EKKSTACY, Negative (disponible chez United masters)

ekkstacyDevenir adulte.

Nous avons déjà eu l’occasion de vous parler d’Ekkstacy, à travers deux vidéos, celle d’ It only gets worse, I promise et In love. C’est donc tout naturel que nous en venons à parler de Negative, son premier mini-album, fraîchement sorti chez United Masters. Ce jeune chanteur/compositeur canadien Ekkstacy a déjà pas mal de choses à dire, et il le fait plutôt bien.

Musicalement, son album se situe à la croisée de la new wave (on sent des accointances avec The Cure par exemple), du shoegaze, et pourquoi par du gothic rock. Il marque selon nous, l’évolution d’un jeune homme, pas tout à fait un adulte, mais qui est sur le chemin pour le devenir. Negative traduit cela en musique avec une forme de délicatesse. Il traite de solitude, de dépression, d’envie suicidaire, le plus souvent sur fond de rythmiques laissant à penser que Negative est festif (ce qu’il n’est évidemment pas).

soutenir litzic

Pour faire en sorte que litzic reste gratuit et puisse continuer à soutenir la culture

Nimbé dans la réverb.

L’univers d’Ekkstacy n’est donc pas joyeux, malgré ce que les premiers titres de Negative laissent à penser par leurs rythmiques enlevées, par leurs guitares lumineuses aux mélodies légères. La basse est trépidante, comme euphorique, comme sous ecstasy (référence inévitable). La voix dégage un allant lui aussi plutôt optimiste, pourtant la gravité est belle est bien présente dans les propos du chanteur.

Lorsque ses parents divorcent, c’est la chute. Solitaire, il subit un effondrement psychologique, le conduisant à la prise de drogues. Pire, lors d’un épisode psychotique, il en vient à se défenestrer. Suite à cela il suit une psychothérapie, mais, comme tout le monde le sait, c’est la musique qui l’aide véritablement à remonter la pente. Il compose un premier titre, se sent mieux, réitère l’expérience.

Il parle de ses maux, y trouve un réconfort, une envie d’aller plus loin encore, dans l’expression de ce qui le hante. Mais un peu échaudé par le soutien factice et le rejet notamment des autres élèves de son lycée, il en vient à parler de découragement dans ses morceaux, délaissant les thèmes mis en avant auparavant (dépression, toxicomanie, autodestruction). Quand une petite amie le quitte, c’est tout naturellement qu’il en vient à parler de ce nouveau traumatisme (In love).

Musicalement.

Le début de l’album part donc sur des rythmiques plutôt dynamiques, comme par pudeur, pour ne pas entrer dans le dur de la plus frontale des manières. Ekkstacy masque sa noirceur derrière ce qui saute aux oreilles, à savoir une musique légère, avec une voix passée au travers d’un filtre la rendant évanescente, presque fantomatique. D’ailleurs, c’est cela qui nous met la puce à l’oreille, qui nous fait nous dire que tout n’est pas clair, que lorsque l’on brouille ainsi les pistes, c’est que toute vérité première n’est pas bonne à donner d’entrée de jeu. On se laisse donc berner, reprenant ces mélodies en sifflotant.

Progressivement, la donne change. Les tempos ralentissent, la voix, même si le traitement sonore est maintenu, devient plus grave, plus plombé. Il est dès lors dur de faire abstraction de cette gravité, fortement teintée de mélancolie. Une mélancolie lourde, poisseuse, qui fait dévier lentement mais surement les titres vers le gothic et cette expression de la souffrance qui est son paradigme. Pourtant, nous ne ressentons pas, à l’écoute de Negative, de réel malaise. Il y a véritablement, dans l’expression d’Ekkstacy, la volonté d’exprimer une tourmente, mais sans en faire un fonds de commerce un peu vulgaire. Par la douceur de sa voix, il nous indique son vécu, il le partage avec nous, comme pour nous dire que derrière les apparences existe tout un monde duquel on est parfois exclu, mais qu’il convient de découvrir, comme pour mieux apprendre à se connaître.

Chape de plomb, ciel noir, mais…

Ainsi, tout l’univers d’Ekkstacy paraît engoncé dans un maelstrom de teintes allant du gris au noir, en passant par des teintes abyssales de bleus. Mais il y a aussi des éclaircies, des teintes plus chaudes, plus lumineuses, des teintes qui réconfortent, qui donne foi. Non seulement dans l’expression de ce qui fait mal et qui apporte par voie de conséquence un mieux-être, mais aussi par la grâce presque religieuse qui semble émaner de cette « confession » sans concessions.

Le mini album passe trop vite. Il nous met aussi comme une légère baffe dans la tronche, l’air de rien, presque par inadvertance, avec nonchalance, et une certaine décontraction. Pour nous, cette attitude, qui n’en est pas vraiment une, puisque Ekkstacy ne pose pas, nous rappelle ce détachement qu’ont les adolescents et qui leur permet de dépasser toutes les épreuves, même le splus ardues, avec la grâce de funambules. Ce mini-album, s’il n’est pas encore celui de la maturité, est une pierre fondatrice de l’édifice Ekkstacy. Le temps nous le dira, mais ce jeune homme de 19 ans possède un truc en plus, indéniablement.

Si vous êtes du côté du Supersonic le 25 novembre, vous pourrez découvrir Ekkstacy sur scène. À ne pas manquer !

soutenir litzic

Nous retrouver sur FB, instagram, twitter

Ajoutez un commentaire