BENJAMIN FOGEL, L’écriture dans les veines (interview)

benjamin fogel l' écriture dans les veinesFin de l’interview consacrée à Benjamin Fogel.

Le silence selon Manon et La transparence selon Irina font partie d’une trilogie, il était logique que notre interview se décompose en trois parties. Découvrez la dernière d’entre elles sans plus tarder. On y évoque encore un peu le dernier roman de notre auteur du mois et on évoque aussi l’après. Et une conclusion nous saute aux yeux, celle qui nous fait penser que Benjamin Fogel a l’écriture dans les veines.

L’interview

Litzic : La place de l’entourage est donc très importante pour toi lors de l’écriture d’un livre, comme elle peut l’être pour les personnages de Simon et Yvan, toujours cette proximité fiction/réalité ?

Benjamin Fogel : Quand je crée des personnages, une des premières choses à laquelle je pense, c’est : ont-ils une famille, qui sont leurs amis ? Les personnages, comme les personnes, se définissent par qui ils fréquentent, par le tissu social qu’ils ont su créer ou non. C’est essentiel pour moi de reproduire cet aspect de la réalité dans la fiction.

L : Un petit truc m’a titillé sur tes romans. La plupart de tes personnages sont abordés à la troisième du singulier, sauf un (Simon dans Le silence selon Manon, Camille dans La transparence selon Irina). Pourquoi ce choix ?

Benjamin Fogel : J’aime que chaque roman soit porté par une voix. Pour Le Silence selon Manon, il me fallait utiliser le « je » pour exprimer au mieux la souffrance causée par les acouphènes. Pour moi, c’est aussi le personnage central, celui autour duquel tout gravite. Pour La Transparence selon Irina, c’est un peu différent. C’est un roman sur Camille, personnage qui ne comprend pas le monde qui l’entoure, qui subit toute sorte de manipulation, tout en pensant contrôler son environnement. Camille est un être dual, un pied dans le monde virtuel, un pied dans le monde réel. Il fallait que l’on découvre le monde par son regard.

L : Pour terminer sur cette société qui est la nôtre, celle de la communication à outrance, il est bon de revenir un peu sur Manon. Sourde, elle tient pourtant des propos très justes sur la communication . A l’heure ou beaucoup de personnes brassent du vide, ou les polémiques les plus ridicules font parfois surface, quelle place est encore accordée au silence selon toi ?

Benjamin Fogel : Ça pourrait être le sujet d’un essai à part entière. Le silence s’oppose au bruit, mais en même temps il en est un allié, dans le sens où prendre un temps pour le silence, c’est créer un espace pour réfléchir, tempérer et affiner ses prises de paroles. Il y a beaucoup de formes de silence différentes dans le roman : le silence, c’est aussi bien le mensonge, qu’une interprétation du réel, qu’un remède.

L : Comment te sens-tu lorsque tu termines l’écriture d’un roman ? Cela te laisse-t-il vide ou empli d’une énergie nouvelle ? Comment penses-tu tu que te sentiras quand tu auras mené à son terme ta trilogie ?

Benjamin Fogel : J’ai du mal à voir le point final d’un roman comme la fin de quelque chose. Pour moi, l’écriture est un flux continu. J’essaye de garder le rythme. Quand je termine un projet, j’enchaîne sur un autre, comme s’il s’agissait d’un nouveau chapitre du précédent.

L : Le troisième épisode de celle-ci, sans essayer d’en dévoiler trop, il se passera à quelle époque ? Sera-t-il une fin, une transition (si jamais tu souhaites ne rien dire, je comprendrais)

Benjamin Fogel : Le troisième tome reprendra l’histoire quelques semaines après les événements de La Transparence selon Irina. On y retrouvera tous les personnages des deux tomes précédents. Manon, Yvan et Sébastien Mille seront de la partie.

L : Nous allons quitter le monde du silence selon Manon pour faire un petit crochet vers Playlist Society que tu as co-fondé. Des actus arrivent bientôt, notamment un essai sur Oasis. Peux tu en dévoiler un peu plus pour les lecteurs de Litzic. De quoi parlera-t-il ? Qui l’a écrit ?

Benjamin Fogel : Il s’intitule Oasis ou la revanche des ploucs, et il est écrit par les journalistes Nico Prat et Benjamin Durant. On y découvre comment Oasis est le groupe qui a le mieux incarné les évolutions politiques de l’Angleterre, lors du passage de Margaret Thatcher à Tony Blair. C’est un livre plein de vie, qui montre l’importance de la musique et la manière dont elle raconte l’Histoire. Il sortira en librairie le 20 mai.

L : D’ailleurs, pour tous les essais de ta maison d’édition, comment choisissez-vous vos auteurs ?

Benjamin Fogel : C’est un processus compliqué parce que nous recevons beaucoup de manuscrits pour le peu de livres que nous sortons par an. Du coup, il faut faire des choix drastiques. On se focalise sur les textes ou projets les plus aboutis, ceux qui correspondent le plus à notre ligne éditoriale, et dont les sujets nous semblent faire sens, raconter quelque chose du monde, de la pop culture ou de l’histoire artistique. On sélectionne aussi beaucoup les auteurs et autrices, en fonction de leur état d’esprit. On essaye de ne signer que des gens avec qui on aurait envie d’être amis.

L : Questions d’une difficulté incroyable. Si tu ne devais en citer qu’un :

Benjamin Fogel : Un roman : Absalon, Absalon ! de William Faulkner

Un film : Bullet Ballet de Shin’ya Tsukamoto

Un disque : Kid A de Radiohead

une œuvre d’art ou artiste : Otto Dix

L : Hormis cette parution de Plalist Society, qu’est-ce qui t’attend dans les prochains jours, semaines, mois ?

Benjamin Fogel : Plein de chouettes projets avec Playlist Society, dont un livre sur l’apocalypse dans les séries américaines. La sortie du nouveau numéro de la revue 813 où j’ai dirigé un dossier sur le polar dystopique. Et surtout, un projet dont je ne peux pas encore parler, mais où je signerai ma première BD, en tant que scénariste.

Relire le portrait subjectif de Benjamin Fogel

Relire quelques lignes de Le silence selon Manon

Relire la chronique de Le silence selon Manon

Relire la première partie de l’interview ainsi que la deuxième

Visiter Playlist society (dont Benjamin Fogel est le co-fondateur)

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