NATHALIE STRASEELE, Je t’avais dit : ne viens pas avant midi…

Je t’avais dit : ne viens pas avant midi au paradis, de Nathalie Straseele, paru aux éditions de L’Orpailleur.

Le deuil est un thème souvent exploité par les auteurs. Pourtant, rares sont ceux qui nous ont autant touché par leur force, par leur sincérité et surtout par leur écriture. Dans Je t’avais dit : ne viens pas avant midi, au paradis, Nathalie Straseele révèle la beauté et la souffrance de ceux qui restent.

Il convient tout d’abord de dire que ce livre est très intime pour l’autrice. Elle l’a écrit suite à la mort rapide et brutale de son propre frère.Alors qu’elle prend quelques jours de repos, elle est subitement prise par le besoin d’écrire, sur son frère, sur ce qui les unissait, sur ce qu’elle ressent précisément à ce moment là. Elle se saisit d’un carnet, de son stylo, se met à écrire. Non pas évidemment avec le désir conscient, ni même inconscient, de voir un jour ses écrits publiés, mais plutôt comme une catharsis, une manière de laisser derrière elle une douleur qui paraît insurmontable.

D’un jet.

Et tout viendra comme ça, d’un jet. Un flux de souvenirs jaillit et l’oblige à révéler des moments passés qui, dès lors, prennent une saveur particulière. Leur force est intacte, ils guident la plume de Nathalie Straseele qui nous dévoile alors, avec une véritable pudeur, ces sentiments forts qui unissent un frère et une sœur.

Nous disons pudiques car il n’y a rien là de pathos, de larmoyant. Cela aurait pu, aisément, le devenir, d’autant que ces écrits devaient rester « confidentiels », comme le sont les écrits d’un carnet intime. Elle aurait pu s’épancher comme le font beaucoup, mais elle ne l’a pas fait. Et ce roman devient une sorte de lettre, écrite à son frère, comme une lettre d’adieu, comme pour lui dire au revoir. Alors son texte se pare de poésie, d’amour, de colère, d’émois, et c’est un personnage vibrant, vivant qui lui répond par-delà des textes qu’il avait écrit de son vivant.

Ces écrits ponctuent parfois des passages forts de sentiments, d’autres fois forts de souvenirs. Ils mettent en interaction deux « personnages » que les années ont certes un peu éloignés, physiquement, mais qui restent proches, intimement. Cette mort vient rompre cette relation, ce livre lui sert de continuité, comme pour dire à la brutalité de ce décès qu’il ne détruit finalement rien du tout.

Un style personnel.

Plus que le fond de ce livre, c’est la forme qui nous touche. En optant pour une écriture parfois heurtée, faite de répétitions, de circonvolutions, Nathalie Straseele va au plus proche de l’émotion. La poésie est également très présente, non pas pour arrondir les angles de la douleur qui est la sienne, mais pour, une nouvelle fois exprimer par des couleurs, par des musiques, par des rythmes, une expression des émotions souvent mise à mal par, justement, le manque de mots.

L’effet obtenu nous plonge dans le tourbillon de sentiments, une exaltation des sens, un tumulte d’impressions qui nous bousculent, nous caressent, nous portent vers la compréhension d’un thème qui parfois nous échappe. Car, si Nathalie Straseele dévoile ici son ressenti personnel, c’est bien le côté universel qui ressort. Il n’est pas là question de « race », de sexe, de religion, il est question simplement d’humanité.

Chant de vie.

Car oui, la mort, nous y sommes tous confrontés, un jour ou l’autre. Le deuil, le processus de reconstruction qui nous permet, finalement, de continuer à exister, est un exercice bien particulier, dépendant de croyances qui nous sont propres. Mais dans Je t’avais dit : ne viens pas avant midi, au paradis, c’est bien le simple fait de perdre un proche qui est mis en lumière, autant du chagrin que de la joie d’avoir partagé avec lui des moments forts, privilégiés.

Définitivement, c’est ce qui ressort avec force de la lecture de Je t’avais dit : ne viens pas avant midi, au paradis : ce défunt, ce frère, cet homme est terriblement vivant. Bien évidemment, il l’est dans les souvenirs de l’autrice, mais, et ce même si nous ne l’avons pas connus, il fait aujourd’hui, avec cette lecture profondément immersive et touchante, partie de notre existence.

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Autre livre pau chez L’Orpailleur : Retourner les mondes d’Emma Yvrard

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