[ NOUVELLES ] Yann Ricordel-Healy, Le risque et autres textes.

Recueil de nouvelles de notre auteur du mois Yann Ricordel-Healy, Le risque et autres textes parut aux Éditions Créatures.

Après le portrait de Yann Ricordel-Healy et la découverte de sa nouvelle Le démon de la singularité, plongeons-nous, avant l’interview qui suivra dans quelques jours, sur son travail d’auteur. Commençons avec son recueil de nouvelles Le risque et autres textes. Et voyons ce que cet auteur a dans le bide.

Folie ordinaire, solitude.

Nous parlons de façon un peu familière en disant « voyons ce que cet auteur a dans le bide ». Ce n’est pas anodin. En effet, l’écriture de Yann nous fait l’effet de venir de quelque part de sombre, de chaud, d’humide, bref d’un endroit ressemblant à s’y méprendre à des viscères ou autres abats. Cela se ressent dans l’écriture, dès les premières lignes, et ne nous quitte pas véritablement tant le poison qui se déverse dans notre cerveau et dans nos veines nous ronge petit à petit.

L’écriture de Yann Ricordel-Healy ne laisse pas indemne. D’une part, parce que le vocabulaire y est riche, recherché, fouillé, comme pour réussir à mettre des mots sur l’indicible. Qu’il s’agisse d’un sentiment, d’un ressenti, d’une description dont le mécanisme d’élaboration n’est que le fruit d’un esprit malade, chaque mot à son importance, son poids, son image propre. C’est d’autant plus vrai dans la première nouvelle, le risque, où la folie rôde, tapie derrière le masque de la normalité d’existences brisées, mais cela se ressent sur l’ensemble des 5 textes.

Les rouages intimes.

Cette exploration des rouages intimes de tout un chacun est une véritable plongée en apnée dans ce que l’esprit a de corps. Nous allons essayer de nous expliquer sur cette idée. Les pensés des différents narrateurs sont exposées sans artifices, comme si un médecin farfelu ou frappadingue avait réussi à les extraire du cortex cérébral et à les étaler sur la table en inox d’une morgue aseptisée. Une fois étalées, et privées de corps, ses pensées rencontrent les nôtres, nous plaçant sur un pied d’égalité, de fraternité également.

Car il est évident que de tels propos ne peuvent que trouver une résonance particulière en tout être humain. Le deuil y est exposé sans apparat, dans sa nudité la plus pure, mais avec cette certitude qu’il fait partie du lot de tous. Le chagrin d’avoir perdu un fils et tous les repères affectifs et sensibles qui vont avec, la solitude, l’endoctrinement qu’elle peut susciter chez un être faible, qui ne rêve tout simplement que d’être quelqu’un de normal. Chaque texte porte ses vérités fondamentales de ce qui caractérise l’humain, du moins dans certains de ses versants les plus sombres. À chaque fois pourtant, la sensibilité y est épurée mais vibrante, comme chargée d’un courant électrique qui nous ramènerait à la vie, que nous le voulions ou pas.

Pas drôle.

Ici, il n’y a rien de drôle, de marrant, dans Le risque et autres textes, juste un regard acéré sur ce qui se passe en chacun de nous. Yann Ricordel-Healy s’y prend de façon diaboliquement efficace pour générer chez nous des réactions de rejet, de dégoût, mais également de cette fascination morbide qui parfois nous fait tourner la tête pour zyeuter la scène irréelle d’un accident de voiture, avec toujours cet « espoir » de voir du sang, mais en refusant évidemment de se l’avouer.

Avec Le risque et autres textes, Yann Ricordel-Healy regarde les choses en face et les assume. Sans esbrouffe, sans levier facile, il nous attrape par le col de la chemise et nous met la tête dans nos dérives, dans nos tourments, ou tout simplement face à la vérité de la vie. Que ce soit drôle ou pas n’a pas d’importance. Ce qui en a, en revanche, c’est qu’ici rien n’est faux. Et c’est simplement parfait.

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Retrouvez le portrait de Yann Ricordel-Healy

Retrouver la nouvelle Le démon de la singularité ICI.
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