Herman Dune aux Indisciplinées.
Les Indisciplinées, Lorient (56) Samedi 05/11/2022.
J’aime le samedi (et pas seulement quand je vois Herman Dune aux Indisciplinées). C’est le début du week-end et généralement une journée d’activité. C’est ce que se dit le petit David, ce 5 Novembre, où se dessine une belle journée ensoleillée. Ses parents lui ont dit : « aujourd’hui, c’est poney et piscine ! ». Il y a pire comme programme non ? En arrivant au haras d’Hennebont, en ce début d’après-midi, David et sa sœur Marie se disent qu’ils vont passer des bons moments avec leurs parents. Passé le portail en fer forgé et la grande allée centrale, le petit David rentre dans la salle et découvre émerveillé un petit manège en partie centrale.
Les sièges en cuir rouge de l’hémicycle sont attirants et David s’y installe rapidement avec sa famille. Attention à se protéger les oreilles, lui rappelle un adulte qui semble connaître les lieux. David et Marie sont impatients. Le tableau exposé de la cavalière en robe rouge sur son cheval blanc conduit les enfants à imaginer le spectacle équestre qu’ils pensent découvrir. C’est curieux tout de même se dit Marie, il y a plusieurs enfants mais surtout des adultes au spectacle aujourd’hui. C’est d’ailleurs complet.
Herman Dune en chair et en os.
15h30 Le cavalier rentre en piste sur une musique de trompettes médiévales ! Incroyable il n’est pas venu avec son poney ! Mais qui est ce grand Monsieur arborant une barbe brune, des cheveux bouclés cachés sous une jolie casquette bleue jean ?
HERMAN DUNE lui dit son papa.
Mais c’est qui ?
Ecoute et laisse-toi porter.
Sur une petite table, le Monsieur ouvre un cahier et lit la première ligne de l’histoire qu’il va nous conter. C’est parti, Herman accorde sa guitare, s’équipe d’un harmonica « walk-man », souffle les premières notes et entonne les premiers mots du titre « PS I Could Have Done Great Things ».
La voix est claire, elle vibre ou « grésille » légèrement dans les aigües. Le Monsieur chante, dans un anglais « so US », une chanson Folk qui sent bon l’Amérique. Le décor est planté même si on ne comprend pas cette langue.
Première prise de parole, en français ! ce Monsieur est un magicien, se dit le petit David, persuadé que le chanteur était américain, il maîtrise la langue de Molière !
Herman explique qu’il devait venir en poney, mais que ce dernier n’a pas voulu.
Intimiste.
C’est une comptine animalière se dit l’enfant en écoutant le 2nd morceau « Black Dog ». C’est plus une ballade blues romantique ou les intonations du chanteur laissent supposer une histoire d’amour sous-jacente. Ce Monsieur est un poète, se disent la petite Marie et sa maman sous le charme déjà du grand Monsieur.
Herman, lui ne se laisse pas distraire, il se désaltère dans un verre à pied d’une bière noire « Guinness » et revient jouer sous cette lumière tamisée une suite de chansons intimistes. Les instruments acoustiques s’adaptent au répertoire : guitare, ukulélé, mandoline et sont maîtrisés parfaitement. Il y a toujours un peu de magie à voir avec quelle facilité le musicien extrait de l’instrument ces notes successives qui ensemble se mettent « d’accord » et deviennent harmonieuses.
Il est temps pour le papa du petit garçon de donner quelques détails sur le parcours du grand Monsieur qui se cache derrière ce nom de scène Herman Dune.
Un point commun le prénom, il s’appelle DAVID de son vrai nom IVAR. Il est d’abord chanteur de « Folk, de Blues ». Sa musique n’étant pas là plus diffusée au début des années 2000, il a pris les choses en main et a créé une scène « au Pop In à Paris ». Car Oui il est Français !
Un peu d’histoire.
David a commencé Herman Düne avec son frère André (Stanley Brinks) qui l’accompagnait à la guitare et Omé à la batterie jusqu’en 2006. Il collabore ensuite avec Néman (Zombie Zombie) jusqu’en 2011. Installé depuis 2015 à San Pedro, en Californie, il compose plusieurs albums avec son groupe de Los Angeles (Kyle McNeill, Maesa Pullman, Lewis Pullman) et des musiques de films sur son propre label « Santa Cruz Records » : Sweet Thursday 2016, Santa Cruz Gold 2018 et Notes From Vinegar Hill en 2020
Sous son nouveau nom d’artiste, Herman Dune confirme qu’il est magicien puisqu’il a fait disparaître son tréma, sans perdre son talent, bien au contraire.
En tournée.
