Une littérature en danger. Le mot du directeur de la collection L’Orpailleur.

Cri d’alarme : en danger !

On parle beaucoup du cinéma, du théâtre, de la musique comme des milieux fortement impactés par la crise que nous traversons tous. On parle très peu de la littérature. Alors oui, on a parlé des librairies qui n’étaient pas essentielles, c’est un fait, mais très peu de focus sur des petits éditeurs indépendants.
Ces éditeurs indépendants qui ne vendent que grâce au bouche à oreille, que grâce aux salons sur lesquels ils se rendent. Or, qui dit plus de salon, dit très très peu de revenus.
Ces « petits » éditeurs n’ont de petit que le nom. Car dans l’esprit, certains de ces petits sont des grands ! On pense notamment à L’Orpailleur qui propose des livres de QUALITE ! On le met en gros parce qu’aujourd’hui on parle chiffre de vente, on parle couverture médiatique, poudre aux yeux qui est censée prouver ce que des textes peinent à faire, c’est-à-dire à montrer une qualité d’écriture, une originalité , un parti pris portant haut et fort la BELLE LITTERATURE, c’est-à-dire, une littérature libre, forte, indépendante, qui ne remue pas ce que l’actualité brasse et qui fait vendre, et qui finalement n’a rien à voir avec de la littérature, mais juste un surf sur des courants plus ou moins racoleurs, plus ou moins puants. Aujourd’hui, L’Orpailleur est en danger (comme beaucoup d’autres, nous le concédons). Alors pourquoi parler de cette collection en particulier ? Parce que nous avons lu trois auteur.e.s de chez eux, Emma Yvrard avec Retourner les mondes, et David Fonseca et Nathalie Straseele. Ces deux derniers ont été auteur.e.s du mois sur litzic , avec leurs romans Faillir et Cellules pour le premier, Je t’avais dit : ne viens pas avant midi, au paradis pour la deuxième. Des oeuvres fortes, littérairement puissantes, qui plus est contenus dans des livres beaux à la vue et au toucher, et avec une éthique comme nous les aimons. Nous vous mettons ci-dessous le message du directeur de cette collection, Christophe Havot, qui nous parle des difficultés à exister, tout simplement, quand on a des exigences, quand on est VRAIMENT indépendant. A lire juste ci-dessous.


littérature en danger

Le printemps est bientôt là, mais la fin de la pandémie n’est apparemment pas pour demain. Dans ces conditions, les moyens d’existence de la maison d’édition az’art atelier, dont dépend la collection L’Orpailleur que j’ai le plaisir de diriger, sont sérieusement mis à mal et réduits.
Comme chaque année, nous recevons de nombreux manuscrits, d’auteurs déjà édités, d’auteurs déjà refusés et de nouveaux auteurs.
Notez que ce pluriel masculin inclut bien évidemment nombre d’auteures femmes.
Comme chaque année, nous sélectionnons, en toute subjectivité, les œuvres que nous aimerions éditer.
Mais contrairement aux années précédentes, il ne nous est pas possible de rencontrer le public, de présenter les auteur(e)s aux lecteurs/lectrices, en l’absence de salons et d’événements littéraires.
Az’art atelier a fait le choix de ne pas faire appel à un distributeur, afin de rester proche à la fois de ses auteurs et de ses lecteurs. Nos livres sont présents dans quelques rares librairies, mais il ne nous paraît pas opportun qu’ils soient noyés dans la masse, rangés sur des étagères (très rarement des présentoirs) d’où personne n’aura l’envie de les extirper, car nos auteurs ne sont pas médiatisés, ils ne bénéficient pas de promotion autre que le bouche à oreille et n’atteignent donc pas une notoriété que pourtant ils mériteraient parfois (quand bien même ils ne la recherchent pas).
Nos ventes ont donc sérieusement chuté et nos recettes depuis près d’un an ne nous permettent pas de financer tous les livres que nous souhaiterions faire émerger.
Nous ne souhaitons pas éditer pour éditer et conserver des livres dans des cartons en attendant qu’ils puissent être présentés, toutefois nous avons déjà des livres quasiment prêts et qui ne demandent qu’à paraître.
Si, comme nous, vous avez envie que ces livres existent, n’hésitez pas à nous soutenir en visitant nos sites, en découvrant de nouveaux auteurs singuliers, des livres uniques et en passant commande directement auprès de az’art atelier et de L’Orpailleur. Les auteurs que nous pourrons, grâce à vous, éditer cette année vous en seront reconnaissants.

Nous comprenons, et nous savons, que la situation est difficile pour la majorité de la population mondiale et nous n’oserions pas prétendre que notre activité est absolument fondamentale. La lecture reste un passe-temps dont tout le monde n’a pas le luxe, elle peut aider ici ou là, mais ne saurait être considérée comme un besoin vital. Cependant, nous continuons à nous investir du mieux que nous pouvons et nous espérons bien pouvoir vous proposer prochainement quelques nouvelles pépites, dans des genres fort différents.
Merci encore pour votre intérêt et votre curiosité, plus que jamais votre soutien nous est précieux, n’hésitez pas à relayer.

Meilleures salutations.

Christophe Havot / L’Orpailleur

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