[POESIE] HEPTANES FRAXION, Errer me muscle
Errer me muscle, recueil de poésie d’Heptanes Fraxion (Gros texte).
Si errer me muscle, attendre, contempler, boxer me font quoi ? Avec son recueil Errer me muscle, Heptanes Fraxion délivre uppercuts et crochets du droit, espoirs et désespoirs, beautés et laideurs dans des gants de velours et chaussures de sécurité au bout coqué d’acier. La plume se fait foreuse d’idées préconçues et nous terrasse par leur justesse.
Nous avions déjà eu vent de la langue que manie Heptanes Fraxion. Elle est verte, jamais bouchonnée, puissante en bouche et en pensée. Verte car, comme le vin de la même couleur, elle pique, racle le fond de la gorge, fait tousser. Jamais bouchonnée parce qu’elle n’a pas ce manque de saveur des lettres aseptisées, sans relief, sans corps, sans esprit. Puissante en bouche car elle danse, s’émancipe des principes castrateurs du « il faut faire comme-ci, il faut faire comme ça, il faut respecter le caractère académique d’une poésie chiante comme la mort, ou comme la vie va savoir » pour exploser à la fois (au foie?) les codes et la bien pensance nauséabonde de « ceux qui savent » (mais qui n’y entravent que dalle). Et en pensée parce que la poutre qui trône dans notre œil disparaît dès qu’on voit la paille dans celui d’Heptane Fraxion.
Du bitume et de la gnôle.
La poésie d’Heptane Fraxion ne s’explique pas, elle se lit, elle se vit et se ressent. Nous aurions beau vous dire que ci que ça, nous serions toujours à mille lieux de la puissance de certaines punchlines. Comme certains rappeurs, pas de pacotille, Heptane Fraxion claque de phrases absolument pas définitives puisqu’elles nous ouvrent les yeux, les écoutilles, les chakras. Dans Errer me muscle, ce sont nos propres errances qui nous pètent à la tronche, comme un paquet explosif incontrôlable, incontournable. Prendre le taureau par la queue, il n’y a que ça qui vaille.
Nous nous y retrouvons. Et nous le sentions depuis longtemps (on suit Heptanes Fraxion depuis un moment, nous vous l’avons déjà dit) et ses mots/maux résonnent avec les nôtres (de maux, parce que nos mots paraissent bien fadasses, à la vérité, face aux siens). Mais bref, amour, relation à autrui, espèce humaine en ligne de mire, le sniper n’a pas d’état d’âme, ou en a finalement trop. Ça déborde de partout, comme des chiottes bouchées, sans pourtant que ça pue. Car les ordures sont parfois propres sur elles. Heptanes Fraxion en est-il une ? Assurément non. Ou assurément oui. Quelle importance, il est dans le juste et ça remue, parce que la justesse fait peur, comme la vérité.
Un recueil musclé.
Alors forcément, on pourrait parler de combat, de boxe, comme le montre le « survivor » de l’illustration du recueil. Oeil du tigre, l’acuité du regard porté par Heptane Fraxion sur le monde est sans appel. Il fait partie d’un underground qui nous paraît avoir tout bon, de ses fondements à ses tours de contrôle. Et si errer me muscle, il faut que ce soit fait à bon escient.
Se muscler l’esprit, arrêter de buller et de gober tout cru les couleuvres qu’on veut nous faire avaler, sous prétexte que c’est comme ça. Regarder le monde en face, yeux dans les yeux, se regarder sans ciller, oser remuer la boue comme pour mieux renaître. C’est la sensibilité qui nous écrase, qui nous terrasse, qui, finalement, nous fait prendre conscience que nous ne sommes pas totalement morts en dedans.
Que dire de plus ? Ouais, que dire de plus…
Extraits d’Errer me muscle.
Textos.
…
Et maintenant on veut être seuls
et maintenant on veut être ensemble
et maintenant c’est la même chose
un peu vieille et un peu neuve
…
Procrastination
C’est trop
on dirait que tout le monde par en voyage en ce moment
Emma est à l’océan je sais plus trop lequel
mon père décolle pour la Jamaïque
et Steph me téléphone de Montréal
tout le monde part en voyage mais pas moi
du moins ça se voit pas
idem quand je saigne d’ailleurs
mais je ne me plains pas
…
Un article avec Heptanes Fraxion dedans ? Son duo électro poésie Fraxion Cassan
