[ FANZINE ] Constats amers sur UN DEMI-SIÈCLE DE MERDE.

Un demi-siècle de merde, fanzine de nouvelles collectives.

Avant toutes choses, sachez que vous pouvez vous procurer (et nous vous y engageons fortement) ce fanzine en écrivant à cette adresse mail : konsstrukt@hotmail.com. Trois exemplaires, minimum, vous seront envoyés. Libre à vous d’en demander plus et des les partager à toutes les personnes qu’il vous plaira. Mais au fait, c’est quoi Un demi-siècle de merde ?

Fanzine de nouvelles/textes courts/poésies collectives.

Ce fanzine est pour son instigateur, à savoir Christophe Siébert, son chant d’adieu au genre (voir l’interview que l’auteur nous a accordé ICI). Pour l’occasion, il convie des auteurs amis à s’exprimer sur leur demi-siècle d’existence. Le résultat oscille entre désillusion et incompréhension d’un monde qui ne tourne plus vraiment rond, depuis longtemps.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, nous devons noter que la cohérence globale d’Un demi siècle de merde tient méchamment la route, malgré la diversité des plumes ici présentes. Néanmoins, nous sentons, pour tous ces auteurs et autrices, cette idée d’en découdre avec ses pensées noires, de cette uniformisation des pensées, semblable à celle d’un capitalisme rampant qui annihilerait toute différence (ce qui est le cas, non?). Dans Un demi-siècle de merde, peu de place à l’espoir, à la lumière, le constat est noir, amer. Et forcément, nous fait réfléchir, tout en entrant en résonance avec notre propre existence.

Poésie, textes courts, nouvelles.

Tous les formats sont ici mis à l’honneur. La poésie noire, maculée de merde de Jérôme Bertin ouvre le bal. Matins comme nazis entrouvre une porte sur des matins sans perspectives, non pas mélancoliques mais clairement dépressifs. Aucun espoir, pourtant le rythme nous saisit, nous plonge dans des entrailles sanguinolentes de réveils sans goût de vivre, ayant pour seule destinations la mort. Se lever reviendrait à sauter dans un train pour Auschwitz.

Gilles Laffay nous délivre deux textes courts, percutant, l’un sous forme de fait-divers (Une petite pipe), l’autre sous forme d’épitaphe (Fait-Divers). Les deux sont effectivement noirs (et c’est un euphémisme). Une petite pipe relate une exécution en simple et due forme, lynchage par une foule haineuse, et du silence assourdissant de ceux qui ont vu. Le second relate le fait-divers d’un homme pris de folie, qui dézingue toute sa famille, des voisins, avant de s’achever lui-même. Constat clinique dans les deux cas, presque journalistique, si ce n’est les images qui naissent instantanément dans nos esprits et écarte ces histoires des brèves de journaux. Les mots frappent fort, très fort.

Autre texte court, Exode funèbre d’Immanuw’el Rosen. Dans celui-ci, une forme de poésie désespérée court les lignes, comme pour amoindrir la dureté d’une existence, d’une solitude, d’une maladie. Le constat est une nouvelle fois sans espoir, tous condamnés, alors pourquoi ne pas prendre les devants, devancer le jugement final, comme pour un ultime pied-de-nez en forme de panache grenat ?

Nouvelles.

Parmi les nouvelles, nous retrouvons celle de Christophe Siébert, en forme d’introduction à son roman sur le point de paraître, à savoir Images de la fin du monde (tome 1 du cycle des Chroniques de Mertvecgorod) qui sortira chez Au diable vauvert dans un peu moins de 15 jours. Si vous voulez savoir à quoi vous attendre pour ce dernier, n’hésitez pas à commander le fanzine. Petit spoiler : nous croyons que ce bouquin fera des putains d’étincelles ! Bienvenue à Mertvecgorod quoi qu’il en soit !

Schizoïde de Pascal Dandois nous plonge dans la psyché d’un paraplégique schizophrène (selon doctissimo, enfin presque hein…) attendant la mort et se remémorant à quel point la vie est une chienne. La plume est lourde, du genre plombante, mais imparable. Elle nous prend directement aux tripes, impossible de résister à l’idée de dévorer cette page d’introspection mélancolique à l’extrême.

Génération cadavre de Sébastien Gayraud possède aussi une plume fulgurante. Elle revient sur ce simple constat du « retournage » de veste et du manque de consistance de chaque être humain. Il nous met en prise direct avec cette voie à sens unique qu’est la société telle que nous la connaissons, une course effrénée au fric, ou la morale et l’éthique disparaissent à coup de slogans nauséabonds.

Enfin, Encéphalogramme plat de Marlène Tissot nous interroge sur les choix de vie que nous faisons tous, à un moment donné. Nous obstiner à aller à contre-courant, suivre le flux, essayer de vivre dans la norme tout en étant hors norme etc… Cette nouvelle nous bouge un peu plus, personnellement parlant, car la voie que nous avons choisi d’emprunter n’est pas des plus simples, qu’elle ne permettra sans doute jamais de vivre confortablement. Mais au moins, nous avons notre conscience pour nous.

Un demi-siècle de merde.

Ce fanzine est une source d’émotions contrastées, violentes car ancrées dans une réalité qui ne semble qu’accélérer sa décrépitude. Nous y lisons nos doutes, nos peurs, nos espoirs contrariés par une société qui semble avoir perdu tout sens moral, combien même chaque être humain la composant semble de plus en plus conscient de cela. Mais l’accepte. Refuse le combat. Parce qu’entravé par les crédits, par la peur de perdre un confort qui n’est en fait qu’une prison dorée.

Nous vous engageons vivement à découvrir ces histoires, ce fanzine, et surtout ces auteurs et autrices au talent indéniable. Et puis, c’est un beau fanzine, maquetté par Luna Beretta, dont la mise en page à dû être cause de tirages de cheveux incoercibles. Bref, foncez, la vie est brève (et merdique mais ça vous le saviez déjà).

un demi-siècle de merde

 

Retrouvez les articles consacré à Christophe Siébert dans notre dossier ICI

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