JEANNE MALYSA, Blanche (nouvelle/poésie)

jeanne malysa au service des mots

crédit photo : Caroline Hache

Un petit goût de la plume de notre autrice du mois.

Comme il est de coutume, nous vous dévoilons un texte écrit de la main de notre autrice du mois, Jeanne Malysa. Blanche est un texte surprenant, poétique, à notre goût. Nous y retrouvons des caractéristiques que nous aurons le plaisir de vous dévoiler très prochainement, mais en attendant, faites-vous une idée par vous-même de cette qualité d’écriture, à la fois raffinée et sulfureuse (même si ce texte, pour tout vous avouer, est moins sulfureux que l’autre texte fourni par l’autrice et que nous aurions pu vous présenter. Peut-être le ferons-nous cela dit, avec son accord évidemment). Mais bref, passons, nous vous faisons languir, aussi taisons-nous, pour votre plus grand plaisir.

Blanche

Dans la rue, nous allons au gré du temps
Moi pendu à son bras, fier comme un bar-tabac
Les autres nous regardent, l’œil effaré, le front plissé
Je m’en moque, je m’en fiche, je me contrefous
De ce qu’ils gambergent, je suis heureux et voilà tout.

Que voulez-vous, les gens : de la bienséance ?
De la bien-pensance et du « marche droit fiston » ?
Que nenni, pas question ! Mon cœur et mon corps
N’’écoutent que leurs envies. Les deux ont été pris dans les filets
De Blanche.

Ma dame Blanche aux rides rieuses,
Aux lèvres d’un rose fané, aux mains parsemées
De taches brunes, aux ongles longs et griffus
Qui laissent des traces rouges et sanguinolentes
Sur ma peau qui appelle sans cesse et toujours
Ses doigts sadiques, impudiques et curieux
Jour et nuit. Nuit et jour, du matin de l’aube à l’aurore du soir
Depuis que nous nous sommes croisés et embrasés
Lors d’un moment de notre vie.
La sienne bien avancée
La mienne à peine éclose.

Je n’étais qu’aux balbutiements de cette chose
Foutrement chaude et tordue
Que l’on appelle la petite mort.
J’ai succombé sous sa bouche, succube, vertigineuse
Mante religieuse, nonne perverse,
Amante experte, roulure adorée
Ses cheveux, un peu rêches et blancs, fouettaient ma verge
Qui pleurait d’amour et de besoins.
Blanche me l’a aimée jusqu’à ce que je devienne
Un ver de terre rampant sous elle, implorant, innocent et crachant
Des mots sales, des adjectifs de viande crue, des verbes hauts en couleur
Elle m’a pris, en long et en travers, sur les draps froissés
Et enfin, le feu d’artifice sur ses fesses, le « wouah » dans ses bras,
Le nirvana en veux-tu en voilà, l’éden dans mes veines.

Je serai encore vert lorsqu’elle volera avec le vent.
Alors carpe diem et amen.
Sans blague !

Le texte « Blanche » est publiée avec l’aimable autorisation de Jeanne Malysa.
©Jeanne Malysa – tous droits réservés, reproduction interdite.

Plus d’infos

En découvrir davantage sur Jeanne Malysa, sur ses romans/recueils de nouvelles en vous rendant sur le site des éditions Ex Aequo

Relire l’interview de Jeanne Malysa, directrice de collection.

Découvrir la collection Alcôve et la collection Vibrato

soutenir litzic

Nous retrouver sur FB, instagram, twitter

Ajoutez un commentaire