02-23 De Metawave à Samuele

Nouvelle sélection musicale du vendredi 13 janvier.

Une fois encore, l’émotion est de rigueur dans cette playlist 02-23. Elle s’exprime de 5 manières différentes, mais toutes de façon intime, pudique, mais aussi explosive. Vieilles connaissances ou nouveaux venus, l’excitation et la surprise s’imposent et nous font une nouvelle fois battre le cœur un peu plus vite.

METAWAVE, Sombra (live at Atabal) avec PHIL4

Rares sont les groupes à ne pas choisir la facilité et à nous proposer des univers artistiques forts et à contre-courant des modes. C’est le cas de Metawave qui propose un titre live à l’atmosphère angoissante, rappelant, dans son introduction, certains thèmes que ne renieraient pas les films d’épouvante. Augmenté par une performance visuelle de Phil4, qui associe une image sombre et claustrophobe à Sombra, ce titre live ne manque pourtant pas de nous séduire.

Il y parvient en partie grâce à ces petites incursions orientales des synthés, mais aussi par cette langue improbable qui dégage un charme fou (effectivement, il s’agit de portugais, là où nous aurions plus vu de l’anglais, voire une langue arabe). Jouant avec le clair-obscur, les éclairs de lumière trouant les ténèbres, musique et image se trouvent en totale adéquation et nous proposent une plongée vertigineuse dans la musique du duo.

Vous pourrez, si vous aimez être bousculés dans vos certitudes, retrouver Metawave en concert le 19 janvier au Space Junk à Bayonne.

Retrouvez les articles déjà consacrés à ce duo : album Means/end https://litzic.fr/chronique-musique/metawave-means-end et le titre Cloudbuster https://litzic.fr/playlist/playlist-21/

UBLOT, Ça va

Rock expérimental qui, dans sa besace, mélange musiques de l’est et métrique binaire du rock, avec une légère pointe d’électro, Ublot détonne avec Ça va, premier extrait de leur nouvel EP éponyme qui sortira le 3 février prochain. Le titre de ce premier extrait ne saute pas littéralement aux oreilles tant les teintes sombres investissent les fréquences de cette chanson qui ne manque pas de nous interroger sur ce que veut dire « Ça va ».

En effet, quand on nous pose la question, on répond presque systématiquement par la positive, même si notre état d’âme ne va pas forcément dans cette direction, réponse motivée par pudeur ou par crainte que ces fameux états d’âme n’intéressent finalement pas tant que ça la personne qui nous questionne. Bref, ce titre prenant, étonnant, ne manque pas de nous placer face au monde qui est le nôtre, face à nos attentes, face aux autres. Et Ublot d’imposer son style avec une farouche détermination et une poésie viscérale portée par un texte qui embrasse le monde entier en peu de mots. A suivre avec l’EP donc.

MARTIN LUMINET

C’est sûr, cet artiste ne manque jamais de nous émouvoir. Évidemment, cela passe par les mots dispensés avec délicatesse et poésie, mais aussi avec un spleen épais comme le goudron, mais cela passe également par ce choix de produire une musique à la fois minimaliste et au traitement sonore au diapason du fameux spleen évoqué un peu plus tôt. Le son est ramassé sur lui-même, en position fœtale, et colle à la peau du texte. Les deux forment un corps homogène, dégageant une insondable tristesse ainsi qu’une beauté lunaire.

Ce single est issu du premier album de Martin Luminet, Deuil(s), qui paraîtra le 17 février prochain. L’artiste nous avait déjà éblouie avec son premier EP, autant dire que cet opus, nous l’attendons avec impatience. À noter, ce clip a été entièrement réalisé, conçu et mis en scène par le musicien qui dévoile donc un pan entier de son univers artistique avec cette mise à nu de ces sentiments que nous évitons souvent d’exprimer avec autant de tact.

SHOEFITI

American Girld est un hymne à la beauté des femmes américaines. Ou pas. En fait, le propos qui ressort d’American Girld est celui de la représentation erronée de la Femme au sein d’une société capitaliste, et particulièrement au sein de la société nord-américaine. Alors ce titre, premier extrait du premier album de Shoefiti, City T Error, à sortir le 4 février prochain chez Le cèpe records, nous met indéniablement les sens en éveil. Avec son rock fortement teinté de post punk, le groupe, français (eh ouais) impose une patte très personnelle qui finit dans un déluge sonore que nous qualifierons simplement, et c’est un euphémisme, de jubilatoire (on aurait pu dire bandant, ça aurait fonctionné aussi).

La construction évolutive, passant d’une base minimaliste légèrement progressive à un déferlement d’énergie qu’on devine colérique au fur et à mesure des secondes qui défilent, s’impose en coup de poing qui nous coupe soudainement le souffle. American Girld gagne ainsi en présence, en puissance et nourrit la narration du groupe qu’on devine plus engagé que nous le soupçonnions de prime abord. Il nous tarde donc de découvrir l’album dans son intégralité afin de ressentir, une fois encore, ce frisson d’excitation et de surprise.

SAMUELE

Nous avions eu un coup de cœur pour Samuele à l’occasion de son précédent opus, l’excellent Les filles sages vont au paradis, les autres vont où elles veulent (chroniqué en son temps en d’autres lieux, mais on vous le conseille plus que chaudement). L’artiste revient après une remise en question et propose un nouveau titre, La machine, issu de son nouvel album, Une paillette dans l’engrenage, qui sortira le 17/02/2023 chez InTempo Music .

Là où son précédent opus oeuvrait dans un disque très rock, inspiré et surprenant, en français dans le texte et écorché dans l’âme, La machine nous montre un esprit un peu plus apaisé (depuis 2019, Samuele s’assume trans et non-binaire et, en paix avec lui-même, s’est lancé dans l’écriture de cet album avec l’envie de partager une énergie nouvelle), plus pop également, mais ne manquant jamais de pertinence à l’image de ce texte ciselé qui fait mouche par sa poésie et par ce qu’il dégage d’âme et de conscience. Et nous met forcément la puce à l’oreille. On vous reparle bientôt de Samuele qui décidément nous charme toujours autant.

Patrick Béguinel

soutenir litzic

Pour faire en sorte que litzic reste gratuit et puisse continuer à soutenir la culture

Ajoutez un commentaire