[ ROMAN ] ISABELLE TEMPLER, Meurtrissures, une vie…

Meurtrissures, roman d’Isabelle Templer aux Éditions Les Éditions du désir

Ce roman porte bien son nom. Meurtrissures, ces blessures que nous portons en nous et qui sont autant de cicatrices qui ne se referment jamais complètement, mais avec lesquelles nous avons appris à vivre. En choisissant de traiter celles-ci par le biais d’une écriture poétique, Isabelle Templer exacerbe nos sens et nos ressentis. Et fait que nous nous accaparons de cette vie comme s’il s’agissait de la nôtre.

Une narratrice brisée.

La narratrice de Meurtrissures est blessée, brisée dans sa chair, dans son âme, dès l’entame de ce roman. Ses plaies sont, comme toutes plaies, douloureuses, vives, criantes. Elles habitent autant son corps que sa psyché, elles guident ses pensées, l’empêchent d’avancer. Pourtant, elle n’a d’autres choix, malgré ce postulat de départ, que de le faire, d’adopter ses blessures, les faire siennes, les accepter, même si elles laissent des traces indélébiles.

Au fur et à mesure des pages que nous tournons, nous voyons une femme se réveiller, puis s’éveiller. Le papillon sort petit à petit de sa chrysalide, non s’en avoir combattu ses démons et prévoyant les combats à venir. Même si ceux-ci s’avèrent totalement aléatoires dans une existence, donc par nature imprévisible. Chat échaudé dit-on…

Un roman poétique.

La forme de Meurtrissures est plutôt originale. Nous dirions qu’il s’agit en quelque sorte d’un recueil de nouvelles poétiques qui, mises bout à bout, en respectant la chronologie de l’existence de la narratrice, compose un roman. Chaque chapitre est court, dévoile un pan de la vie de l’héroïne, une fille puis femme comme tant d’autres (même si ces meurtrissures, fort heureusement, ne sont pas celles de toutes les femmes).

La forme utilisée ici permet de dire les choses sans les nommer, d’en gommer les aspects les plus glauques pour, au contraire, renforcer leur pouvoir dans notre imaginaire. C’est-à-dire que l’évocation d’actes physiques ou psychologiques est ici atténuée pour renforcer au contraire son impact sur la vie de la narratrice et les conséquences qui en découlent.

Une progression lente vers le bonheur.

Chaque étape ici franchie permet à la narratrice de s’élever en toute conscience. Sur ses gardes, elle n’en continue pas moins d’avancer, quitte à subir d’autres coups du sort. Ceux-ci lui forgent un caractère, un recul lui permettant, petit à petit, de les surmonter avec plus d’agilité. La personne « faible » du début gagne en force, en épaisseur et nous démontre que même si les dés sont pipés à la base, rien n’empêche de saisir cet état de fait pour en tirer profit.

La désespérance du début, ou du moins ce constat d’insécurité, de peur, d’inéluctabilité d’un destin qu’elle n’a pas choisi devient petit à petit une force. Et ce que nous présumions comme un livre noir devient au final un livre lumineux, un livre qui nourrit, qui donne de la force et qui, surtout, véhicule un espoir fou, un espoir qui dit que malgré toutes les épreuves, malgré toutes les douleurs, nous pouvons tous aspirer au bonheur. Il suffit juste d’avoir le courage d’affronter ses peurs et de combattre ses fantômes.

Un roman optimiste.

Meurtrissures s’avère donc, contre toute attente, être un roman optimiste. C’est une bouffée d’air pur qui devrait être mise dans toutes les mains, surtout dans celles de ces personnes pensant que nos blessures forgent notre destin, tracent notre route, et qu’il est impossible d’intervenir sur l’horizon qui se propose à nous.

Foncièrement optimiste malgré le postulat de départ plutôt désespéré, nous montre tout le talent d’Isabelle Templer. Une langue magnifique, qui laisse la part belle à nos interprétations, un portrait de femme qui pourrait être transposé à quiconque sont autant d’éléments positifs qui font de ce roman un livre plein de vie. Et qui, d’une vie particulière devient un livre sur la vie, en général. Et ce côté universel nous démontre que nous sommes bel et bien en présence d’une autrice consciente du monde qui l’entoure.

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Relire le portrait subjectif d’Isabelle Templer

Relire la nouvelle Nostalgies (première et deuxième partie)

 

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