En 2022 est sorti un nouvel album. Un florilège acoustique intitulée THE PORTABLE HERMAN DUNE, où il dépouille 22 ans de chanson en toute intimité. La guitare et la voix sont centrales, accompagnées de mandoline, de violon, et d’invitées exceptionnelles : Julie Doiron, Kimya Dawson, Caitlin Rose et Mayon. Cette après-midi il est venu seul, mais très vite il est accompagné des larges sourires de la centaine de spectateurs qui se sentent privilégiés d’être ici.
« Est-ce qu’il y a des personnes qui vont voir les 2 shows ? euh les 2 concerts ? 4,5 ? Pour les chanceux je vous montre un truc, regardez bien, vous avez vu ?».
Marie et David ont aperçu de face les 4 chats qui sont dessinés sur le beau tee-shirt bleu d’Herman, qui venait de soulever sa veste tout en souriant. Chouette une surprise ?
2 shows.
« Je n’ai pas compté combien de personnes vont voir le 2nd concert, plusieurs à priori. Rassurez-vous, j’aurais peut-être la même tête mais je ne vais pas faire le même show. Désolé pour l’absence du poney, peut-être qu’au sous-marin (2nd spectacle attendue au bloc K3 de Lorient) j’aurai un dauphin ? »
Génial ce dit le petit garçon c’est un spectacle comique. Ce gars n’est pas un clown mais il me fait bien rire. Et tu sais fiston, lui dit son papa, On a beaucoup de chances Herman n’a pas tourné en spectacle en Europe depuis 2015. 7 ans, ton âge !
Mais pourquoi ça ?
Tu ne vas pas me croire, non seulement Herman, euh David Ivar est musicien, mais en plus il est dessinateur, peintre, sculpteur et expose régulièrement à Los Angeles (Galerie La Luz De Jesus, Small World Books).
Mais c’est « Super David, euh Herman? »
Multi-talents
Et pour définitivement te rendre admiratif, sache qu’il publie quotidiennement une bande dessinée sur Internet sous le nom de Yayathon Man, son propre avatar, accompagné de sa compagne et de leurs trois chats.
La petite Marie a les yeux qui brillent. Ah ! C’est ça les petites poupées et figurines de super Herman que j’ai aperçu au merchandising tout à l’heure. Tu peux m’en acheter une !
Avec tout ça on oublierait presque le concert et l’enchaînement de titres qui font voyager et rendent les gens heureux. 11 titres dont certaines plus connues que d’autres « I Wish That I Could See You Soon” ou une chanson comme « Hope » pour laquelle Herman évoquera une ressemblance entre des vaisseaux extraterrestre et les lustres ovalisés de la belle salle dans laquelle nous nous tenons. Normal que sous cette casquette et dans ce petit manège, l’imagination et la créativité de l’artiste galope.
Ca déroule avec finesse.
« N’ayez pas peur je ne suis pas Orson Welles !», nous rassure l’artiste qui ne prévoit pas « la guerre des mondes ».
C’est plus la paix qui berce cette fin de show, intimiste, à l’émotion collective. La voix entremêlée de sifflements, retrouvera encore l’harmonica pour finir 45 minutes de régal entre le noir de 2 corbeaux « Two crowns » et le bleu violet de l’arrière-scène « Crazy Blue ».
Entre musique folk, country, guitare parfois andalouse, on peut dire que le magicien Herman à bien fait voyager le petit David et sa sœur Marie. Tant pis pour le poney, on fera du dada un autre Samedi!
Je les vois repartir en cette fin de spectacle et me demande si je vais les retrouver au second concert de l’artiste avec son dauphin. Je m’attarde un petit peu après le show au merchandising, ou en toute décontraction, le grand David – Ivar se prête au jeu des autographes et des selfies. J’ai la chance de pouvoir échanger quelques mots et d’obtenir moi aussi une signature en forme de chat. Miaou ! son charisme est encore plus frappant dans ces moments-là. Je ne suis pas le seul à le penser !
2é manche !
Attention à ne pas se laisser trop distraire tout de même, Il y a un 2nd concert à couvrir et si les beaux enfants David et Marie ne sont pas là, je vais devoir m’exprimer à la première personne.
Direction la base de sous-marins en face de la cité de la voile au bloc K3 à Lorient. Merci aux organisateurs de ce super festival Les IndisciplinEes pour cette seconde mi-temps.
Le vent s’est levé et on peut même dire que ça caille ! On entre par une petite porte dans ce bunker survivant d’une autre époque. Il y a plus de monde, il faut dire que c’est grand. « Gardez la veste » me prévient un adulte organisé qui semble bien connaître le lieu. Mais on est ou exactement ? Un repaire de sous-marinier ? Une boîte de nuit (de jour vu qu’il est 17h30) type Indus et dépouillée de presque tout. Dans son jus ! Pour un concert acoustique sans électricité ça s’y prête. Il y a le minimum tout de même, un enrouleur électrique, des prises sur bloc, là encore une petite scène et cet éclairage à l’ampoule grillagée. Protection sommaire mais propice à un jeu d’ombres et de lumières qui sous ce béton se révèle vraiment.
