[ nouvelles ] YANN RICORDEL-HEALY, Les bras armés et autres textes

Recueil de trois nouvelles de Yann Ricordel-Healy, Les bras armés et autres textes en autoédition.

Pour vous faire une idée de ce recueil Les Bras Armés et autres textes, vous devez absolument relire la nouvelle Le démon de la singularité que nous avons publié en ces pages (voir en bas d’article), avec l’aimable autorisation de Yann Ricordel-Healy. Mais même en lisant ce texte, vous ne serez que partiellement dans le thème de ce recueil qui, pour nous, évoque la résistance, ou du moins une certaine idée de celle-ci.

Proche de la poésie.

Pour nous, les 3 nouvelles de ce recueil auto-édité sont relativement proches de la poésie. Une poésie en prose, engagée, dont le corps et l’âme de leur auteur sont projetés avec la force des convictions que tout n’est pas joué d’avance. Bon, tout cela n’est pas très clair. Reprenons depuis le début.

Le premier texte, Les bras armés (publié initialement dans la revue Créatures n°4, en 2015), nous prend en spectateur de l’apogée des Bras Armés, une entité supérieure dont la chute, la déchéance de fin de règne nous fait inexorablement penser à l’extinction des dinosaures (ou autres partis politiques ayant un jour eu le pouvoir et se retrouvant aujourd’hui aux oubliettes de l’action publique). Vanité, toute-puissance, aveuglement sont ici exposés, en quelques lignes, jusqu’à cette fin où, combattant la médiocrité, ces bras armés s’y retrouvent confrontés de l’aveu même de leur faiblesse.

Abusant de leur pouvoir, reniant leur origine, ils se retrouvent oubliés de tous, sans aucune prise autre que sur celle de leur propre existence. Ils ont récolté le(s) fruit(s) de leur(s) outrage(s), et c’est tant mieux, en quelque sorte, car vaincus ils en paraissent (presque) humains. Ce texte énumère différents travers de l’humanité, ces péchés, dont celui d’orgueil, qui conduisent le plus souvent les hommes à leur perte. Ici, la fin n’est guère plus enthousiaste, contrairement au texte qui décuple sa force au fil de sa narration.

Un œil sur le futur.

Le deuxième texte, L’Oeil futur, se veut proche d’une certaine science-fiction, mais dégage la même intensité incandescente. Il s’agit, comme pour Les bras armés, d’une énumération, reprenant certains gimmicks comme pour mieux nous persuader de sa puissance. En fait, les mots de Yann Ricordel-Healy font mouche, nous amènent à une forme de réflexion sur ces instances qui nous dirigent, et celles-ci ne sont pas forcément politiques ou étatiques. Il s’agit presque d’une histoire à la 1984, chef d’oeuvre absolu de Georges Orwell, une histoire ou la surveillance ne suffit pas à tuer tout ce que l’être humain revendique de liberté, d’amour.

Ce texte libère lu aussi une puissance narrative forte, puissante, viscérale, nous portant aux abords d’une rébellion. La résistance semble être le mot d’ordre de ce recueil que vient achever Le démon de la singularité. Ce texte est également pour nous une résistance à l’ordre établi, à ses instances toutes personnelles qui entravent notre mieux-être. Le personnage se débarrasse ici de son accoutrement pour se retrouver totalement libre de ses mouvements, et ainsi retrouve sa liberté fondamentale. Plus que de simples vêtements, il s’agit de ces murs qui nous enferment dans des diktats qui ne sont pas en phase avec notre idée de ce que devrait être la vie. Il peut tout aussi bien s’agir d’un travail débilitant que de timidité, que de simples vêtements, comme un uniforme porté sans conviction, de tous ces éléments qui nous empêchent d’être qui nous sommes au fond de nous.

Puissant.

L’écriture de Yann Ricordel-Healy est une nouvelle fois tranchante, singulière, pleine d’une force insoupçonnée, de celle que nous trouvons trop rarement dans les textes d’aujourd’hui, surfant sur des thèmes prémâchés prédigérés. Ces textes sont dangereux, donc salvateurs, car il nous mette face à nous-même, réveillent ses démons qui, finalement, n’en sont peut-être pas tant que ça ? Il s’agirait plutôt de ces fragments de nous que nous taisons pour rentrer dans le moule de la société alors qu’il ne demande qu’à exister, qu’a s’exprimer, pour le meilleur de nous.
Vous l’aurez compris, Yann Ricordel-Healy parle à l’être humain, le vrai, qui sommeille en nous. Et ça, ce n’est pas anodin.

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Retrouvez le portrait de Yann Ricordel-Healy

Retrouvez la chronique de Le risque et autres textes ICI

Retrouver la nouvelle Le démon de la singularité ICI.

Retrouver la chronique Extraplat, le pop art américain et l’idéologie ICI.

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