée à tue-tête, autant en voix lead qu’aux choeurs. Production hyper minimaliste, l’enregistrement donne l’impression d’avoir été effectué à l’arrache, pour un résultat 100 % instantané, avec ces imperfections mais surtout avec tout son charme. Si vous en doutiez, c’est signé chez Flippin’freaks records en collaboration avec Howlin Banana Records, deux labels qui ont toujours le chic pour nous dénicher des morceaux aussi improbables que géniaux. L’EP arrive en novembre.

CLAIR

On retrouve Clair, protégée de Philippe Katerine, dans un clip qui abolit les distances entre les États-Unis, et la Californie qui, quand tu ouvres les yeux, se trouve être Saint Gilles Croix de Vie. Délicatesse pop, choeurs angéliques, tempo à la cool, Clair offre un texte tendre plein d’une poésie décalée qui montre que la pop, c’est aussi parler de rien, mais en le faisant d’une très jolie manière. Désuet et à côté des standards actuels, ce titre enchante sans forcer, parce que, simplement, il est très très bien fait. A nous de décoller au pays du soleil à l’annonce prochaine de l’été…

EKKSTACY

Son mini-album Negative nous avait mis dans tous nos états avec ce désespoir qui semblait le hanter. Malgré tout, une lueur d’espoir persistait, comme un instinct de survie bien plus fort que tout le reste. I Gave you everything, son tout nouveau single indique qu’Ekkstacy poursuit le combat, farouchement, en mêlant shoegaze et grunge dans ce titre mordant, incisif, et, peut-être, un peu plus lumineux que par le récent passé de l’artiste.

Pourtant, ce titre exprime l’absence de but, le désœuvrement, aspect que l’on peut ressentir dans ce clip en noir et blanc impeccable. A tout juste 20 ans, la promesse de voir cet artiste gagner la lumière se fait plus précise. On a hâte de découvrir la suite.

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