De « vieilles » connaissances.
Très vite je retrouve le petit David et sa sœur Marie. Cette fois ils sont assis et ne semblent plus attendre une hypothétique ouverture de piscine, ni la rencontre avec un dauphin. Ils ont bien compris la ruse de leurs parents ! Les loisirs aujourd’hui c’est musique et puis c’est tout ! Alors Ok il y a le bassin avec de l’eau tout prêt, mais tout de même, comme pour la salle, ce n’est pas chauffé !
Tiens au loin j’entends les trompettes médiévales qui sonnent et annoncent l’arrivée du chevalier Herman. Le voilà, une nouvelle fois souriant. Manquerait plus qu’il nous chante la même chose ! Mais non il l’a dit : 2 shows, 2 ambiances. Seul point commun la qualité de la prestation.
10/10 on lui met et en plus il y aura un rappel. 45 minutes de voix portée, à peine reposée de la précédente setlist. Alors elle finit par s’étirer, s’érailler un peu. On a presque envie de lui prêter une écharpe.
Jusqu’au bout de la blague.
Au contraire le bonhomme va se découvrir et terminer « sa blague » du 1er show. Tel Batman (le lieu lui inspirant un épisode du célèbre homme chauve-souris), il retire sa veste, laissant apparaître furtivement l’ombre de 2 ailes et nos 4 chats pépères de face. Herman se retourne et les 4 félins nous présentent leurs postérieurs !! Voilà la blague est faite et fait bien rire ce public nouvellement conquis (même ceux qui n’avaient pas eu le début de l’histoire !).
Herman entonnera son titre préféré dans cette set-liste « My Home Is Nowhere Without You » et plusieurs morceaux très beaux, dont « Why Would That Hurt? (If You Never Loved Me) ou “Good for no one” à vous faire hérisser le poil (de chat) sur les bras. Voilà le concert est terminé, une photo de la précieuse Set-lits est prise, un vinyle dédicacé acheté et nous voilà parti.
Des souvenirs.
Le petit David ; du haut de ces 7 ans à croisé le Grand aujourd’hui. J’espère que comme moi, il pourra dire j’y étais et j’ai pris une grosse claque !
On lui souhaite, bien entendu, des câlins, plus que cette forme figurée de « claque » et je suis certain qu’avec sa sœur Marie, après une telle journée, ils poseront la question suivante à leurs parents :
Est-ce que ce soir Herman dine à la maison ?
Fabrice et l’Oreille Classée
Depuis mon adolescence j’écoute de la musique. Mes gouts ont évolué au gré de mon acné mais se sont très rapidement orientés vers un Rock plutôt sombre, au premier abord, mais toujours lumineux une fois qu’on a parcouru le chemin de la mélodie. Des CURE aux SMITHS en passant par NEW ORDER, cela vous donne un indice sur mon âge et de mon terrain de jeu de prédilection. Derrière cette coquetterie, se cache une vraie passion.
Depuis toujours : j’ai l’oreille curieuse et tendance à classer les choses. Un TOC ? Non ! une exigence vis-à-vis d’un art majeur et ce d’autant quand il s’exprime en Live.
Fabrice et l’oreille classée est une page musicale que j’ai créé il y a 2 ans. A travers mes chroniques je cherche à faire connaître à un maximum de personnes cette musique, qui me remplit l’esprit et me fortifie le cœur. Je ne suis pas nostalgique d’un passé révolu mais tourné vers le moment présent, avec un œil dans le rétroviseur de temps en temps, tout de même.
Le live est un moment intemporel, il révèle (ou pas) l’artiste.
Je vis l’expérience de la scène généralement après une écoute approfondie des albums du groupe. Maîtriser son sujet, en restant d’abord dans le contrôle et se laisser ensuite balayer par l’émotion individuelle puis collective. De vrais moments de communion que j’aime ressentir et retranscrire en toute humilité dans les live report. Une petite histoire, à l’écoute des spectateurs et au service de la musique. Sérieux le garçon !
Concentré, certes, mais toujours disponible pour parler musique autour d’une bonne bière entre 2 concerts.
Rejoindre la page Facebook de Fabrice et L’Oreille Classée.
Lire un autre live report de Fabrice : Laura Wild, au Barbe
Pour faire en sorte que litzic reste gratuit et puisse continuer à soutenir la culture
Nous retrouver sur FB, instagram, twitter