[VIDEO+EP] LAFRANGE, Nightmare/Everything’s fine

LaFrange nightmare Everything's fine

crédits photo : Quentin Pépion

Nouveau single de LaFrange

À l’heure où tout appelle à la densité, au remplissage, au « m’as-tu-vu ? », prendre le contrepied du mouvement global s’avère osé. Cela s’avère aussi payant car, quand il s’agit de Nightmare, nouveau single extrait de son EP Everything’s fine, la bulle d’intimité créée par LaFrange devient un refuge contre le vacarme assourdissant environnant.

LaFrange, c’est l’étrange patronyme derrière lequel se cache Zoé Seignouret. Son EP, paru en janvier reprend l’essence folk, c’est-à-dire formule simple, guitare+voix, mais en version dreampop. Ce style impose que la guitare acoustique soit remplacée ici par une électrique et que celle-ci soit auréolée d’un effet enveloppant, moelleux. Le cocon ainsi tissé se révèle confortable, accueillant, d’autant que la voix nous propose de pénétrer dans un ailleurs de douceur, de force qui n’impose rien.

Intimidés, nous entrons sur la pointe des pieds dans l’univers de LaFrange. Nous nous sentons invités à ne rien saccagés, simplement à écouter, à nous taire, à nous laisser bercer par ses histoires. Intimes, sensibles, elles réveillent chez nous ses sentiments diffus relatifs à un certain bonheur, quand bien même les moments vécus peuvent être douloureux (sur le cas de Nightmare, une rupture). Comme il convient d’être pudique, et le plus juste possible, nous dirons que ce bonheur est celui des petites choses, souvent invisibles à quiconque vit à 100 à l’heure, relatif à celui qui prend le temps de l’introspection, de tirer les choses au clair. Si la souffrance est présente, si la vulnérabilité nous paralyse, être conscient de « nous » apporte son lot de réponses. Ainsi, qu’il s’agisse du nouveau clip ou de l’EP, nous y respirons une sincérité à fleur de peau, une personnalité ayant déjà vécu tout son lot d’épreuves.

Tourbillon d’apaisement.

Ces épreuves ont façonné le cœur et l’âme de Lafrange. Mais cela ne ressort pas sur ce disque de façon négative. Il y a certes de la nostalgie, une forme de mélancolie légère, mais surtout un fort optimisme. Quand on se livre ainsi, sur un plateau aux teintes vintages/modernes, on se doit de la faire avec discernement, ce qui est ici le cas à tous les niveaux. Les clips (dont celui de Nightmare réalisé par Quentin Pépion) et la musique de LaFrange sont du même matériau. Pas de surenchère, nimbé de retenue paradoxalement brûlante. Le tout sert le propos et nous montre un esprit qui va de l’avant, même meurtris, même blessé, même titubant sous les assauts de la vie.

Parce que la chanteuse se raconte. Tout transparaît par la voix, par le choix des mélodies, des lignes de chant. Certains diront que l’ensemble manque de relief, qu’il manque l’explosif d’une batterie, mais là n’est pas le but recherché. Avec un tact infini, LaFrange s’expose sans ostentation, parle d’elle, de ce qui l’entoure, pour mieux parler de nous. Elle propose ainsi un voyage intimiste fort exempt de colère ou de pathos.

Comme dans les chansons folks d’antan, LaFrange propose un regard fait de silences. Il apparaît dans cette réverbération douce, laissant les mots filer, flotter un instant dans les airs par une grâce retrouvée, pour mieux s’incruster en nous, sans forcer. Et cette douceur, ce temps pris pour conter l’existence fait un bien fou, comme une parenthèse dans ce monde de dingues. Et ça vaut tout l’or du monde.

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