CARTOGRAPHIE MESSYL, Fractale…
…et j’ai le ventre rond de toutes ces enfances (parution le 15/12 chez Sans Crispation éditions)
Fractale – et j’ai le ventre rond de toutes ces enfances – est un iceberg. De l’iceberg, nous ne voyons que la partie émergée, mais nous savons tous que la partie immergée est la plus importante. Fractale est cette partie immergée, celle qui correspond à ce que nous cachons au plus profond de nous. Cartographie Messyl, avec ce recueil, fait ressurgir à l’air libre ce qui d’ordinaire est caché. Et forcément, ça envoie du lourd.
Ce qui ne se voit pas souvent ne se dit pas, ne s’écrit pas. Mais lorsque l’impérieux besoin se fait ressentir, de vider sa substance interne, comme on vomît le trop plein d’alcool, de douleur, de peur, il n’y a d’autre choix que de se saisir de la plume, et d’y aller, franco. Ainsi, c’est le cri qui vient nous percuter les tympans, silencieusement car l’écrit adoucit les angles saillants, mais pas le contenu des maux qu’il renferme.
Une narration.
L’écrit parlé de Fractale possède un caractère pressé, autant que précieux. Il bouillonne derrière la bouche fermée, derrière les paupières closes, derrière les oreilles hermétiques, mais il faut bien un jour respirer, voir, entendre, pour comprendre, pour exister, peut-être même pour (re)naître. Comme le premier cri que nous poussons tous à la première aspiration de cet air brulant, tout sauf amniotique, tout sauf liquide, Fractale fait mal. Mais ce mal est nécessaire pour faire du bien, pour aller vers nos révélations intimes.
La langue est heurtée, elle part dans des directions impossibles, multidirectionnelles, car une fois les vannes ouvertes, le débit est intarissable, sauvage, impétueux. Il dit la souffrance les espoirs les constats les rêves et peut-être même tout à la fois. Il ne fait pas bon s’y heurter, il faut l’accueillir, le contenir dans la sphère de nos bras, sur le rond de notre poitrine ou de notre ventre, lui faire un havre de chaleur. En aucun cas il ne faut le rejeter, car cela équivaudrait à repousser l’humanité qu’il renferme.
Des images.
S’exprimer par des images, laisser le choix des interprétations. Se saisir de l’abstrait, le faire sien, le faire concret. C’est vrai, nous nous laissons submerger par un kaléidoscope multicolore, dans des camaïeux plutôt foncés, des fragments éclatés d’images chargées de symboliques fortes. La linéarité n’existe pas obligatoirement, il s’agit plus de collages d’émotions, de ressentis, de vécu(s), d’histoire(s). Pourtant la cohérence réside dans le langage, poétique et punk, carné et aquatique, voire aérien.
Déracinés, tout s’enroule autour de l’axe du moi, mais pas ce moi égotique, un moi pluriel, un moi qui veut dire toi. Il parle de nous, de vous, de tout ce qui nous entoure, à l’intérieur, à l’extérieur, manifestation du subconscient, de l’inconscient, du collectif et de l’individuel. Car qui mieux que l’individu parlant de lui-même peut toucher la sphère de l’universel ? Quand la manœuvre est bien réalisée, elle permet de toucher à des fondamentaux, des fractions d’âme. La poétesse et le lecteur, la lectrice, entrent en communication muette, indirecte, mais réelle, palpable, tangible. Les histoires ne se ressemblent pas, jamais, mais leurs résultantes si.
Coup de poing.
Coup de poing ou coup de point ? Ce point que nous imaginerions final, comme pour faire taire les maux, n’existe finalement pas. Il libère d’autres pensées, d’autres illusions, d’autres mirages, mais a quand même permis de vider un sac gros comme ça de jachères putrescibles, déjà pétrifiées dans un passé qui n’existe plus pour tout autre que l’autrice. Pourtant ses fondations qui pouvaient plomber trouvent un allègement, certainement, une forme de mieux-être, celui des mots libérateurs.
La poésie de Cartographie Messyl n’est pas reposante, elle implique le lecteur, éveille ses sens, indique un danger à éviter, à contourner. Cette poésie nous montre le courage, non pas celui héroïque que tous applaudissent, mais cette farouche volonté d’aller de l’avant, de ne pas succomber à la facilité. Combat de vie, cri d’espoir, cadavre du passé enfin détaché de soi, Fractale – et j’ai le ventre rond de toutes ces enfances – est un mouvement volontaire vers des nouveaux possibles. La part immergée est désormais émergée, a perdu de son volume invisible. Ce qui est désormais visible est plus facilement contournable, évitable, ou tout simplement viable.
Plus d’infos :
Retrouver Cartographie Messyl sur fb
Relire son portrait.
découvrir un extrait de Fractale ? Rain
Vous pouvez la retrouver dans différents « lieux » :
– Les Impromptus Tome III
– L’air de rien ( le 1)
– Cabaret HS Tour de France 2021
Anthologies sous son nom Cécile Bellan :
– Voix de femmes ( poésie contemporaine du monde / femmes – Plimay)
– Voix des Iles ( édition des Iles, par l’associaton Les Indociles) – ok en 2020 mais sortie en 2021
– Nouvelles ( Sans crispations éditions)
et encore d’autres participations :
– Que voulais- je te dire? ( éditions Mots Nomades- concours Poids Plume / livre pauvre 2020)
– Collaboration avec Insolo ( dessin) création d ‘un poézine : Gangrene du 2.1 siècle (2021)
– Résidence d’artiste à la Ferme du Buisson ( scène nationale 77) puis lecture au Festival quartier du livre de mon Opus – D’eux seul le craquement de la neige (2021)
– Création poétique sonore Cartographie d’un monde sensible ( février 2018) avec Jerome Picard ( univers sonore )