MATTHIEU DAVETTE La quête de la pudeur

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crédit photo : Nicolas Tourrenc

La quête de la pudeur, récit par Matthieu Davette

C’est l’histoire de Martin, qui revient du néant qu’était devenu sa vie. Il a repris pied, par sa propre volonté, grâce à son pote Jacques. Devenu comptable, il s’en sort bien. Il décide pourtant de prendre des vacances, comme ça, du jour au lendemain. L’annonce auprès de sa hiérarchie passe mal, mais il obtient cette trêve. Trêve qui le conduira à sa perte.

Ce récit de Matthieu Davette a été rédigé avant le roman que nous avons chroniqué il y a peu (Innocence prioritaire, chronique à lire ICI). La plume de notre auteur du mois y était déjà affûtée, plus incisive (sans doute dû au format nouvelle), plus noire (ou du moins désespérée). L’impact est fort et nous laisse comme un goût de cendre dans la bouche.

Évolution de la plume de l’auteur

Bien que cette nouvelle ne soit pas publiée, elle nous permet de découvrir l’évolution de Matthieu Davette. La constante, qui est également visible/lisible via les courts textes que nous avons publiés avec son aimable autorisation (que vous pouvez retrouver ICI, ICI, ICI et ), vient de ce ton à la fois détaché et paradoxalement proche de ses personnages.

Nous ne pénétrons jamais véritablement dans leur vie, tout comme nous n’entrons jamais véritablement dans la vie de nos amis. Il demeure toujours cette interrogation sur qui sont-ils ? Que veulent-ils ? Certains personnages de roman, ou de nouvelles, ne nous amènent pas à ce genre de questionnement, soit parce que nous nous en sentons éloignés, soit parce que l’intérêt réside plus dans ce qu’ils vivent au moment où nous déchiffrons les phrases plutôt que de ce qui les a conduit dans de telles situations.

Son identité

Matthieu Davette possède cet art du concret, de rendre ces personnages humains (même si tous comportent d’innombrables zones obscures). La proximité entre sa plume et nos intimités amicales est forte, comme si aucune distance ne nous séparait, comme si, confiants, nous ne construisions aucune barricades de façon à limiter leur intrusion dans nos vies.

Ce récit, relativement tragique (enfin le doute plane et c’est tant mieux), correspond également aux thèmes souvent abordés par l’auteur (qui en parle dans son interview à lire ICI), à savoir des personnages en rédemption après des passages à vide.

La plume de cette nouvelle est plus que correcte. Elle n’atteint pas la pertinence de son roman Innocence prioritaire, mais nous ressentons déjà sa fluidité, son côté entrainant (qui nous donne envie de connaître la fin avant d’en avoir lu les deux derniers tiers). Si ce n’étaient deux ou trois coquilles bénignes, cette nouvelle noire trouverait parfaitement sa place dans un recueil.

Quoi qu’il en soit, Matthieu Davette nous démontre que son univers est solide, cohérent, personnel et en ce sens contient tous les éléments nécessaires à tout bon auteur se respectant.

Ce qu’est, assurément, notre auteur du mois d’avril !

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