Playlist 22, ou comment se méfier des apparences
Playlist 22.
Cette playlist 22 nous prouve, s’il devait l’être, que l’habit ne fait pas le moine, qu’il faut, toujours, se méfier des apparences. Derrière les idées préconçus qui nous guident dans une direction toute tracée, les artistes parviennent à insuffler des parts d’eux, de leur personnalité, de leur complexité et de la rendre simplifiée, à l’écoute. Ainsi, des titres dont nous pensons tout connaître au premier abord se trouvent être des joyaux d’inventivité. NOus vous laissons découvrir cela sans plus attendre.
CLAIRE DAYS
Approche épurée, voix, guitare, banjo, légère base rythmique en arrière-plan. C’est la délicatesse qui nous saute aux oreilles, une légère fragilité aussi, dans ce tremblement dans la voix, dans ce souffle vacillant. Le très bel Austria en vient très vite à occuper tout l’espace et toute notre attention par l’émotion qu’il dégage. Nous sentons une proximité directe avec l’artiste, tout comme nous sentons le crépitement d’un feu pas très loin. Ce titre, bien qu’enregistré de façon totalement inédite par Claire Days dégage une chaleur qui réchauffe les os et l’âme.
Ce travail est le fruit d’une résidence et d’une mise en « danger » de songwriter. En effet, elle s’est enfermée seule dans un chalet, avec un peu de matériel de musique, d’enregistrement et à composé 3 titres, figurant dans un EP appelé Creatures (il sortira le 23 juin). Résultat, des compositions sincères, douces et fortes, qui ne mentent pas. Et ça, on adore ! On vous en dit plus en juin.
SANTERO PROJECTS
Santero projects nous vient de suède et nous propose un univers taillé dans la pop et la folk, le tout appuyé par une voix aussi chaude et enveloppante que peut être froide cette région du globe. Enregistré seul, sans effets numériques en post production (les seuls effets sont ceux de ces différents réglages et pédales), la musique de Santero Projects s’avère à la fois douce et puissante, onirique et très terrienne. Nous la décririons comme étant la musique d’un rêveur qui a les deux pieds sur terre. Et ce Knossos en est simplement la plus belle des démonstrations.
Myyora
De retour dans cette playlist 22. On ne va pas dire qu’elle fait partie de nos chouchous, mais on aime beaucoup ce que fait Myyora (qui n’est plus une inconnue si vous suivez avec attention nos playlists). Elle revient avec One song, un titre dégageant un climat apaisant, tout en exprimant une force puisée dans un propos qu’on imagine intime. La production donne à One song un côté un peu onirique, ou en tout cas légèrement éthéré qui nous transporte auprès de la chanteuse, créant ainsi une connexion émotionnelle forte, reposant principalement sur son interprétation. En effet, Myyora, loin de pousser sa voix comme le font en général pas mal de chanteuses, l’a joue en finesse et humilité et détonne par sa grâce dans l’univers soul rnb du moment. Et ça fonctionne à la perfection.
BAÏNEM
C’est un morceau qui nous fait un drôle d’effet. Derrière son apparence plutôt banale, il dégage très vite une originalité surprenante. La ligne de chant, mi-désabusée, mi-nonchalante, qui ne semble pas totalement aboutie (c’est fait exprès, est-il besoin de le préciser?), apporte une couleur très particulière au morceau. Elle est sa principale qualité, bien que la légère instrumentation de piano nous incite à croire qu’autre chose se passe, aux contours du morceau. Effectivement, lors du deuxième couplet, et avec l’apparition des choeurs, on bascule dans un titre légèrement psychédélique, obsédant. Et la ligne de chant se développe de façon presque exponentielle, dégageant une force contenue mais puissante. On succombe dès lors assez rapidement dans ce paradis infernal qui ne vole pas son nom.
EDDY WOOGY
De la même façon que le morceau précédent, Dragon de feu nous surprend par sa délicatesse et son verbe. La délicatesse se ressent à la fois dans la voix et dans les orchestrations plutôt minimalistes, étouffées presque, comme pour donner l’impression d’un univers ouaté où un grand nombre d’entre nous pourrait espérer trouver un peu de réconfort. Et il y a ce rythme, chaloupé, berçant, qui nous balance à droite, à gauche, comme si nous étions en situation d’ébriété avancée. On en oublie presque d’écouter les paroles, qui pourtant ne manquent pas de poésie et de corps. Bref, c’est un sans fautes qui nous donne envie de découvrir l’univers très particulier de ce rappeur qui s’extraie avec panache de la masse grouillante des suiveurs.
AN EARLY BIRD
Poursuivons cette playlist 22 avec la deuxième fois d’An early bird. Comme son premier morceau dévoilé chez nous, ce Under my skin, derrière des contours qui nous paraissent bien balisés, fait mouche par la touche de liberté qui en émane. Dans un premier temps, nous croyons avoir affaire à un morceau relativement banal, qui porte néanmoins un petit élément plein d’optimisme qui fait mouche. Mais sans se démarquer véritablement de la concurrence. Et puis, alors que notre écoute se fait plutôt distraite, survient un changement, très nuancé, subtil, et le titre part dans une autre direction, légèrement plus dreampop, efficace, riche, mélodique, qui ne triche pas sur l’émotion qu’elle dégage. Bref, on aime décidément cette patte du groupe qui , avec peu d’effets, nous transporte à tous les coups.
LAVENDER VALE
La french touch n’en finit jamais de se réinventer. Ici, elle mélange un peu de Daft Punk avec un peu de Phoenix, pour un morceau que n’aurait pas forcément renié MGMT (cherchez l’intrus). Bref, c’est électro, pop, ça déroule une belle énergie, avec aussi un brin d’insouciance sans pour autant paraître écervelé. La composition reste assez classique, mais le travail sur les sonorités réussit à faire tout le charme de ce titre, hit de l’été en puissance, en largement moins con quand même, ce qui nous réjouit diablement !
PASTEL COAST
Un peu comme Lavender Val, Pastel Coaste semble surfer sur un renouveau french touch. On retrouve, également, une patte Phoenix, dans le chant et la façon dont il est produit, même s’il est ici légèrement travaillé avec l’autothune (qu’on abhorre mais qui apporte véritablement un petit truc artistique, loin du cache misère de tous ceux qui ne savent pas chanter). Derrière, la base légèrement électro apporte sous petit boost énergétique comme il en faut parfois, une base dansante, libératrice, qui nous entraine dans la danse et nous fait oublier un peu la distance. Forcément.
HØST
Nous terminons cette playlist 22 en nous demandant si, par le plus grand des hasard, nous ne Sommes pas dans une période jazz ? Après les chroniques de Rouge et du Julien Daïan Quintet, on vous propose une découverte à la fois jazz et rock. Ou disons plus exactement que nous sommes à la croisée du jazz et du post rock puisque ce titre d’Høst nous plonge dans un état émotionnel déroutant. La longue piste instrumentale ose la réunion de deux univers pas si éloignés que cela quand nous y pensons bien. Il y a des aspects sombres, une lumière galactique, une plongée en apnée dans les contreforts de notre pensée, de ce que renferme notre psyché de sombre mais également de pur, de beau. On pense un peu à Sigur Ros, avec l’apport de xylophone, avec ce traitement sonore, mais aussi à des musique plus aventureuses du jazz (d’Erik Truffaz par exemple), et le plaisir, indubitablement, est au rendez-vous.
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On pense à Étienne Ruhaud