22-15, de La Pietà à Alias

Nouvelle sélection musicale du vendredi 29 avril.

Sans rire, cette playlist 22-15 est peut-être celle qui nous ressemble le plus depuis que nous faisons ces petites sélections. Ici, des artistes au talent fou, qui s’expriment avec une sincérité à l’os, qui vont au bout de leur art, sans œillères, avec humilité, mais avec une force créatrice qui démolit tous les clichés. Ainsi, de La Pietà à Alias, on navigue de la France au Canada, en passant par l’Écosse en bonus, pour des sensations intenses, et vraies.

22-15 de La Pietà à AliasLA PIETÀ

Texte à corps ouvert, Indécise, nouveau single de La Pietà crie une sincérité à même de heurter la sensibilité de ceux qui croient qu’ils ne sont plus sensibles. Sans fard, elle dresse le bilan d’une quarantenaire, elle-même, qui trouve écho, fortement, chez d’autres quarantenaires en quête de… sens ? De réponses ? D’espérances ? Allez, on dit ça parce que nous sommes dans cette tranche d’âge et que nous le voulions ou pas, les interrogations sont notre lot quotidien, et les réponses foutent le camp, sans cesse.

À cœur fendu, elle parle de ce qui fait mal, une rupture qui nous laisse comme un chien abandonné sur le bord de la route, sans rêves ni espoir fixes, avec l’impression d’avoir tout foiré à force d’avoir été abandonné ? Alors à quoi bon continuer ? Pourtant ce texte, ni slam ni rap, spoken word ou rock chanté parlé, on s’en fout de toute manière, dégage une force, celle de la musique qui permet d’expurger de son corps les maux du quotidien, pour essayer de remettre en branle la machine.

Après son crowfunding réussi, La Pietà annonce, avec Indécise, la parution prochaine de son nouvel album. Un album à poil, habillé par une authenticité, sans filtre, qui taille l’âme à l’os, et qui forcément nous émeut. Comme quoi, on est encore un peu sensible.

SINAÏVE

Le shoegaze n’est pas à jeter à la poubelle. D’ailleurs, saviez-vous qu’il existait encore ? Ou qu’il existait tout court, en français dans le texte ? Pourtant, Sinaïve œuvre avec pas mal de réussite dans le genre comme le prouve ce nouveau single, Ténèbres (qui annonce un EP pour la fin mai). Ce titre, dont on a du mal à saisir toutes les paroles, faute (ou grâce) au mixage propre au genre (c’est-à-dire qui noie le chant dans un mur du son), mais dont émerge néanmoins une certitude quant à la qualité d’écriture, rehaussée par des lignes de chant porteuses d’un spleen solaire.

Ce clip montrant l’ennuie à un moment festif, ou un état de mal-être qui se veut discret, impose une sensation de léger malaise, comme lorsque l’on a trop bu (ou que la réalité nous paraît déformée par l’absorption de quelques substances prohibées). Pourtant, loin d’être pesant, loin de nous enfoncer dans les entrailles de la dépression, Ténèbres nous donne un regain d’énergie, d’espoir. Paradoxe. On attend donc désormais l’EP, Super 45T. Qui arrive le 27 mai.

MATHILDA

Chanson délicate piano voix, sans esbrouffe, et à l’esthétique sobre. Une voix qui fait mouche, un texte qui parle d’amour, mais sans tirer sur les ficelles habituelles. Bref, qui évite la facilité, démontre une personnalité à part, forte. Et cette force contraste avec la fragilité qui émane de cette voix presque timide, quand bien même elle montre une technique imparable.

Le clip en noir et blanc appuie la donne nostalgique/mélancolique, impose un spleen de dentelle. Nous nous situons donc dans de la chanson française, pop pourrions-nous même dire, dégageant un je-ne-sais-quoi de Françoise Hardy. C’est simple et beau, et Avalanche annonce le prochain EP, Brutal, de la chanteuse.

BRUCE HORNSBY

Sans doute parce que ce morceau dégage un groove particulier, un esprit à la cool, on aime son atmosphère entre blues, hip-hop et pop. Il ne faut parfois pas grand-chose pour qu’un morceau nous happe et nous fasse complètement dévier de notre programme du jour, et ce Too much monkey business en fait partie, de façon certaine.

Avec sa base minimaliste, une boucle répétitive et obsédante, Bruce Hornsby, qui donne l’impression de ne pas forcer, offre un titre aux éclairs de génie eux aussi minimalistes, comme une ponctuation, une respiration qui rebooste l’organisme à l’heure d’un été qui s’annonce chaud bouillant. Bref, on aime !

LAFRANGE

On retrouve LAFrange qu’on aime beaucoup par ici. Elle revient avec 6, morceau folk légèrement psychédélique, qui nous rappelle un peu certaines grandes dames du genre folk, celles des années 60-70, mais avec cette touche doucement psychédélique qui s’installe progressivement au fil du morceau. C’est fin, léger, efficace, et puis ça déclenche beaucoup de douceur avec ce xylophone, et cet orgue délicat.

Cette artiste, on l’aime vraiment beaucoup. Parce que, dans un genre musical qui reste codé, elle parvient à insuffler un souffle d’originalité salvateur, sans jamais pervertir l’essence de sa musique, ni celle du genre. Raffiné, en somme.

THAÏS

Il est des évidences qui restent en tête. La ligne de chant de Thaïs sur Vieux Port peut vite devenir entêtante, rester dans le crâne toute la journée, toute la semaine. Preuve qu’elle est efficace, évidente. Musicalement, sa pop s’avère aventureuse, maligne, d’une richesse discrète mais bel et bien présente.

La canadienne impose donc son style avec panache, sans faire comme tout le monde, en appuyant sa mélancolie légère à des sonorités ensoleillées, douces, mais aussi trépidantes. Un équilibre qui fonctionne par la grâce de la musicienne qui nous fait un bel effet, une fois encore.

ALIAS

Ce mec possède un talent de dingue. Non seulement, il est capable de nous surprendre à chaque nouveau titre, mais en plus il possède un sens du rock des plus aigus. Nouvelle preuve avec Together. Commençant presque comme un titre disco, il évolue, mue progressivement en un rock proche d’une certaine esthétique électro, mais qui reste abrasif, véhément, expressif.

L’ensemble est tranchant, effilé comme la pointe d’un couteau qui viendrait nous chatouiller les côtes avant d’y plonger jusqu’à la garde. C’est à la fois inattendu et hautement addictif, sans parler de l’efficacité mortelle de ce motif qui reste en tête et apparaît aussi incontournable qu’un riff à la Seven Nation Army, si ce n’est qu’ici, Alias réussi à transcender son propre style, à y ajouter des touches free du plus bel effet. Une superbe découverte pour un artiste que nous trouvons véritablement génial et dont le premier album est prévu à l’automne. Autant vous dire qu’on l’attend avec une fébrilité incommensurable !

BONUS : MOGWAI

Même si le groupe a un peu perdu de sa superbe, on va pas se mentir, il reste l’un de nos groupes préférés. On ne résiste donc pas à l’envie de vous proposer son dernier clip, Boltfor (très beau qui plus est). Le titre a été enregistré pendant les sessions de As The Love Continues, le dixième album du combo écossais, donc il en possède un peu les mêmes caractéristiques. Mais, pour rien au monde, nous ne bouderions notre plaisir de partager ce morceau.

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